On se tire dans le pied

En marge du rapport Payette

Nous avons un problème: que faire?

Tribune libre

Un vieil adage nous dit que l’on est jamais si bien servi que par soi-même. En général, cet adage s’avère vrai pratiquement tout le temps. Excepté au Parti Québécois.
Il n’y a qu’à regarder nos compères Lucien Bouchard et François Legault qui ont tout simplement renié leurs convictions indépendantistes. Si jamais ils en ont eues.
C’est au tour de Pauline Marois de prouver que cet adage n’est pas vrai. Avec le rapport Payette.
Non pas que ce rapport soit un «torchon» comme le traite ceux qui en subissent les foudres. Mais, il faut bien l’admettre, ce n’est pas non plus une «étude» sérieuse et fouillée d’un phénomène quand même visible à tout observateur le moindrement allumé. Et possiblement ce n’était pas dans l’intention ni de Pauline Marois ni de Dominique Payette de faire une étude exhaustive du phénomène. Il constitue cependant une bonne raison de pousser plus loin l’enquête. Possiblement ce pourrait être un sujet que pourrait aborder l’Institut de recherche sur l’indépendance.
Là où le bât blesse, c’est dans la façon que nos deux dames ont eu de publier ce rapport.
Pourquoi ne l’a-t-on pas d’abord soumis aux instances du Parti Québécois?
Pourquoi ne le présenter qu’à un parterre choisi en évitant d’y inviter les principaux concernés?
Pourquoi le présenter sans en présenter un aperçu succinct et récapitulatif?
Je m’explique mal qu’une politicienne expérimentée et une universitaire d’envergure aient pu commettre autant de faux pas. Il me prend à penser que, je souhaite que ce ne soit pas le cas, tout cela était voulu.
Mais il y a plus sérieux. Ce rapport nous fait prendre conscience que l’indépendance ne possède aucun véritable médium pour répandre son idée. Les trois chaînes de télévision nationales sont, à toutes fins pratiques, fédéralistes. La majorité de leurs commentateurs sont fédéralistes. leurs façons de présenter les informations favorisent aussi le fédéralisme. Ceci est aussi vrai pour les radios à travers la province. Et c’est d’autant plus vrai pour les radios commerciales de Québec. En fait, aussi bien en télévision qu’en radio, l’indépendance est sans voix. Et cette absence du message indépendantiste explique, je crois, la baisse de l’option dans la population. Nous n’avons que des tire-pois pour faire face à des canons. C’est un problème. C’est possiblement le plus grave problème qui nous fait face.
L’Institut de recherche sur l’indépendance pourra pondre des études poussées, arriver à des conclusions étoffées mais la diffusion de ses rapports dépendra des média existants. Ces médias publieront les aspects qu’ils voudront, les présenteront sous un jour plus ou moins favorables et les commenteront selon leur option fédéraliste. Une bombe, quelque grosse soit-elle, lancée avec un tire-pois ne fera jamais grand tort à l’adversaire.
C’est un problème. Un problème qui existe depuis toujours. Un problème qu’on a repoussé sous le tapis. Un problème qui, s’il demeure sans solution, signifiera, je le crains bien, la fin du mouvement indépendantiste.


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11 commentaires

  • François Ricard Répondre

    8 novembre 2015

    @ M. Matte
    Vous citez plusieurs points fort importants de ce rapport. Point que je sais vrais.
    Est-ce que les radios de Québec ont publié ces points?
    Les journaux? La télévision?
    J'ai lu et entendu quelques mentions à radio-Canada. Présentées de façon fort partiale. J'ai lu des blogues et commentaires dans les journaux: tous négatifs, partiaux et dérogatoires.
    C'était tellement négatif que même l'université Laval a cru bon de se distancer du tout. de même que Mme maltais. En fait de solidarité, celle-là...
    Il faut l'admettre: l'indépendance est sans voix.

  • Pierre Cloutier Répondre

    8 novembre 2015

    Ce qui serait intéressant c'est de savoir qui sont les propriétaires et actionnaires de ces stations de radio. Mettre des noms sur ces gens-là et chercher leurs affiliations politiques, leurs contacts, leurs réseaux. Pourrait-on, autrement dit, faire la cartographie de ces radios?

  • François A. Lachapelle Répondre

    8 novembre 2015

    On cherche des solutions on cherche des outils de communication pour faire entendre les arguments favorables à la liberté du peuple du Québec.
    Convaincue comme ma conjointe, une station de radio est un médium plus substantiel que la télé pour se faire entendre. On n'a pas besoin du paraître, on se concentre sur l'être, sur le contenu avec des professionnels.
    Des professionnels en communication, il en existe des dizaines qui s'intéressent à la politique du Québec. Je ne les connais pas tous, je pense ici à Bernard Drainville et à Pierre Duchesne et à Julie Snyder qui sont actuellement engagés et bien d'autres.
    Et le financier PKP peut être mis à contribution. Au lieu de faire de la politique à titre d'élus, ces mêmes personnes compétentes dans leur domaine pourrait faire beaucoup pour l'indépendance du Québec en laissant leur carrière politique et en travaillant à un nouveau poste de radio pro-indépendance du Québec.
    D'autant plus qu'un grand ménage se prépare au PQ, ceci dit sans mauvais présage. Il ne s'agit que de transformer les difficultés en avantages. Carpe diem !

