Énergie Nouveau-Brunswick - Un échec prévisible

il ramène sur le devant de la scène l'incapacité du gouvernement Charest à conclure ses projets.

Churchill Falls - Hydro-Québec / Énergie NB


Il était écrit dans le ciel qu'Hydro-Québec échouerait dans sa tentative d'acheter les actifs d'Énergie Nouveau-Brunswick. Même si les motifs avancés par les deux gouvernements ne sont pas ceux qu'on attendait, le résultat est le même et il ramène sur le devant de la scène l'incapacité du gouvernement Charest à conclure ses projets.
Selon les communiqués de presse rédigés par les deux gouvernements, c'est Hydro-Québec qui serait à l'origine de l'échec des négociations. Alors qu'on s'attendait à un nouveau recul de la part du premier ministre Shawn Graham, aux prises avec une forte opposition à quelques mois des élections, ce serait le Québec qui aurait fait marche arrière après évaluation de la qualité des actifs et des investissements requis pour leur mise à niveau. Soit, mais admettons que l'argument fait l'affaire des deux parties puisque ni l'une ni l'autre n'était parvenue à convaincre les principaux intéressés, les contribuables du Nouveau-Brunswick, des avantages d'un tel contrat pour l'avenir énergétique de cette province.
Le mois dernier, un sondage commandé par Radio-Canada-Acadie nous apprenait que 76 % des Néo-Brunswickois étaient opposés à la dernière mouture de l'entente. Ce n'était pas une surprise puisque dès la signature initiale, en octobre dernier, le gouvernement Graham avait dû affronter une vive opposition malgré la promesse d'un gel des tarifs résidentiels pendant cinq ans.
Une telle levée de boucliers était à prévoir étant donné la corde sensible que fait vibrer la seule idée de se départir d'une société de services publics. Et dans le cas d'Énergie NB, s'ajoutait à cela le fait que l'acheteur intéressé était le Québec, ce mouton noir français de la fédération. D'ailleurs, le même sondage de Radio-Canada révélait que si 62 % des francophones du Nouveau-Brunswick étaient opposés à l'entente, la proportion grimpait à plus de 81 % chez les anglophones!
Cet échec comporte un coût pour les Néo-Brunswickois puisqu'elle met fin à l'espoir d'un gel temporaire suivi de hausses raisonnables des tarifs à plus long terme, le tout assorti d'un approvisionnement stable en électricité propre. Pour le Québec, qui n'aura pas à endurer les récriminations de la province voisine pendant des décennies, les conséquences ne sont pas aussi dramatiques. Mais elles remettent tout de même en question, une fois de plus, la capacité du gouvernement Charest de mener à bien quelque projet d'envergure que ce soit.
Cela ramène aussi au premier plan le problème des excédents d'électricité prévus pour les prochaines années. En se portant acquéreur d'Énergie NB, Hydro-Québec ajoutait 10 % d'abonnés à son réseau tout en s'assurant d'un accès direct supplémentaire aux États de la Nouvelle-Angleterre. En mettant fin aux négociations, Hydro-Québec doit maintenant trouver d'autres clients stables à qui vendre son énergie à meilleur prix que ce qui semble avoir été négocié récemment avec le Vermont. Sans quoi, ce sont les consommateurs québécois qui devront porter seuls le poids des investissements multimilliardaires engagés dans la construction de nouveaux équipements.


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