Parmi les thèmes négligés de la présente campagne électorale, l'avenir du système de santé et la protection de l'environnement auraient certainement mérité plus d'attention. Faut-il en conclure que les partis politiques n'ont pas d'opinion sur ces questions? Certainement pas, mais le silence parle parfois plus fort que les déclarations.
Il y a des tas de sujets qui n'occupent pas toute la place qui leur revient dans une campagne électorale. La santé et l'environnement, par exemple, avaient été des thèmes centraux lors des élections précédentes. Or, même si rien n'a été réglé depuis, on en a peu parlé depuis un mois. La lassitude de l'électorat explique en partie cette absence, de même que l'engagement rapide des partis à reconduire l'indexation des transferts aux provinces après 2014. Pourtant, ni les libéraux ni les conservateurs n'ont inscrit cette promesse noir sur blanc dans leur plate-forme électorale. Il faudra s'en souvenir!
Par ailleurs, si aucun parti ne remet en question les règles dictées par la mythique Loi canadienne sur la santé, dont celles de l'universalité et de la gratuité des soins, chacun a sa propre vision des priorités.
Pour le Parti conservateur et le Bloc québécois, il faut laisser les provinces régler les problèmes puisque la santé est de leur compétence. L'approche a l'inconvénient de ne pas être très imaginative, mais à vouloir imaginer à la place de ceux qui livrent les services, on aggrave la situation au lieu de l'améliorer.
Chez les libéraux et le NPD, c'est l'éternelle promesse de «travailler en collaboration avec les provinces» qui prévaut. Traduction: si elles veulent l'argent d'Ottawa, elles devront adhérer à ses priorités.
Chez les libéraux, Michael Ignatieff promet un «sommet» des premiers ministres dans les 60 jours qui suivront son élection afin de négocier une réforme du système et d'y inclure une assurance médicaments et de meilleurs soins à domicile. Une impression de déjà vu...
Quant aux néodémocrates, ils tiennent un double discours: d'une part, ils jurent vouloir respecter la compétence des provinces, d'autre part, ils promettent de créer un régime d'assurance médicaments universel et de tout mettre en oeuvre pour que les provinces embauchent plus de médecins, d'infirmières, de sages-femmes... Comme si Ottawa avait le pouvoir de contrer la pénurie de main-d'oeuvre!
En environnement, le silence du Parti conservateur est plus inquiétant qu'en santé. Alors que les néodémocrates proposent des mesures semblables à celles des libéraux et des bloquistes, dont une bourse du carbone et une réglementation plus sévère, ils y ajoutent une nouvelle taxe sur le carbone et des mesures pour mettre les exploitants de sables bitumineux au pas... encore une fois malgré le fait que l'exploitation des ressources ne relève pas de la compétence fédérale.
À l'autre extrême, les conservateurs ne veulent rien faire du tout. On peut même s'attendre à ce que les programmes de recherche, d'évaluation et de soutien en environnement soient parmi les premiers touchés par les compressions de 11 milliards promises récemment.
Les campagnes électorales sont toujours trop courtes pour que tous les enjeux y soient débattus à leur juste valeur. Pour autant, personne ne souhaite qu'elles durent plus longtemps... De toute façon, le jour du scrutin, on ne vote pas pour la formation qui a réponse à tout, mais pour celle qui défendra le mieux nos intérêts, nos rêves et nos convictions.
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j-rsansfacon@ledevoir.ca
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