Libérer les Québécois avant le Québec

Des États généraux pour le Québec

Il s’agit de l’avenir d’un pays et non d’un parti

Désobéissance civile - Printemps québécois

par Gérald McNichols Tétreault
_ L’auteur écrit à titre personnel
Chaque Québécois que je rencontre en particulier a du bon sens et fait preuve d’une grande ouverture d’esprit quand il parle par lui-même du Québec. Chacun possède une très bonne compréhension des manifestations et des causes probables de ce qui va et de ce qui ne va pas au pays. Vigile a à peu près tout recensé en ce domaine.
Comment se fait-il que ce même Québécois quand il se présente sous l’étiquette d’un mouvement ou d’un parti perde le nord, puisse affirmer qu’une ligne est courbe et verte alors que son voisin la voit droite et jaune, en vienne à perdre tout sens d’autocritique et à invectiver de 17 noms différents d’oiseau l’auteur d’une simple analyse qui bouscule ses certitudes, transgresse l'omerta ? Dans ce domaine aussi, Vigile a à peu près tout recensé.
La réponse selon moi, c’est le militantisme partisan qui exige de ses adhérents la loyauté à l’organisation et tout ce qu’elle suppose de restriction et de gymnastique mentale, d’obéissance aveugle aux consignes, de rhétorique de langue de bois, de protection des intérêts de l’organisation souvent en contradiction même avec d'innombrables interprétations de la cause officielle qui sert de raison d’être à cette structure.
C’est dire qu’il y a une différence entre la recherche du bien public et la défense des intérêts particuliers qu’ils soient ceux des individus, des corporations, des groupes communautaires ou religieux et des mouvements ou partis politiques. Il en va exactement de même lorsque Bouchard-Taylor catégorise les citoyens par leur adhésion religieuse au lieu de les présenter comme des individus possédant chacun une histoire particulière. Il serait peut-être plus facile d'intégrer un à un des néo-québécois qui apprennent le français et s'intéressent à nous et à notre culture sans renier la leur, que de faire tant d'histoire en essayant d'accommoder d'un coup les us et coutumes l'ensemble d'une communauté religieuse hermétique à nous.
Or, qu’est-ce donc que les états généraux sinon la convocation de la population d'un état, non pas pour faire valoir les revendications des groupes d'intérêts et partis mais afin de redéfinir entre citoyens, le bien commun. La convocation des états généraux a été nécessaires durant la renaissance française lorsque le pouvoir royal s'était fait tyrannique. Il fallait rééquilibrer les pouvoirs et remettre en cause la souveraineté de la personne du roi. Le débat sur la souveraineté des rois, des nations et des peuples est récurrent et ne trouvera jamais de résolution permanente.
Il y a aujourd’hui, chez nous, au Québec une impression répandue de rupture entre la façon dont le pouvoir est exercé et les désirs de la population. Les symptômes en sont l’obsolescence du système de représentation démocratique, l’incapacité des partis politiques à s’ajuster aux nouvelles réalités qui les placent en conflit d’intérêts avec leurs propres intérêts et ceux des carriéristes et commanditaires qui les dirigent, la subordination suffocante du Québec au pouvoir d’un état fédéral qui n’est pas le nôtre, se fait représenter par une monarchie étrangère et qui détient la souveraineté sur les principaux pouvoirs de l'état, soit la haute justice, les relations internationales, la défense, le contrôle du territoire, la monnaie. Mentionnons aussi les décisions discrétionnaires imposées dans le domaine de l’énergie et des ressources naturelles en fonction des intérêts particuliers, la sacralisation de la création de la richesse d'une minorité aux dépens de la qualité de la vie et de l'environnement, l’abandon à leur sort des populations vulnérables, l’obsolescence et la dégradation des réseaux de transport, du paysage et de l’aménagement du territoire, la montée des idéologies et mouvements prônant le libéralisme économique et la dilution de l’état au profit de l’intérêt privé.
C’est sur la base de ces constats que la nécessité de la convocation des états généraux non pas à l’échelle du mouvement souverainiste comme certains ont voulu les réduire mais à l’échelle du Québec dans son ensemble considéré comme pays en devenir. Les partis politiques étant eux-mêmes remis en question, il serait vain, risqué et inutile de leur demander d'appuyer, de prendre ou de diriger cette initiative. Leur habitude de contrôle de la parole est aussi incompatible avec l'objectif de libérer la parole.
L’idée de tenir des états généraux, même si elle a déjà été proposée, tire sa légitimité actuelle du fait qu’ils ont cette fois été proposés devant une assemblée libre de toute attache politique, le Nouveau Mouvement pour le Québec qui est le seul organisme dont la virginité politique et l'absence de contrôle des partis politiques peut garantir l’absence de manipulation de la part des organisations, mouvements et partis politique.
Les états généraux ne devront pas être centralisés dans la métropole ou la capitale mais se tenir dans chaque ville, chaque village, chaque comté où des citoyens voudront se réunir, s’organiser en partageant entre eux les frais nécessaires à la tenue de ces rencontres (il est essentiel pour garantir l’indépendance que l’ensemble du processus se réalise sans demande d’aide financière autre que la contribution financière ou bénévole des participants) respecter des règles de déroulement que le NMQ devra établir afin de garantir que chaque citoyen puisse y être convoqué, s’y inscrire, y avoir un droit de parole et de participation, s’il le souhaite. Évidemment l’internet et les réseaux sociaux seront mis à contribution pour encourager la participation citoyenne, diffuser les assemblées et offrir une forme de participation à ceux qui ne peuvent se déplacer. Au fur et à mesure de ces assemblées une liste des préoccupations et propositions sera élaborée par un comité d’experts neutres et des synthèses seront préparées et proposées aux assemblées. Les assemblées locales pourront élire des représentants afin de favoriser les échanges avec les autres assemblées. Une série de conférences sur des sujets pertinents pourra être offerte dans les villes et régions et aussi être rendues disponibles sur internet. Les IPSOS, Intellectuels pour la souveraineté présidés par le citoyen Paquette pourraient alors se reconvertir provisoirement en Intellectuels pour le Québec aux fins de la mise sur pied de cette université populaire qui serait un outil essentiel de partage de la connaissance sur le projet de pays.
Tout Québécois pourrait participer à la condition qu’il le fasse à titre de citoyen quelque soit son rôle dans la société ou son appartenance politique. Chacun laisserait son chapeau politique ou associatif syndical, environnemental ou corporatif à la porte. Ainsi les citoyens Charest, Marois, David, Khadir, Legault, Curzi, Beaudoin, Lapointe, Drainville, Landry, Parizeau auront le même rang et la même importance que n’importe quel autre citoyen.
Quant aux partis et mouvements politiques, ils n’auront qu’à prendre acte des résultats de cette initiative citoyenne auxquelles leurs membres auront librement participé à titre de citoyen.
Ceux qui auront l'intelligence de s'adapter survivront.


