Djemila Benhabib, à Nîmes : «Le religieux légitime une discrimination sociale»

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Il en va de même pour le Québec

Dans son livre «L'automne des femmes arabes», l’auteure Djemila Benhabib éclaire les enjeux du statut des femmes au lendemain des printemps arabes.
Votre ouvrage, «L’automne des femmes arabes», analyse l’évolution de la condition féminine au lendemain des révolutions au Moyen-Orient. Qu’avez-vous constaté ?
Le statut des femmes est devenu un enjeu politique primordial. Une polarisation est apparue entre moderniste et conservateur, voire islamiste. On s’est déchiré sur cette question alors qu’il y avait des besoins criants mais les parlementaires ont préféré débattre. En Égypte, on a voulu restreindre la possibilité du divorce, abaisser l’âge du mariage à 16 ans ou décriminaliser l’excision dans un contexte islamiste. Ce statut est un programme politique qui proposera soit un ancrage sur la modernité soit un retour vers le passé.
Quel est le frein à l’égalité homme-femme dans les pays arabo-musulmans ?
La mère de toutes les ambiguïtés, c’est la non-séparation entre les pouvoirs politique et religieux. Le religieux légitime une discrimination dans la hiérarchie sociale. Dans l’histoire européenne, le mouvement féministe émancipateur s’est fait par la remise en cause du religieux, ce sera vrai aussi pour le monde arabo-musulman.
Tant que le religieux sera la source du droit, l’égalité ne sera pas respectée. L’homme justifie son acte par une rhétorique religieuse qu’il faut casser.
Que vous inspire la situation de la femme musulmane en France ?
D’abord la faiblesse dans laquelle se trouve la république laïque face à la forte attraction d’un islam politique sous une forme occidentale qui n’a rien à voir avec ceux que nos parents ont connus. Une sorte d’islam fantasmé que l’on met en opposition avec les valeurs occidentales, la liberté, l’égalité et la laïcité. Les tenants de cet islam politique veulent exacerber l’affrontement. Un islam sectaire, étriqué, qui n’a aucune sensibilité par rapport à l’histoire, à la littérature, au théâtre, or c’est ce qui a fait l’apogée de la culture musulmane.
Quel rôle doit jouer l’État français ?
Il faut donner aux femmes les outils de leur émancipation. Ces femmes ont des enfants qui peuvent ne pas comprendre l’égalité homme-femme. Il faut éduquer à l’égalité, faire comprendre aux hommes que leurs actes auront des conséquences négatives. Il s’agit de la dignité des femmes et on ne peut pas la brader.


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