Gare à la mutinerie

Québec 2007 - Résultats et conséquences



Jusqu’à lundi, l’ADQ était une petite PME. Depuis lundi soir, elle est une grande entreprise qui vise tout le marché québécois. Problèmes de croissance en vue.
Jusqu’à lundi, le PQ était l’opposition officielle avec un nouveau chef et un programme articulé. Depuis lundi soir, le PQ est un navire sans port d’attache évident, en quête d’un nouveau capitaine et d’une nouvelle feuille de route. Danger de mutinerie chez les matelots.
Jusqu’à lundi, le PLQ était un parti riche, discipliné, et doté d’une équipe de grande expérience. Depuis lundi soir, il vole sur son erre d’aller comme un avion en panne d’essence, à la recherche d’une piste d’atterrissage. Bouclez vos ceintures !
La secousse sismique que les Québécois ont servie à leurs partis politiques, lundi soir, n’est pas terminée. D’autres ondes de choc sont à venir. Mais n’ayez crainte dans l’immédiat, l’Assemblée nationale n’a rien de commun avec l’hôtel de ville de Québec. On n’y verra pas d’esclandes spectaculaires comme celles que nous offre la mairesse. Les politiciens sont épuisés, et ils savent que les Québécois ne toléreraient pas un nouvel appel aux urnes dans un avenir rapproché. André Boisclair, Mario Dumont et Jean Charest vont collaborer, le temps de panser les plaies, de se réorganiser, et de laisser passer les élections fédérales. Tout le monde aura beaucoup à faire, surtout l’ADQ.
Les élus de Mario Dumont sont euphoriques depuis lundi soir. Ils auront une véritable équipe parlementaire, des budgets de recherche, du personnel politique, et beaucoup de visibilité. Certains députés se voient déjà ministres dans un prochain gouvernement, mais attention ! Mario Dumont excelle dans les débats parlementaires, mais il lui faudra maintenant céder la parole aux critiques de son cabinet fantôme. Ils ne brilleront pas tous par leur expérience et leur jugement. L’ADQ ne sera plus le parti d’un seul homme.
Mario Dumont a encore en mémoire les graves problèmes de croissance de son parti à l’automne 2002, lorsque les sondages le destinaient au pouvoir. Il en aura plein les bras s’il désire éviter les erreurs de parcours.
André Boisclair et Jean Charest ont tour à tour clamé hier leur intention de rester en poste. On ne doute pas de leur intention, mais ils ne seront pas seuls à décider. La possibilité bien réelle que l’ADQ forme le gouvernement aux élections suivantes forcera les libéraux et les péquistes à se demander très sérieusement si MM. Charest et Boisclair sont les meilleurs candidats pour stopper Dumont. Les grandes remises en question qui s’annoncent occuperont beaucoup les chefs de ces partis, leurs lieutenants, et leurs critiques. Les ondes de choc à venir toucheront bien plus la vie interne des partis, que les débats à l’Assemblée nationale.
En fait, la prochaine étape déterminante de ce grand chambardement politique sera le sort réservé au Bloc québécois aux prochaines élections fédérales. Une victoire ou un revers des bloquistes enverra un signal déterminant pour l’avenir du mouvement souverainiste.
En attendant, s’il est une chose que les péquistes ne pourront plus faire dans leur analyse du vote, c’est pointer le vote ethnique et l’argent. Ce sont les francophones qui ont appuyé Mario Dumont, et c’est une ADQ endettée qui leur a ravi l’opposition officielle à l’Assemblée nationale.
Et s’il est une chose dont les libéraux devront s’abstenir, c’est de miser sur la menace référendaire pour maintenir leurs appuis chez les fédéralistes. Les politiciens d’Ottawa et les milieux financiers de Montréal ont déjà compris que le PLQ n’a plus le monopole sur l’unité canadienne.


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