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8 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    6 septembre 2011

    L’ensemble des Québécois devraient être invités à des États généraux de la NATION QUÉBÉCOISE, sous un parapluie multi-partiste. Il ne faut pas limiter le dialogue aux seuls souverainistes qui sont déjà convaincus, mais l’ouvrir à tous ceux qui se questionnent sur l’avenir du Québec, y compris les fédéralistes. Il faut que ce soit un exercice citoyen pour tous les citoyens.
    D’autre part, le PQ a intérêt à savoir ce que les gens pensent. Sans nécessairement abandonner la « gouvernance souverainiste », le PQ devrait appliquer une stratégie ouverte axée sur l’indépendance : expliquer sans relâche le pourquoi et le comment de la souveraineté. Les peureux verraient leurs craintes analysées et calmées, les opinions adverses seraient analysées et critiquées, et ainsi l’idée de souveraineté en sortirait grandie.
    Il faut parler se souveraineté et d’indépendance, malgré les carriéristes et les peureux dans l'entourage de Mme Marois.

  • Antoine Dubé Répondre

    5 septembre 2011

    Le 8 juillet dernier, j'ai exprimé une idée semblable à la-vôtre dans Vigile en disant que ces états-généraux ne devaient pas chercher l’approbation des partis politiques car ils sont trop préoccupés par des objectifs électoraux même si c'est normal.
    Votre appel aux simples citoyens est très louable. Cependant, organiser des états-généraux coûte de l'argent et cela prend du monde pour les organiser.
    C'est pour cela que cela nécessite le support d'organismes et de nombreux bénévoles.Je suis partant si vous en chercher dans la région de Québec.

