Ce qui est remarquable dans la crise souverainiste actuelle dont les acteurs sont des partis, des leaders et des individus tous isolés, c'est que chacun défend son propre fond de commerce dont la particularité devrait à leurs yeux permettre l'existence d'un parti.
Chaque tribun, leader ou démissionnaire qui se manifeste sur la scène de la souveraineté détient à la fois quelques bonnes idées et quelques grandes faiblesses parmi lesquelles je place les idéologies de gauche ou de droite, ce qui démontre à quel point nous avons besoin les uns des autres alors que la dynamique actuelle nous éloigne et nous sépare. Une équipe de 15 personnes médiocres a plus de chances que 15 leaders brillants mais isolés de réussir un projet. Le succès de la révolution tranquille a été de réunir autour d'un leader respectable, admirable mais pas flamboyant, une équipe de gens intelligents, énergiques, capables de penser et de communiquer et résolument engagés dans le désir collectif de construire l'état du Québec. Les Québécois ont suivi avec fierté et bonheur ce moment de libération.
Le paradigme canadien français - québécois auquel appartenait la grande majorité des individus qui composaient l'équipe du tonnerre, tout comme ceux qui les avaient soutenus, ne leur a pas permis de se rendre jusqu'à l'idée d'indépendance géopolitique du Québec, laquelle supposait entre autres choses l'abandon de l'utopie canadienne-française (Trudeau et le French Power) et le réseau des canadiens-français du ROC dont le mouvement souverainiste a dû se libérer avec tristesse. Le Québec non abouti n'a pas eu la capacité à ce jour de restaurer ses liens ancestraux avec la diaspora francophone dispersée au Canada et aux États Unis. En omettant ce devoir, le Québec obsédé par la gouvernance de son état inabouti et incomplet, se délaisse d'une responsabilité et d'une opportunité incroyable pour son rayonnement culturel en Amérique. Que penser de sa quasi non-existence sur la scène politique et économique mondiale ?
La montée du mouvement indépendantiste dans les années soixante qui était l'aboutissement naturelle de la révolution tranquille encouragée par l'appui inespéré de DeGaule qui avait le recul nécessaire pour voir mieux que nous-mêmes notre destin et de surcroît était dépourvu du complexe du colonisé, constituait un nouveau paradigme hors de portée de l'identité canadienne- française-québécoise des pères de la révolution tranquille. Le ROC de Pearson puis de Trudeau ont tout fait depuis ce temps pour nous arrêter.
Bourgault, le RIN et les autres indépendantistes précurseurs qui les ont précédés ne portaient pas en eux le paradigme du Canada français. Ils étaient libres. Ils avaient compris que la prochaine étape devait être l'indépendance. Ils étaient conscients que le Canada ferait alliance avec l'élite canadienne-française québécoise qui avait mise au monde la révolution tranquille pour arrêter par tous les moyens démocratiques ou machiavéliques le mouvement. Le Québec est en contention et on peut qualifier d'oligarchie tous les acteurs de cette mise hors jeu. Les discours et stratagèmes des médias fédéraux ou appartenant aux empires financiers, les services spéciaux de sécurité canadiens, les partis et gouvernements fédéralistes, et tout ceux qui tirent avantage du régime fédéral et du patronage depuis l'époque de Louis Hippolyte Lafontaine : car le Canada est un pays riche de nos contributions capable de récompenser la soumission.
Les fédéralistes d'aujourd'hui ne portent plus dans leur imaginaire le paradigme du Canada-français d'un océan à l'autre et ne rêvent même plus d'un Canada bilingue ou d'un French Power à Ottawa. Leur paradigme est économique, multiculturel, mondialiste. C'est ce qui fait l'intérêt et la pertinence du député indépendant Jean-Martin Aussant qui a la compétence et l'éloquence pour démonter les raisonnements économiques faussés qui enferment une majorité de Québécois dans le paradigme fédéraliste canadien.
L'ennui dans la période actuelle que nous traversons, c'est que dès q'un indépendantiste ou un souverainiste se fait remarquer, il devient en lui-même un chef ou un mouvement potentiel. Cela avait commencé avec Lévesque dont la défection du parti libéral contribua à la fin du mouvement de la révolution tranquille et au repli des libéraux. L'Union Nationale avait repris le pouvoir en 1966. Ce gouvernement reprit l'idée d'indépendance non pas en tant que projet collectif mais en tant qu'instrument de marchandage envers le gouvernement canadien pas si éloignée de la gouvernance souverainiste qui se situe dans l'héritage de duplessisme. L'indépendance brandie comme menace et non comme notre destin. Le dragon de papier mâché enchaîné dans la tour de l'édifice du parlement de Québec qui sortit ses nasaux lors de l'échec du Lac Meech...
