Franc Parler

Falardeau

Fiches


Pierre Falardeau (qui fait l'objet d'un passionnant documentaire présentement à l'affiche) m'a toujours déstabilisé.
Je n'ai jamais compris pourquoi un homme aussi affable en privé pouvait se comporter de façon aussi vicieuse en public.
Ne se rendait-il pas compte que ses attaques nuisaient à la cause qui lui tenait tant à coeur au lieu de l'aider ?
Ne comprenait-il pas que chaque fois qu'il insultait gratuitement ceux qui ne pensaient pas comme lui, il donnait des munitions aux gens qui affirmaient que le mouvement souverainiste était intolérant ?
Une fin en soi
Et puis, pourquoi un intellectuel aussi lettré prenait-il un tel plaisir à s'exprimer comme s'il était un gros cave ?
Il me semble que lorsqu'on aime son peuple, on cherche à l'élever au niveau de Gaston Miron, pas à le rabaisser à celui d'Elvis Gratton.
Bref, je n'ai jamais compris cet homme. Il m'est toujours apparu comme une énigme, un flot de contradictions.
Mais il y a une chose que je respectais profondément chez lui (même si, pendant longtemps, j'étais réfractaire à son projet) : son refus obstiné de «monnayer» la souveraineté.
Pour Falardeau, la souveraineté n'était pas un moyen. C'était une fin en soi.
On n'avait pas à l'arrimer à une cause plus «noble» ou plus «rassembleuse » pour la rendre «acceptable».
De la foutaise
Depuis des années, les souverainistes, dans leur ardeur à vendre leur cause, ne cessent de nous répéter que la souveraineté nous rendra plus riches, plus écolos, plus justes.
«Votez Oui, et vous aurez un Québec plus équitable, avec un meilleur système de santé, un meilleur système d'éducation, un système de justice plus humain, moins de disparité entre les riches et les pauvres...»
Pour Falardeau, tout ça est de la foutaise.
Il ne voulait pas un pays «Plus» ou «Mieux». Il ne rêvait pas de construire un paradis ; il n'écrasait pas la souveraineté sous le poids illusoire des fausses promesses.
Il voulait un pays, point.
Il le disait souvent: «Ce que je veux, c'est un pays normal, comme tous les autres pays, avec des pauvres, des riches, une droite, une gauche...»
Le Québec rassemblé
En ce sens, Falardeau me faisait penser (pour ce qui est de son rapport à la patrie) à De Gaulle.
De Gaulle se foutait des étiquettes politiques comme de son premier képi. Ce n'était pas la France de droite ou la France de gauche qui lui tenait à coeur et qu'il défendait, c'était la France, point.
Voilà pourquoi il a toujours été meilleur en temps de guerre qu'en temps de paix.
Idem pour Falardeau.
Contrairement à ce que plusieurs pouvaient penser, Falardeau se foutait de la politique comme de sa première cigarette. De gauche, de droite, ça lui passait mille pieds par-dessus la tête. Il préférait un homme d'affaires nationaliste (PKP, par exemple) à un gauchiste fédéraliste (le prof Lauzon).
100 % d'accord
Pour lui, la souveraineté n'avait pas à s'arc-bouter sur un système idéologique pour se justifier : elle se justifiait elle-même.
Le Québec, qu'on le veuille ou non, EST une nation distincte. Lui accorder le statut de pays ne sera qu'officialiser un état de fait.
Là-dessus, je le rejoins totalement.


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