En effet, il y a une meilleure avenue

La nation québécoise vue du Canada

RÉPLIQUE À CLAIRE L'HEUREUX-DUBÉ ET AL.
Un groupe de 7 signataires comprenant l'ex-juge de la Cour suprême Claire L'Heureux-Dubé et le sénateur Serge Joyal vient de publier une opinion intitulée «Le Québec nation? Il y a, c'est certain, une meilleure avenue!»
Ils affirment d'emblée que «le génie de la Constitution du Canada est de garantir(...) au coeur de notre identité comme nation(...) la protection des droits des minorités». Or, faisant référence au débat pour la reconnaissance du Québec comme nation qu'a lancé Michael Ignatieff et après quelques contorsions visant à dénigrer les efforts d'affirmation nationale du Québec à travers le temps, ils soutiennent que comme «la notion de nation est impossible à définir en termes constitutionnels. Pourquoi, au Canada, persisterions-nous à pousser une initiative aussi tortueuse?» Donc, la nation c'est bien pour le Canada, mais pas pour le Québec...
Plus loin, ils avancent que «les Québécois peuvent faire mieux que cultiver leur anxiété et idolâtrer leurs particularismes». Quel mépris pour tous ceux d'entre nous qui refusent de baisser les bras devant le pouvoir assimilateur de la majorité canadienne!
Ils vont jusqu'à qualifier de «Québécois inspirés» les Trudeau, Chrétien et Martin, grâce à qui le Canada aurait «défini sa véritable nature». C'est justement cette «véritable nature» du Canada qui a fermé la porte au Québec en rapatriant unilatéralement la constitution en 1982, qui s'est montré incapable de l'entrouvrir à l'occasion de l'entente de Meech, qui a délibérément cherché à charcuter la Loi 101, qui a tenté d'acheter la conscience des Québécois par des commandites crapuleuses.
La démonstration du groupe de Mme L'Heureux-Dubé va tout à fait dans le sens du nation building canadien. L'histoire récente nous a clairement démontré que le Québec n'a d'intérêt au Canada que pour lui permettre de se différencier des États-Unis et pour servir de trait d'union entre l'Ontario et les Maritimes. Point. On le qualifie de «nation» quand on a besoin de son électorat, dans la mesure où ce qualificatif n'a aucune incidence juridique. On lui déclare son amour quand il menace de quitter la maison comme en 1995. En d'autres temps, on le traite comme un acquis qui ne doit pas déranger.
Un pays qui est prompt à chercher des prétextes pour accuser les Québécois de racistes, mais qui applaudit aux propos anti-québécois, réellement racistes ceux-là, des Diane Francis, Jan Wong et Don Cherry ne peut pas être le mien. Mme L'Heureux-Dubé qui s'y connaît pourtant bien en matière de preuve devrait savoir que le fardeau de la preuve n'appartient plus aux Québécois mais plutôt au ROC (rest of Canada). Pour ma part, la chose est jugée: nous ne pouvons attendre aucun accommodement du côté du ROC. Et, pour reprendre le titre de l'opinion de Mme L'Heureux-Dubé, c'est certain qu'il y a une meilleure avenue: il est grandement temps que les Québécois se donnent enfin une nation à part entière, un pays!
René Reid
_ Québec


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