Élections de mi-mandat: sondage international

Entre Calgary et Mexico

17. Actualité archives 2007



Songez un instant que George Bush fait plus peur aux Canadiens que le président iranien.
Ça n'empêchera pas George Bush de dormir. Mais pour Stephen Harper, c'est tout de même une réalité politique brutale: il est perçu comme le politicien le plus pro-américain depuis Brian Mulroney, et davantage que ce dernier même... au moment où les Américains ont un président viscéralement détesté au Canada.
Bien mieux que de régler le problème des fiducies de revenu ou, un jour, le déséquilibre fiscal, s'il veut avoir quelque chance aux prochaines élections, il est mûr pour une bonne petite chicane avec l'administration américaine. Que ce soit sur l'Arctique ou sur quelque histoire de poisson, il faut qu'il trouve quelque chose...
Ne minimisons pas l'effet médiatique de ce genre de coup de sonde. Le sinistre Mahmoud Ahmadinejad est moins renommé que George Bush. Les personnes sondées ne connaissent pas toutes les déclarations haineuses du président iranien, qui rêve de destruction d'Israël et d'armes nucléaires. Des avocats planchent actuellement sur une plainte contre lui pour complot génocidaire contre Israël, et ils ont quelques arguments à faire valoir, mais ça ne circule guère encore.
Ce qu'on ne sait pas ne nous fait pas peur, pas vrai? Ce qu'on sait, c'est que George Bush a lancé les États-Unis dans une guerre illégale, mal fondée et qui chaque jour produit de nouveaux désastres. Cela se voit aux nouvelles soir après soir. Comme on voit qu'au lieu d'aider à la lutte contre le terrorisme, cette guerre a créé de nouvelles vocations. On ne voit guère les lendemains qui chantent, mais beaucoup de morts et de destruction. Ça fait désordre, ça fait mensonge, ça fait peur.
Encore une fois, le Québec suit les mêmes tendances que le reste du Canada, mais en plus anti-Bush, en plus antimilitariste, comme le révèlent immanquablement tous les sondages depuis des années. Quoique... une fois l'Alberta retranchée, les différences ne sont peut-être pas si grandes.
Au Mexique, George Bush vient tout juste derrière Oussama ben Laden comme personne posant un danger pour la planète... plus que Kim Jong-Il; on est beaucoup plus en faveur d'un retrait immédiat des troupes en Irak, on est encore plus convaincus que les Américains interviendront en Corée du Nord, et plus inquiets à ce sujet. L'opinion québécoise, finalement, se place quelque part entre Calgary et Mexico...
George Bush a des soucis plus pressants que l'opinion défavorable des gens de Tijuana ou de Flin Flon, on est tous d'accord.
Il n'en reste pas moins qu'aux États-Unis mêmes, on s'interroge depuis un bout de temps sur les effets à long terme de la "diplomatie du cow-boy". Il y a tout de même une cassure entre les États-Unis et plusieurs de leurs alliés.
Il n'est pas insignifiant que les Britanniques soient les plus nombreux dans ce sondage à penser que la diplomatie américaine depuis l'arrivée de George Bush a rendu le monde moins sûr (69%, contre 62% au Canada, 59% au Mexique). Est-ce que la démocratie a avancé depuis 2001? Seulement 17% des Canadiens, 11% des Britanniques et 12% des Mexicains le croient. Les autres pensent qu'elle a reculé ou stagné. Il n'y a qu'en Israël que l'on voit les choses modérément positivement.
Cela pèse sur les opinions dans chaque pays, cela influence éventuellement les politiques gouvernementales, cela détermine les fortunes politiques dans chaque pays et tôt ou tard, cela met quelque pression sur les relations internationales américaines.
Y a-t-il jamais eu, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, président américain moins populaire au Canada et ailleurs dans le monde? Ronald Reagan avait plusieurs détracteurs pour sa stratégie de pression nucléaire contre les Russes; Richard Nixon pour la guerre au Vietnam. Mais rarement, peut-être jamais en fait, président américain aura-t-il moins fréquentable pour un premier ministre canadien que George Bush.
C'est un des problèmes de Stephen Harper, certes, mais aussi, ne l'oublions pas, pour le leader dans la course libérale, Michael Ignatieff... un homme qui n'en finit plus de nuancer sa prise de position pour la guerre en Irak.
pour joindre notre chroniqueur: yves.boisvert@lapresse.ca


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