La principale difficulté que nous rencontrons présentement n'est pas due au contenu théorique ou à l'intérêt des Québécois pour l'idée de l'indépendance qui se trouve même en période de crise comme celle que nous traversons aux alentours de 40% + ou - 3 ou 4 %, mais bien dans l'incapacité de travailler ensemble, de constituer une équipe de personnes brillantes dépourvus d'ambition personnelle mais réunies dans leur passion pour un projet d'émancipation et de libération nationale comme ce fut le cas durant la révolution tranquille. Sans une équipe dont le but est d'orchestrer les qualités complémentaires de ses membres et d'établir les stratégies politiques appropriées, rien n'est possible. Les Québécois le savent d'instinct : Un projet est viable en autant qu'il y ait des compétences aptes à le mettre en oeuvre avec succès. Or tous les membres de cette équipe potentielle sont aujourd'hui divisés.
Je me méfie des leaders isolés qui nous disent tassez-vous moi je sais quoi faire et qui veulent nous imposer leurs qualités et leurs faiblesses en même temps que leur programme. La liste est longue et quelques uns nous menacent présentement autant de leurs qualités que de leurs défauts. En général nous devons toujours subir les deux. Les équipes, au contraire sont là pour stimules les qualités et atténuer les défauts. Regardez-les tous isolés, il y en a un nouveau qui se manifeste chaque jour ces temps-ci. Du démissionnaire au candidat à la chefferie ! Et l'échiquier souverainiste-indépendantiste n'est plus un orchestre mais une véritable cacophonie. Les sauveurs n'existent pas.
La seule solution est de constituer une équipe. Pas des coalitions de partis parce qu'il est impossible de discuter avec un parti. Un parti diffuse des discours tout fabriqués et produit des militants répétiteurs de ces discours à la langue de bois que les Québécois ne peuvent plus endurer. Un parti c'est rigide comme un cadavre.
Une équipe souple constituée de personnes doit comprendre les compétences requises pour mener à bien le projet d'indépendance nécessaire au contrôle de notre état national garant de la survie de notre culture, de renouveler la démocratie afin de permettre la participation des citoyens au processus gouvernemental, de mettre en place les mécanismes constitutionnels qui forceront les gouvernements du Québec successifs à travailler dans l'intérêt des Québécois et non dans celui des intérêts corporatifs privés.
Il nous faut aussi des humanistes capable de voir que le rôle des citoyens ne se résume pas à une valeur économique et que les conditions de vie sont inacceptables pour plusieurs segments de la population.
Il nous faut donc des compétences dans les domaines des finances de l'état bien certainement, mais aussi de l'environnement et de l'énergie, de l'aménagement et des transports, de la protection civile, de la sécurité et de la défense du territoire, des relations internationales, de la culture et des communications, de la santé et de l'éducation, il nous faut la participation de représentants de toutes les nations autochtones qui participent aux valeurs sacrées de notre pays et qui ont une relation intime avec le territoire québécois, il nous faut des personnes qui connaissent la réalité des villes et villages, des régions du pays, il nous faut mener des assemblées et des forums de discussion autour des éléments de ce programme national dans chacun des comtés du Québec et c'est à l'issue de ces assemblées que les participants seront en mesure de choisir leurs représentants à l'Assemblée Nationale.
Ces assemblées locales ne seront pas orchestrées et organisées dans la métropole ou la capitale mais spontanément dans chaque ville et village, comté, région qui le désire. Il faut que les citoyens s'expriment pas seulement pour se défouler, ce qui est une étape nécessaire mais les amener au-delà à contribuer à la construction des projets dans chaque domaine. Nous avons tout à apprendre de nos concitoyens. Ils savent mieux que personne ce qui ne marche pas.
C'est un nouveau paradigme qu'il faut partager et non pas une nouvelle gouvernance qu'il faut imposer.
Le service public, le rôle de représentant, les rôles ministériels ne devraient plus être confiés à des carriéristes mais à des gens compétents et pour des mandats limités, comme le propose avec justesse la Coalition de François Legault. Mais le paradigme de François Legault en mettant de côté le projet d'indépendance et en ne se préoccupant pas suffisamment de la participation citoyenne et de la justice sociale, se place au service du corporatisme et de l'économie.
François Legault aurait été un membre rêvé de l'équipe que nous appelons, mais il est un exemple de celui qui se trompe en pensant que sa vision partielle de la société peut suffire à la conduite d'un état. Il n'a pas trouvé cette place au PQ et un nombre grandissant de personnes compétentes ne s'y retrouvent plus. Ce n'est donc pas la fin du mouvement indépendantiste, probablement la fin du péquisme et du souverainisme. Nous n'en serons pas plus mal. En cette période ou nous n'avons plus rien à perdre, il faut nous réunir en tant que personnes libres au lieu de nous diviser pour sombrer séparément avec des structures de partis obsolètes. Mettez de côté pour une fois vos idéologies, vos partis et vos ambitions personnelles et carriéristes. Dans cette nouvelle équipe à former hors de toutes les structures existantes, il y a de la place pour chaque leader, pour chaque citoyen.
