Drainville, chef avec une nouvelle vision

Tribune libre - 2007

par Stéphane Delorme
André Boisclair s'est amélioré ces derniers temps, il est vrai. Il a mené
une bonne campagne et s'est révélé solide lors du débat. Bien sûr qu'il
peut être un excellent atout à l'intérieur de l'équipe visant à se rendre
vers le pays.
Cependant ce n'est pas avec lui à la tête du parti que nous maximisons nos
chances d'atteindre notre objectif. C'est clair que c'est préférable de
repartir avec un chef neuf de calibre et bien entouré.
André Boisclair a perdu en bonne partie parce qu'on ne voyait pas de
différence entre lui et Charest, entre lui et Trudeau. Le peuple québécois
veut protéger sa culture, la développer et perpétuer son identité. Il est
résolument tourné vers l'avenir mais en aucune façon il ne veut renier le
meilleur de son héritage, ses racines. C'est cela la base du projet
d'indépendance.
C'est parce qu'on est un peuple d'abord qu'on veut faire l'indépendance,
qu'on veut mener nos affaires à notre goût et avoir les moyens d'obtenir un
pays à notre image. On veut être maîtres chez nous. Sinon on se dirige vers
l'anéantissement de notre peuple à petit feu avec le multiculturalisme
qu'Ottawa nous impose avec sa Charte. Les arguments en termes de champs de
compétence, de déséquilibre fiscal, de vision structurante de notre
économie pour répondre à nos besoins propres, de révision de la Charte
canadienne pour y faire reconnaître notre culture, de
constitutionnalisation de la limitation du pouvoir fédéral de dépenser et
d'autres de ce genre sont importants mais ne sont là que pour montrer qu'il
faut les moyens d'assurer l'avenir de notre peuple et qu'on ne les a pas.
Il faut jouer sur les deux tableaux pour promouvoir l'indépendance.
Nous savons que Mario Dumont ne demande qu'une infime partie de ce qu'il
nous faut comme peuple et assez tôt les Québécois, notre travail
d'éducation aidant, verront qu'il s'agit d'un autonomisme assez vide de
contenu.
Je verrais bien M. Bernard Drainville comme chef du PQ. Le peuple
québécois aurait des chances de mieux s'y identifier qu'à André Boisclair
et il aurait d'excellentes chances contre Mario Dumont. Il faudrait que les
jeunes et les plus âgés, les retraités et les actifs l'assistent. Il s'agit
de très bien l'entourer et je ne suis pas inquiet car il y a beaucoup de
compétences parmi les membres du parti. Celui-ci paraît bien, il est
vigoureux, a une solide tête et représente bien notre peuple. Mettons le
paquet pour l'aider à réaliser l'indépendance.
Ce n'est pas une question de soutenir quelqu'un ou non qui se pose ici,
c'est de savoir quel chef nous donne le maximum de chances d'atteindre
notre objectif. Si Diane Lemieux s'entête à ne pas comprendre la nécessité
de changer de chef et de changer le discours du parti en allant dans le
sens que nous venons de brosser, qu'on la fasse décoller!
De plus il semble nécessaire aussi de penser à trouver un moyen pour faire
naître un mouvement souverainiste par-delà les sensibilités politiques des
divers partis.
Aux dernières nouvelles, Gilles Duceppe serait intéressé par le poste au
PQ. Si, en définitive, c'était le choix qui était fait, de grâce
demandons-lui d'orienter le discours sur le peuple québécois dans le sens
dont nous venons de parler. Quant à la perspective de voir Bernard Landry
au Bloc, elle me plaît.


