Pour des élites politiques responsables

Enfin une sortie légale du bourbier constitutionnel!

Indépendance - le peuple québécois s'approche toujours davantage du but!



Depuis une quarantaine d'années, j'exerce mon droit de vote toujours en faveur du Parti québécois, parce qu'indépendantiste. Or, j'ai atteint une écœurite aiguë au sujet du débat sur ce qu'on appelle la question nationale, c'est-à-dire le statut du Québec vis-à-vis du Canada.
Ce débat est constamment détourné. Que veut-on? La séparation, l'indépendance, la souveraineté, la souveraineté association avec ou sans trait d'union, le beau risque, l'affirmation, l'autonomie ou toutes ces réponses? Que d'énergie et de temps perdus, futiles et inutiles dans une guerre de mots. La question est pourtant simple et, en ce sens, je suis très «parizeauiste»: voulons-nous, oui ou non, nous séparer du Canada et acquérir notre indépendance comme peuple?
Évidemment, si l'on veut une réponse majoritairement favorable des Québécois, il faut leur en démontrer la nécessité, l'utilité et les avantages. Or, curieusement d'accord avec le parti «séparatisse» et Québec solidaire, le très fédéraliste Parti libéral du Québec et la très autonomiste Action démocratique du Québec se sont toujours opposés à ce que le Québec signe l'Acte constitutionnel de 1982, allant jusqu'à participer à des motions unanimes de l'Assemblée nationale maintenant son refus.
Le Québec déjà indépendant en droit et en fait
En toute logique, une conclusion et un constat s'imposent: depuis près de 30 ans, donc, le Québec ne fait plus partie du Canada ni en droit ni en fait, puisqu'il n'est pas et n'a jamais été signataire de l'acte constitutif du Canada.
Dès lors, pourquoi tous les gouvernements qui se sont succédé, à commencer par celui de René Lévesque, ont-ils continué à respecter la Constitution du Canada de 1982 et sa Cour suprême, qui, comme la tour de Pise, penche toujours du même côté, ainsi que les lois canadiennes qui ne lui conviennent pas comme celle sur les jeunes contrevenants?
Puisque tous les partis politiques québécois ont été unanimes à dénoncer 1982, pourquoi se sont-ils conformés aux décisions et autres avis de la Cour suprême allant contre les intérêts fondamentaux du Québec, par exemple, ceux sur les écoles passerelles et tous les autres ayant quasiment vidé la loi 101 de sa substance? Pourquoi refuser de rapatrier unilatéralement les impôts payés à ce pays, devenu étranger, quitte, en échange de services rendus et négociés sur une base administrative, à lui verser des montants compensatoires? Pourquoi ne pas encore avoir procédé à l'élaboration d'une constitution québécoise qui aurait réaffirmé la primauté du français et une charte de la citoyenneté?
Pourtant, de simples motions de l'Assemblée nationale, idéalement unanimes, auraient aisément et amplement suffi, sans besoin de référendum. Ou alors, avec référendum selon les cas, au jugé de l'Assemblée nationale.
Est-il besoin de rappeler que les Canadiens français d'hier, devenus les Québécois d'aujourd'hui, n'ont jamais été appelés à se prononcer, par référendum ou lors d'élections générales, sur les moments fondateurs de ce pays appelé Canada, tels l'Acte de Québec de 1774, l'Acte d'union de 1840, la création du Dominion of Canada en 1840, du Statut de Westminster en 1931? Pas plus que sur l'acte constitutionnel de 1982, d'ailleurs.
Pour des élites politiques responsables
J'appelle donc nos élites politiques à assumer leurs responsabilités, au premier chef le Parti québécois, dont l'article premier de son programme l'interpelle depuis sa création, ainsi que Québec solidaire. Il leur revient à eux d'abord d'agir en toute logique et en toute conséquence pour, ensuite, proposer un ou des référendums au peuple québécois s'il y a lieu.
Entre-temps, le Québec a le droit de mettre fin à sa vieille relation de mariage forcé avec le Canada, organisé par Londres. Comme un couple qui, constatant que plus rien ne va, se sépare pour ensuite divorcer. Et Dieu sait que le couple est pour le moins bancal depuis des lustres et des lunes, sinon depuis le début de son mariage forcé, et ce, peu importe les thérapies de couples, très nombreuses et toujours infructueuses. Dialogue de sourds! L'impasse, historique, demeure totale et persiste.
Et si le Canada résiste quand même, alors, comme le Kosovo, le Québec pourra proclamer unilatéralement son indépendance et, enfin, commencer à négocier, pour de vrai cette fois, son statut de nation reconnue par... le Parlement d'Ottawa! Et puis, tant qu'à y être, on pourrait demander le rapatriement du nom «Canada» que le conquérant s'est approprié, et le drapeau à la feuille d'érable, puisque l'érable et son sirop internationalement convoité ont un pays bien à eux: le Québec. Et aussi notre hymne national, le Ô Canada, que le conquérant nous a effrontément usurpé et travesti au propre comme au figuré.
Quel beau programme pour le prochain congrès du Parti québécois, que ne reniera pas, j'imagine, Amir Khadir de Québec solidaire! Quelle belle «amorce d'un programme mobilisateur et pédagogique sur la souveraineté» que ne devraient pas renier non plus Marc Laviolette et Pierre Dubuc du SPQ libre (Le Devoir, 5 août), ni non plus le président du Comité nation des jeunes du Parti québécois, Alexandre Thériault-Marois, pour qui «la gouvernance souverainiste n'est pas non plus une doctrine, mais plutôt une simple [sic] stratégie» (Le Devoir, 30 juillet)!
Ces derniers pourraient s'appuyer sur le comité constitutionnel des Intellectuels pour la souveraineté pour qui «l'accession à l'indépendance du Québec ne dépend pas de l'acceptation ou du refus du Canada [...] Le cas du Kosovo nous montre qu'une fois épuisée la possibilité d'un divorce à l'amiable, c'est en définitive au peuple concerné et à ses représentants légitimes que revient la décision, unilatérale au besoin, de déclarer son indépendance.» (Le Devoir, 10 août).
Pour qu'enfin cesse cette course après des options d'ordre plus intellectuel et conceptuel que politiquement pragmatiques, qui parlent des vraies affaires à nos concitoyens. Vive le Québec! Vive le Québec... enfin libre!
***
Dominique Boivin - Politicologue et ex-chef de cabinet du whip de l'Opposition officielle du Parti québécois à l'Assemblée nationale (1973-1975)


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->