  • Archives de Vigile Répondre

    4 septembre 2011

    Monsieur McNichols-Tétreault,
    Il va de soi que j'abonde dans votre sens, même si j'ai plutôt parlé États généraux sur l'indépendance dans mon texte précédent. Si jamais le courant se mettait à couler du côté États généraux sur l'avenir du Québec, et que ceux-ci puissent s'avérer réalisables, alors je ramerai de toutes mes forces dans ce sens là.

  • Lise Pelletier Répondre

    3 septembre 2011

    M.McNichols,
    Des états généraux par les mouvements citoyens bénévoles peut redonner à ceux-ci la foi pour rebâtir la démocratie.
    Mme Marois qui dit que le programme de gouvernance souverainiste sera appliqué malgré les discussions lors de ces états généraux, je peux comprendre qu'elle ne peut jouer à la girouette, sauf que le problème c'est le programme.
    Du jour, où le PQ a appliqué la bonne gouvernance pour aller chercher de nouveaux appuis, afin de survivre il a dû accepter de s'entourer de lobbyistes qui en profitent maintenant pour détourner la sociale démocratie à leurs avantages.
    Le but étant de détruire l'état, combien d'années a-t-on entendu "les québécois vivent dans un état providence, mantra répété par les médias collabos a donné aux Eric Duhaime de ce monde des tribunes pour vendre leurs salades de droite.
    Voilà pourquoi le citoyen a la désagréable impression d'être seulement un con-tribuable et se désintéresse de tout en se disant que ce sont tous des menteurs qui ne sont là que pour le pouvoir et l'argent.

  • Luc Archambault Répondre

    2 septembre 2011

    Les États généraux du peuple Souverain du Québec
    Pour faire suite aux États généraux du Canada français
    C'est logique. À l'époque on faisait référence à une entité abstraite regroupant les canadiens d'origine neufrançienne incluant les Acadiens.
    Aujourd'hui, ce dont il est question c'est de l'avenir démocratique national du peuple Souverain du Québec.
    Cela dans le but de mettre au point les termes du dispositif politique capable de former la COALITION NATIONALE - Démocratie et Souveraineté du Québec.
    PÉTITION pour COALITION NATIONALE - Démocratie et Souveraineté du Québec

  • Henri Marineau Répondre

    2 septembre 2011

    M.McNichols Tétreault,
    Je dois vous concéder que votre argumentaire a ceci d'avantageux sur les États généraux sur la souveraineté proposés par Pauline Marois en ce sens qu'il élargit le débat au-delà de la partisanerie pour tenter de récolter les graines qui permettront de faire germer l'avenir du Québec!
    C'est pourquoi, je vous proposerais de changer votre titre pour "Des États généraux sur l'avenir du Québec"
    Je souhaite sincèrement que votre proposition "fasse des petits"!
    Encore une fois, bravo pour votre idée "originale" qui a le mérite de sortir des sentiers battus et d'apporter un vent de fraîcheur sur les discours actuels, souvent redondants, qui gravitent autour de l'indépendance!

  • Archives de Vigile Répondre

    2 septembre 2011

    Les partis politiques étant eux-mêmes remis en question, il serait vain, risqué et inutile de leur demander d’appuyer, de prendre ou de diriger cette initiative. Leur habitude de contrôle de la parole est aussi incompatible avec l’objectif de libérer la parole.
    Je suis tout à fait d'accord avec ce texte et plus précisément avec ce qui est cité tout en haut de mon intervention.
    Je propose donc à titre de président des États généraux pour le Québec, monsieur Jocelyn Desjardins et à titre de co-président, monsieur Daniel Breton.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 septembre 2011

    Quel beau programme ! Une autre révolution tranquille pour le Québec du XXIe siècle. Je ne sais pas si votre proposition est réaliste, mais je pense que si elle se concrétisait, les Québécois se verraient pousser des ailes.
    Voyons voir quels seront vos appuis.