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3 commentaires

  • Jean Pierre Bouchard Répondre

    1 avril 2007

    Oui en réponse à M.Martin. La défaite péquiste est du à plusieurs causes. L'emphase sur le nationalisme civique sans même être capable contrairement au Bloc de placer dans les comptés prenables des candidats des communautés culturelles! L'absence de sensibilité à la culture à ce qui nous détermine de même que cette absence de préoccupation de la précarité du français dans l'immigration. La promotion d'un référendum dans un premier mandat sur la souveraineté sans vision pédagogique.
    Une défaite du PQ et de son programme de gouvernement puisque qu'avec un référendum, il fallait bien proposer un programme de gouvernement provincial. Sur ce sujet, faire de l'éducation la première priorité ne s'est pas révélé rassembleuse. Une équipe de candidats pas suffisamment diversifiés eh oui dont certains candidats un peu plus connus que seulement Curzi et Drainville n'a pas aidé non plus.
    En ce qui regarde l'avenir de Boisclair comme chef. Ce n'est pas qu'une question d'image c'est qu'il à son mot à dire sur les stratégies et les orientations. Lui et ses conseillers n'ont pas su redonner un souffle à la souveraineté à travers le Parti Québécois. Les quelques politiques écologistes proposées et le changement de logo péquiste sont apparus comme cosmétiques plutôt que la marque d'un parti déterminé à associer développement durable et souveraineté. Une voie qui aurait réduit les suffrages des verts et des solidaires.
    L'image du chef ce n'est pas seulement ça c'est aussi un style, une façon de communiquer avec la population. A.Boisclair est probablement trop fonctionnaliste pour être chef de parti et encore moins apte pour atteindre la liberté nationale.

  • Archives de Vigile Répondre

    1 avril 2007

    Que savez-vous de Drainville? Ses convictions, les stratégies qu’il préconise? Il vient à peine de débarquer!
    Force est de constater, que ce que vous souhaitez, c’est un chef qui passe bien sous les feux de la rampe, une belle image, quoi. On mettrait une baudruche que vous seriez satisfait du moment que ça l’amène des votes. Vous faites dans la pensée magique.
    Mais quand comprendrez-vous qu’un projet comme l’indépendance se gagne par des débats de fonts, un long travail de terrain, une éducation politique en profondeur. En ce moment, le peuple est complètement dépolitisé, pas étonnant qu’il vote n’importe comment sans se soucier des conséquences par rapport à sa survie ; il n’a même pas idée qu’il est sérieusement menacé.
    Et vous, péquistes, vous vous acharnez sur le chef! À quand l’autocritique sans complaisance, sans faux-fuyant et sans bouc émissaire? À quand la réflexion en profondeur? Et à quand une réponse clair à ces questions : méritons-nous un pays et le voulons-nous vraiment?
    Quand je lis les commentaires, je constate qu’il y a toujours un mais quelque part. Oui au pays, mais il faut les conditions gagnantes, il faut un projet de société, il faut ceci, il faut cela et son contraire, etc. Ce sont là des questionnements de velléitaires, qu’on se le dise.
    Je cite Robert Laplante : « Un peuple se gouverne ou il s’accommode de l’espace qu’une autre majorité lui laisse. Le Québec a osé lever la tête, ceux-là qui s’imaginent qu’il trouvera bonheur à plier l’échine pèchent contre l’honneur et la dignité. Nous serions bien le seul peuple sur terre à qui l’on promet que son sort sera meilleur s’il consent et s’active à se rendre minoritaire. »
    Tout est là. L’indépendance est nécessaire, pas besoin d’y greffer cent milles justifications. C’est un projet qui, en soi, se justifie pleinement.
    Pierre Martin

  • Jean Pierre Bouchard Répondre

    29 mars 2007

    Il semble que c'est le conseil national du PQ qui décidera du sort de A.Boisclair. Celui ci de préférence doit rester comme député de Pointe aux trembles et figure de marque, il est brillant respectueux des droits individuels. Ceci dit pas comme chef. Nous vivons dans une société en Occident pleine de culture populaire, l'information devenue un spectacle se mélange avec les variétés. De plus, le cynisme en politique ne permet plus que le contact se fasse mal entre un chef de parti et la population.
    Plus largement, les gens apprécient des politiciens capables de leur ressembler. Le style de M.Boisclair c'est un peu celui de R.Bourassa ce n'est pas le profil d'un chef du Parti Québécois. Messieurs L.Bouchard, J.Parizeau, B.Landry et G.Duceppe sont tous des leaders supérieurs en terme de transmission et de communication, c'est une constatation.
    B.Drainville ou sinon pendant que P.Curzi et B.Drainville font leur apprentissage politique je ne vois personne d'autre que G.Duceppe avec le PQ. Au Bloc, Pierre Paquette, personne articulé ex professeur de collège et économiste pourrait remplacer G.Duceppe. Bien sûr, la redéfinition des enjeux et le recentrage des partis souverainistes sur l'identité nationale sont la première condition autour du leadership afin de maintenir et de faire repartir la voie souverainiste.