Halte au mépris! Nous sommes des citoyennes et des citoyens laïcs

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La fin des stéréotypes !

Certes, il est bon d’essayer de parler à la communauté musulmane et de l’inviter à participer à la politique et à la gestion de la cité. Oui, s’approcher des citoyens est souhaitable dans une démocratie, mais le faire de cette façon en bafouant le principe de séparation entre la religion et la politique est une chose gravissime qui témoigne, à notre sens, beaucoup plus de l’opportunisme politique que d’un intérêt sincère à l’égard de cette communauté. Ce comportement nous explique pourquoi les défenseurs de la laïcité ouverte accordent une très grande importance pour le communautarisme confessionnel inhérent au multiculturalisme.
Par ailleurs, le comportement de la candidate sous-entend deux jugements stéréotypés et méprisants. Le premier est que cette candidate pense que les musulmans ne sont pas des citoyens, ils sont des croyants seulement, donc par pragmatisme politique, il faut communiquer avec eux par la religion seulement et dans leur contexte naturel et le choix de la mosquée n’est pas fortuit qui, selon elle, est l’endroit idéal pour ce genre de discours ; car, à partir de l’histoire de son pays, elle fait une projection estimant que la mosquée est comme l’église, elle est le centre du contrôle de la communauté musulmane et tout se décide à l’intérieur de celle-ci.
Le deuxième stéréotype repose sur un regard essentialiste à la culture musulmane en la représentant figée et hors histoire, car pour cette candidate les musulmans ne sont pas capables d’être des citoyens et ils n’aspirent pas à le devenir, leurs espaces quotidiens naturels sont les lieux sacrés seulement. C’est dans cette perspective que cette candidate s’est dit qu’il est de son devoir, parce qu’elle est citoyenne, d’aller vers cette communauté de croyants et de leur parler, certes de la politique, mais dans un contexte religieux, c’est-à-dire dans le milieu naturel des musulmans et cela dans le but de les inciter à voter pour elle, ce qui est légitime pour une femme politique , mais aussi afin de leur dire qu’elle respecte leurs conditions culturelles et qu’elle s’engage à ce que l’on continue à les traiter comme des croyants et non pas comme des citoyens.
Cette attitude est dictée par des préjugés et des stéréotypes qui renvoient à un orientalisme primaire qui représente les «Arabes» et les musulmans en général comme des êtres religieux n’agissant que par des motivations religieuses, c’est pour cette raison cette candidate a jugé que le meilleur moyen pour les séduire est de valoriser cet aspect religieux de leur personnalité. Or, ce que cette candidate oublie ou néglige consciemment est que la majorité des membres de cette communauté est tannée d’être identifiée par la religion.
La question que cette attitude soulève est la suivante : quand est-ce que ces politiciens se débarrasseront de leur discours archaïque et surtout méprisant sur les immigrants dits musulmans?
Nous pensons que l’intégration citoyenne est un chemin long et plein d’obstacles, mais nécessaire. Certes, aujourd’hui avec le multiculturalisme, la laïcité ouverte et l’intégrisme islamiste, il semble que se débarrasser de ces stéréotypes est un travail de longue halène qui doit se faire de l’intérieur de la communauté mais aussi de l’extérieur, c’est-à-dire à partir de la société d’accueil et de l’état. C’est dans ce sens qu’une charte sur la laïcité, à notre avis, est nécessaire pour déclencher le processus d’intégration citoyenne.


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