Évaluation qualitative de l'épreuve de français au collégial - Une recommandation symptomatique

La langue française


Je me réjouis que la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, entende fermement ne pas donner suite à la recommandation d'un rapport qui propose de ne pas tenir compte des «fôtes» d'orthographe, de syntaxe et de ponctuation dans le cadre de l'épreuve de français au collégial. Pour justifier leur méthode dite «holistique», des fonctionnaires recourent à un concept judéo-chrétien qu'ils considèrent dépassé. Vraiment, la culpabilité à toutes les sauces!
Cette recommandation, autant absurde qu'irresponsable, est symptomatique d'un climat de relâchement et de médiocrité. D'abord, il envoie le message suivant: vous, les jeunes, restez dans votre pauvreté linguistique, on ne se soucie pas de votre avenir.
Découle de cette attitude un mépris à leur endroit tout en refusant de leur donner les outils de la langue qui les rendraient plus performants, donc meilleurs. Autre message pernicieux: la maîtrise de la langue n'est pas importante.
Quel mépris encore en ce qui concerne la langue française, qui fait notre différence en Amérique du Nord! Mépris donc pour nous-mêmes et pour la culture que cette langue soutient. Sans compter que j'ai tendance à penser que cette opération de nivellement pédagogique vise à cacher l'absence de maîtrise de la langue chez les bacheliers en pédagogie (enseignement du français) dont, ces dernières années, un grand nombre échouent à leur examen de français à l'université. Si tu veux le relâchement de l'orthographe, prépare la paix pédagogique.
Tout cela démontre que l'absence d'une politique claire et définie de l'enseignement du français est la première raison de la désintégration de la langue maternelle. J'espère sincèrement que la ministre de l'Éducation va examiner ça de près. En effet, le climat pédagogique, cédant au laxisme de son époque et au manque de rigueur qui l'accompagne, ne favorise pas un apprentissage complet et sérieux du français. Dans l'enseignement des mathématiques ou des sciences, un tel laxisme est pourtant impensable.
Il est un sentiment généralisé qui passe inaperçu et qui indique un manque de priorités sociales: les jeunes ne sont nullement convaincus qu'il est utile de connaître et de maîtriser le français.
Les fonctionnaires semblent l'ignorer: la maîtrise de la langue conserve, chez tout individu, sa force de penser, car elle conduit au dépassement de soi et non à son abaissement. Ainsi, pour l'écrivaine belge Nicole Malinconi, assistante sociale de formation, «il semble que la syntaxe serait un grand lieu de résistance». Ce qui l'inquiète justement, c'est que la syntaxe cède à la simplification de la langue. Oui, posons-nous la question: écrire comme on parle est-il souhaitable? Pire: encourager cette pratique à l'école?
Bref! D'où vient cette envie qu'ont les fonctionnaires de «saccager» l'avenir de nos jeunes?
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Bruno Roy, Écrivain


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