Deux gros producteurs de cannabis unissent leurs forces

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La Société des alcools du Québec (SAQ) analysera attentivement la fusion de deux gros joueurs de l’industrie du cannabis afin de déterminer l’impact que pourrait avoir la transaction sur les relations commerciales avec ces futurs fournisseurs.


Alors que le vent de consolidation de l’industrie souffle fort à quelques mois de la légalisation de l’usage récréatif, Aurora Cannabis a annoncé lundi matin l’acquisition de MedReleaf pour 3,2 milliards en actions, l’objectif étant de renforcer leur développement sur le marché international.


Du coup, les 13 000 kg de cannabis livrés dans la première année par l’entité qui verra le jour la placeront au deuxième rang des fournisseurs prévus de la future Société québécoise du cannabis (SQDC). Elle se situera derrière le producteur gatinois Hydropothicaire (20 000 kg) mais devant le géant ontarien Canopy Growth (12 000 kg).


« On va prendre connaissance des détails de la transaction et on va évaluer ce que ça implique pour nous, selon les ententes qu’on a avec ces producteurs », a dit un por te-parole de la SAQ, Mathieu Gaudreault. « Mais pour l’instant, il est trop tôt pour moi de dire s’il y aura un impact ou pas. »


Invité à commenter un scénario de consolidation où les six fournisseurs de la future SQDC ne seraient plus que deux, M. Gaudreault a dit que « pour l’instant, on n’en est pas là ».


« C’est un système de monopole, alors je ne pense pas que c’est susceptible d’affecter les prix», a dit le chef de la direction d’Aurora, Cam Battley, selon lequel les consommateurs auront accès à une gamme de produits élargie. « Il n’y a qu’un acheteur, et selon les principes économiques de base, c’est cet acheteur qui établit les prix. »


Vent de consolidation


Compte tenu des perspectives potentielles du marché et de l’effervescence boursière des derniers mois, les transactions se sont multipliées. Aurora a récemment acheté CanniMed pour 1,1 milliard, alors que Constellation Brands, distributeur de la bière Corona, a avalé un peu moins de 10 % de Canopy pour 245 millions à l’automne 2017. Jusqu’ici, Santé Canada a décerné 104 licences de production de cannabis médical.


Aurora exploite une usine de production de cannabis à Pointe-Claire depuis quelques mois et prépare de la production à Lachute. La compagnie, qui développe un énorme site sur le terrain de l’aéroport d’Edmonton, a aussi investi dans The Green Organic Dutchman, qui travaille sur un projet à Salaberry-de-Valleyfield. De son côté, MedReleaf a deux sites de production en Ontario, dans la banlieue nord du grand Toronto.


La SAQ, dont l’actionnaire unique est le ministère des Finances, a affirmé le mois dernier que les ententes d’approvisionnement avec six fournisseurs ont été conclues afin de « respecter les échéanciers qui seront déterminés par le gouvernement et d’assurer un approvisionne- ment de qualité et prévisible ».


Ces ententes, qui visaient aussi les producteurs Aphria et High Park (Tilray), portent sur la livraison de 58 000 kg de cannabis au cours de la première année de sorte à satisfaire aux besoins de « la première phase » d’ouver ture de magasins.


Avec une vingtaine de succursales dans la vague initiale, Québec estime que la vente de cannabis générera pour les coffres du gouvernement 23 millions provenant de la taxe d’accise pendant la première année, et 50 millions la deuxième.


Oligopole


Selon un expert de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP), Yvan Allaire, la présence d’un « oligopole de producteurs et de monopoles régionaux de distribution » pose un certain nombre de questions. « Un distributeur en situation de monopole devrait-il établir un prix d’achat équivalant aux coûts d’exploitation des producteurs auxquels s’ajouterait un rendement acceptable sur leurs investissements, comme on le ferait pour une industrie réglementée ? », a-t-il écrit dans une lettre au Devoir avec Mihaela Firsirotu, de l’ESG UQAM. Devrait-on négocier un prix qui correspond à leurs coûts réalisables, compte tenu de l’effet sur les coûts du vo- lume d’achat auquel le distributeur s’engage ? »


> La suite sur Le Devoir.



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