Femmes de pouvoir

On disait le PQ difficile à comprendre, le voilà dirigé par des femmes. Il n'a certainement pas fini de nous décontenancer. Nous n'avions rien vu. Pour l'instant, il faut qu'il revienne sur terre et abandonne cette idée d'élections précipitées au début de juillet. Il pourrait en payer un prix très élevé.

Sortie de crise

Jean Charest a vite compris ce qu'impliquait de gouverner avec un statut de minoritaire à l'Assemblée nationale. Le Parti québécois par contre n'a rien retiré des leçons que la population a voulu lui donner le 26 mars. Une faction de plus en plus large pense posible de se retrouver au pouvoir dans quelques semaines, avec Pauline Marois.
Le PQ n'a obtenu que 28% des votes et il occupe 36 sièges sur 125. Il est le troisième parti dans le choix des Québécois. Ceux-ci n'ont pas seulement écarté André Boisclair lors des dernières élections. Ils ont dit au Parti québécois qu'ils en avaient assez de sa «référendite obsessionnelle», de ses relations incestueuses avec les organisaations syndicales qui le manipulaient et de l'interventionnisme à tout crin qu'il prêchait.
Il ne suffit pas que Pauline Marois ait ordonné d'autorité qu'un référendum attendrait et que le parti se recentrerait pour que toute la dynamique politique et l'opinion publique soient instantanément renversées. Ces réorientations n'ont jamais été débattues dans le parti et le programme n'a pas été amendé. Une soif inaltérable du pouvoir pour le pouvoir a cependant gagné de nombreux députés depuis quelques jours, qui leur fait oublier les messages du 26 mars, l'état de leur parti, les sentiments à leur égard. Ils sont mus aveuglément par des intérêts partisans. Cette attitude témoigne d'un non-respect de la population et elle est irresponsable.
La publication d'un sondage indiquant qu'un PQ dirigé par Pauline Marois pourait défaire le gouvernement Charest a semé l'excitation dans les rangs péquistes. Tous les spécialistes savent pourtant que ces photographies de scénarios hypothétiques ont bien peu de valeur. La population reprend vite ses sens. Les plus aveuglés chez les péquistes se laissent pourtant leurrés.
L'effet Pauline
D'autres personnages influents au PQ savent pour leur part que «l'effet Pauline» sera bref parce qu'elle a un long passé politique et de sérieux handicaps aux yeux d'un fort pourcentage de la population qui la rattraperont. Ceux-là se disent qu'ils ont peut-être intérêt à jouer le tout pour le tout dans des élections précipitées avant que s'évanouisse l'effet nouveauté. Ce coup de force permettrait en plus d'éviter des débats déchirants à l'intérieur du parti sur ses orientations fondamentales. Les militants se rallieraient autour d'une plate-forme électorale susceptible de redonner le pouvoir au parti.
Autre facteur qui fait se trémousser des députés péquistes sur les sièges inconfortablesa du fond du Salon bleu, la publication du rapport du juge Grenier sur Option Canada et certaines irrégularités commises pendant la campagne référendaire de 1995. Des libéraux de premier plan et peut-être Jean Charest lui-même seront sur la sellette. Dans l'analyse péquiste de la vie, le courant d'indignation qui suivra l'étalement de ces irrégularités devrait enterrer les libéraux chez l'électorat francophone. Ils rêvent de profiter d'un impact semblable à l'effet Gomery sur les libéraux fédéraux.
Enfin, à mes risques et périls, j'ajouterais une théorie personnelle sur le présent comportement peu orthodoxe du Parti québécois. Il est sous le contrôle de femmes: Pauline Marois, Diane Lemieux, Agnès Maltais et dans une moindre mesure, Louise Harel. François Gendron est le chef parlementaire par intérim; il est respecté pour son ancienneté et son gros bon sens, mais le véritable pouvoir est rendu ailleurs. Les femmes exercent leurs rapports de force très différemment des hommes, qui jouent la «game» en négociant au donnant-donnant, en toute complicité, selon les règles traditionnelles des «boys». Les habitués des relations de travail savent que les négociations avec une table de femmes porte-parole syndicales sont très différentes et souvent déconcertantes pour eux. Le même phénomène se vérifie actuellement au PQ. La leader Diane Lemieux fait par exemple la pluie et le beau temps depuis deux mois au Bureau de l'Assemblée nationale où se règlent les questions relatives au fonctionnement de l'Assemblée et aux conditions matérielles attribuées aux partis et aux députés. Elle cherche à faire agenouiller tout le monde.
On disait le PQ difficile à comprendre, le voilà dirigé par des femmes. Il n'a certainement pas fini de nous décontenancer. Nous n'avions rien vu. Pour l'instant, il faut qu'il revienne sur terre et abandonne cette idée d'élections précipitées au début de juillet. Il pourrait en payer un prix très élevé.


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