G20 - Et la crise?

G-20 - juin 2010 - le discours oligarchique


Les ministres des Finances du G20 qui se rencontraient cette fin de semaine en Corée du Sud s'entendent pour responsabiliser les banques lors d'une crise comme celle de 2008. Mais une fois que l'on a dit cela, qu'est-ce que l'on fait pour sortir le monde de la torpeur où il s'enlise depuis deux ans?
On a surtout retenu de la rencontre des ministres des Finances à Busan, en Corée du Sud, que le Canada et les pays émergents avaient réussi à faire échec à la proposition d'une taxe bancaire défendue par le FMI, les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et quelques autres pays européens. Il s'agit en effet d'une victoire inattendue de ceux, majoritaires, qui ne croyaient pas aux vertus d'une telle taxe pour prévenir une autre crise du système financier.
Il faut dire que sans la participation de tous les pays, sans exception, une telle mesure imposée à une industrie aussi mobile que la finance était vouée à l'échec. D'autant plus que certains pays comme la France avaient déjà décidé que l'argent recueilli ne serait pas déposé dans un compte destiné au sauvetage des banques, mais qu'il irait au fonds consolidé pour équilibrer les comptes publics du pays. Ce qui n'est pas un mal en soi, bien sûr, mais qui ne corrige en rien les règles du monde bancaire à l'origine de la crise du crédit.
Resserrer la réglementation du système financier international était d'ailleurs l'un des enjeux de cette séance de travail qui précédait de quelques semaines le sommet du G20 de Toronto, lui-même étant un préambule à la rencontre encore plus importante qui aura lieu l'automne prochain, en Corée. Or, outre le fait que l'on a rejeté la fameuse taxe faute de consensus, on n'a pas beaucoup avancé pour le reste, de sorte qu'il faudra mettre les bouchées doubles d'ici deux semaines pour s'entendre sur des mesures concrètes, telle la hausse des réserves de capitaux auxquelles les banques devraient se soumettre pour éviter une crise de liquidité en cas de rupture des marchés.
L'autre enjeu majeur peu discuté malgré l'urgence est celui du choix à faire dès maintenant entre continuer de soutenir la reprise et calmer les marchés effrayés par le risque de défaut de paiement des pays les plus endettés comme la Grèce, le Portugal et maintenant la Hongrie. Alors que certains, comme l'Allemagne et le Canada, font pression pour que l'on accorde la priorité à l'équilibre budgétaire, d'autres, comme les États-Unis, craignent de faire les frais d'une trop grande rigueur budgétaire en Europe et en Asie. Si les nations les plus endettées peuvent difficilement contribuer à la relance, en revanche l'Allemagne, les pays nordiques et la plupart des pays émergents dont l'endettement est raisonnable auraient tort de se satisfaire d'équilibrer les livres dans un monde qui a encore bien besoin de stimulation pour retrouver son élan.
Dans ce concert cacophonique, le Canada fait figure d'élève trop parfait qui, malgré sa farouche opposition aux mesures interventionnistes du genre de la taxe bancaire, soutient tout de même l'idée d'une coordination des plans nationaux au sein du FMI. Ce qui déplaît à la fois à la Chine et aux États-Unis qui refusent de se soumettre au jugement des autres.
Maintenant que l'on a mis de côté la proposition la plus spectaculaire, sans être la plus efficace, d'une taxe à l'échelle de la planète, peut-être trouvera-t-on le temps de parler des mesures vraiment susceptibles de corriger quelques-unes des failles les plus criantes d'un système qui menace toujours de s'écrouler comme un jeu de dominos.


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