  • Michel Matte Répondre

    8 novembre 2015

    Vous semblez dénoncer davantage le rapport et son auteur que le mal qu'il met en lumière.
    En lisant attentivement le rapport [http://meteopolitique.com/Fiches/democratie/Regime/information/Radio-Peladeau/L_information-a-Quebec-un-enjeu-capital.pdf->] , posez-vous les questions suivantes:
    1- Est-ce normal qu'on pratique le harcèlement et l'intimidation à la radio alors que la loi et l'indignation populaire les réprouvent dans les écoles et en milieu de travail?
    2- Peut-on défendre la liberté de parole et brimer celle des opposants par ces méthodes?
    3- Peut-on viser un débat démocratique et tolérer un climat social marqué par l'incivilité et et les abus de langage?
    4- Comment justifier l'absence de règles de déontologie dans ces médias alors que les médias traditionnels y sont assujettis?
    5- Comment peut-on tolérer des propos qui menacent la sécurité d'individus ou de groupe ciblés alors que le code criminel L'interdit partout ailleurs?
    On peut se désoler qu'il n'y ait pas de contrepartie au discours ambiant mais ceci ne réglera rien. Entre temps on peut dénoncer les abus des radios poubelles en signant la déclaration mise en ligne par la Coalition pour la justice sociale de Chaudière-Appalaches à l'adresse:
    [https://goo.gl/sIFyCD->https://goo.gl/sIFyCD]

  • Archives de Vigile Répondre

    8 novembre 2015

    Monsieur Ricard
    L'élite de la ville de Québec est la cause directe de cette radio- poubelle et ça remonte à la Conquête de 1759. (Voir mon commentaire adressé, à cet effet, à M. Vallée). Il faut que cet abçès soit crevé au plus sacrant puisque ce problème hypothèque notre avenir en tant que pays indépendant. Le référendum de 1995 a été perdu non seulement par l'argent et le vote ethnique mais aussi à cause du vote des électeurs de la région de Québec et de ceux de la région de la Beauce qui ont voté massivement pour le NON. Pas surprenant que Harper se vantait d'aimer tellement la ville de Québec avec tout l'appui qu'il recevait de cette radio- poubelle.
    Si Québec était un pays indépendant, nous cesserions d'être à la remorque du CRTC d'Ottawa et nous pourrions mettre, tout de suite, à leur place, ces radios-poubelles. Avez-vous hâte comme moi que le Québec cesse d'être toujours à la remorque du gouvernement des autres soit le "canadian"? Si le PQ ne se grouille pas plus que ça, il va bientôt être supplanté ou doublé par la CAQ, je vous le dis. Depuis l'élection de leur nouveau chef, rien ne bouge. Parfois, je me demande si ce parti n'a pas fait son temps pour l'indépendance du Québec.
    André Gignac 8/11/15

  • François Ricard Répondre

    8 novembre 2015

    @Carmichael
    Le Jour a paru de février 1974 à août 1976.
    Il a fermé, si je me rappelle bien, pour deux raisons:
    ---un manque de fonds. Il était difficile de vendre de la réclame, surtout aux grandes entreprises
    ---un conflit idéologique était aussi survenu entre les journalistes et le PQ.

  • Archives de Vigile Répondre

    8 novembre 2015

    Il y a déjà eu une tentative de fonder un quotidien: Le Jour.
    Malheureusement, les supposés indépendantistes n'ont même pas été foutu de supporter cette entreprise en s'y abonnant en grand nombre. Pourtant, c'était un excellent journal. Après quelques mois, on a dû mettre la clé dans la porte. Évidemment, aucune banque ne s'est jamais porté volontaire pour financer le lancement de ce projet.
    Il ne faut donc compter que sur nous-mêmes, et ce "nous-mêmes" ne se manifeste pas quand on en a véritablement besoin.

  • Pierre Grandchamp Répondre

    7 novembre 2015

    Absolument d'accord avec vous! C'est TRÈS préoccupant! Pendant que les régions francophones de la Beauce et du Grand Québec nous boudent, le vote ethnique augmente à chaque année.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 novembre 2015

    Merci monsieur Ricard, cela me porte à réflexion, je n'y voyais pas ce rapport de cette façon. Pour bien dire, peu de l'intérêt point. À Québec, c'est une coutume des radios dépendantistes et ne fait que du PQ «Bashing» quotidiennement. «aucun véritable médium pour répandre son idée», monsieur Ricard oui faut trouver une solution, sinon «liberté à vendre ou la mort».

  • Marcel Haché Répondre

    7 novembre 2015

    Suffirait simplement, tout simplement, que le chef du P.Q. dise ce qu'il faut dire, et de cette façon s'attirer les micros. Cesser de parler comme les fédéralistes...
    Le message de l'Indépendance serait évidemment mieux porté par des journalistes et une presse indépendantiste, mais cela n'est pas une exigence insurmontable. Cependant, cela exgerait de la part des chefs péquistes cette chose qu'ils n'ont jamais eu: du nerf. Disons-le autrement, il a toujours manqué cette capacité de provoquer... Fade, sans odeur ni saveur, pourqoi les ennemis de l'Indépendance porteraient-ils le message de l'Indépendance ?
    Nous peinons à sortir de notre psychologie de loser.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 novembre 2015

    Contente que vous souleviez ce très sérieux problème. Ça fait des années que je radote que tant que le PQ aura tous les médias de masse contre lui il n'y arrivera pas. À quoi s'attendre quand la population ne lit et n'écoute que des propos négatifs sur la souveraineté et le PQ? Les réseaux sociaux ne suffiront jamais. Il nous faudrait un média, un quotidien avec des gros titres pro-indépendance tenant compte du fait que plusieurs ne lisent que les titres. Mais qui a les moyens de fonder un nouveau journal ou d'ouvrir une station de radio? Voilà la question sans réponse.