par Raymond Giroux — L’arroseur arrosé ! Les conservateurs croyaient frapper un grand chelem hier en donnant le mandat à un ancien ministre péquiste, Daniel Paillé, d’enquêter sur des scandales libéraux, mais la balle n’a pas franchi la clôture.
En annonçant la nomination de M. Paillé comme « conseiller indépendant en matière de recherche sur l’opinion publique », le ministre des Travaux publics, Michael Fortier, a nié toute intention de démarrer une chasse aux sorcières contre l’ancien gouvernement.
« Nous ne faisons que tenir une promesse électorale », a-t-il dit dans une conférence de presse désordonnée au cours de laquelle fusaient l’une après l’autre des questions sur la pertinence d’embaucher un souverainiste pour accomplir cette tâche.
Ancien ministre de Jacques Parizeau à l’époque du référendum de 1995, M. Paillé devra entre autres revoir les activités fédérales en matière de sondage entre 1990 et 2003, une période fort critique de l’histoire du Québec et du Canada.
Aujourd’hui professeur invité aux HEC de l’Université de Montréal, M. Paillé se défend de tout conflit d’intérêts et soutient avoir accepté un mandat strictement professionnel du ministère des Travaux publics.
M. Paillé a d’ailleurs refusé plus d’une fois de révéler s’il avait toujours la ferveur souverainiste. « Mes opinions politiques sont du domaine privé », a-t-il dit.
Rappelons que M. Paillé a quitté la vie politique en 1996 et il a notamment travaillé comme gestionnaire supérieur du groupe Canam et de la Société générale de financement depuis ce temps.
Il est réapparu dans le décor partisan en 2005, alors qu’il a repris sa carte de membre du Parti québécois pour appuyer la candidature d’André Boisclair avant de rejoindre le clan de Pauline Marois en toute fin de campagne.
Conversion
Le cabinet du ministre Fortier affirme que M. Paillé n’a pas renouvelé sa carte de membre à son échéance et il répand la théorie de la « conversion » de M. Paillé à la cause fédéraliste.
Le mandat du nouveau conseiller indépendant, au cours des six prochains mois, sera de décider « s’il y a des questions d’intérêt public (dans ce dossier) qui n’ont pas encore été traitées ».
La vérificatrice générale Sheila Fraser a déjà étudié la question des sondages à deux reprises. D’abord, son rapport de novembre 2003 (publié en février 2004) constatait que le gouvernement gérait ces activités de sondage « de manière transparente et à l’aide de contrôles adéquats ».
Quant aux faiblesses constatées dans ce rapport, Mme Fraser a établi dans son suivi de février dernier que le ministère des Travaux publics « a réalisé des progrès satisfaisants » sur l’ensemble des questions toujours en litige.
Malgré cela, et « sans répéter les travaux passés ou actuels de la vérificatrice générale », M. Paillé pourra toujours « indiquer si d’autres mesures, comme une enquête judiciaire, sont nécessaires ».
Le Bloc québécois se réjouit de cette décision mais se demande pourquoi le mandat de M. Paillé se termine à l’année 2003.
Selon le député Jean-Yves Laforest, le gouvernement a utilisé des fonds publics pour réaliser des sondages partisans à au moins deux occasions depuis son élection.
Du côté libéral, le député Coderre considère cette nomination comme simplement « indécente ». « C’est une campagne de salissage, une campagne personnelle, on met un séparatiste pour faire une job de bras contre les libéraux pour dire ils vont en manger une maudite. Ça n’a pas de bon sens », a-t-il dit.
CHASSE AUX SCANDALES SOUS LES GOUVERNEMENTS LIBÉRAUX FÉDÉRAUX
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