Il faut libérer le pays mais aussi que chaque Québécois se libère lui-même : Pas de pays libre sans citoyens libres
VIVE LE QUÉBEC LIBRE
Gérald McNichols Tétreault
Marois, Legault, David-Khadir, les démissionnaires, les anciens chefs et députés
Urgence de resituer l'ensemble du mouvement
La guerre des chef et des partis paralyse l'avenir : sans nous ils ne sont rien
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5 commentaires
Archives de Vigile Répondre
29 août 2011À Mr Tétreault
Cette lettre écrite par Mr Navarro me prouve avant tout que cet ancien attaché politique du Parti Québécois possède un talent certain pour l’écriture de roman de science-fiction…
S’il est vrai que «qu’après la « percée » de juillet 1967, le général voudra « occuper le terrain » en envoyant Alain Peyrefitte en mission au Québec (septembre 1967), porteur d’une lettre adressée à Daniel Johnson dite « de Cracovie»… et qu’à sa connaissance, Johnson fut prit d’un malaise cardiaque… il ne congédia cependant pas son interlocuteur. Par contre, il est vrai qu’il aurait déclaré que «tout cela allait trop vite…»
Tant qu’au contenu de cette lettre… elle ne fait que confirmer les accords conclus entre Québec et la France. Et NULLE PART, PAR LA SUITE, Alain Peyrefitte, porteur de cette lettre en sa qualité de ministre de l'Éducation nationale ou d’un QUELQUONQUE autre COLLABORATEUR DU GÉNÉRAL NE RAPPORTA QUE JOHNSON FUT QUALIFIÉ DE «PETIT BONHOMME» PAR DEGAULE. IL N’Y A QUE DANS LA TÊTE À NAVARO QUE CE SERAIT PASSÉ… LE DEVOIR LAISSA PASSÉ CETTE ÉNORMITÉ EN 2007.
Cette lettre en était une de proposition de coopération politique franco-québécoise sur le modèle de l’entente franco-allemande
http://books.google.ca/books?id=oIE2tDcCmV4C&pg=PA23&lpg=PA23&dq=Lettre+de+Cracovie+Daniel+Johnson&source=bl&ots=Vx0AmmDl13&sig=1zGZCD8uAJ1WLrky9DE78V6Nxpo&hl=fr&ei=35FbTqv_DvPI0AHEoN2TCQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=2&ved=0CB4Q6AEwAQ#v=onepage&q=Lettre%20de%20Cracovie%20Daniel%20Johnson&f=false
page 23
http://agora.qc.ca/textes/peyrefitte.html
Je tenais simplement à préciser les faits… pour ne pas dire, les rétablir. Parcqu’en ce qui concerne les «médias québécois peu axé sur l’auto-critique…» ce n’est pas tant envers le discours fédéraliste/souverainiste qu’ils font preuve de malhonnêteté… ben bien plutôt envers les politiques véritablement nationaliste avancé par ses partis… tel le fut en son temps le parti de Johnson.
Et je terminerai justement sur l’exemple de leader de parti multiculturaliste et mondialiste, pseudo-souverainiste (souveraineté-associationnisme… fédéralisme renouvelé…) ayant pu largement bénéficier jusqu’à ce jour de la complaisance des médias québécois…
http://www.youtube.com/watch?v=IzqG1aArT70
Sylvain Marcoux
Gérald McNichols Tétreault Répondre
28 août 2011@ Monsieur Marcoux : au sujet du général De Gaule et de Daniel Johnson, relisez la lettre parue sur Vigile : http://www.vigile.net/Un-petit-bonhomme
qui prouve que je ne suis pas le seul à avoir pris connaissance de ce commentaire appuyé du général.
Prenez le temps de relire mes deux textes et vous comprendrez que la polémique que vous tentez de soulever m'est complètement égale.
Très amusant de voir comment les médias québécois peu axés sur l'auto-critique et chauvins, ont passé sous silence ces témoignages.
Pour le reste, je maintiens l'intégralité de ce que j'ai écrit et pris la peine de préciser plus tôt. Désolé si j'ai pu attrister certaines personnes toujours attachées à l'Union Nationale, il se trouve que je n'ai pas une grande sympathie pour les partis politiques fédéralistes ces temps-ci, et pour tous ceux qui se sont acharnés et s'acharnent toujours à repousser la libération de mon pays. Je conviens que vous n'êtes pas d'accord avec moi et que c'est réciproque, voilà tout.
Archives de Vigile Répondre
28 août 2011À Mr Tétreault,
Lorsque j’avance que Johnson père «lança le chantier Manic-5… et bien, cela suppose que l’on se rappelle que ce chantier fut lancé par Daniel Johnson lorsqu’il fut nommé ministre des Ressources hydrauliques le 30 avril 1958 dans le gouvernement Duplessis, poste qu'il conservera dans le gouvernement Sauvé et le gouvernement Barrette, jusqu'à la défaite de l'Union nationale en 1960…
http://www.assnat.qc.ca/fr/deputes/johnson-(pere)-daniel-3725/biographie.html
http://www.fdworld.net/Manic5/CentralesM5.shtml Barrage Daniel Johnson; construction ; 1959-1971
Il serait donc inexact d’affirmer que la construction de ce plus gros barrage à voûtes multiple au monde s’est terminé en 1964, le tout, sous le Gouvernement libéral de Jean Lesage
Mais je ne vous blâme pas que vous vous en rappeliez plus… car s’il y a une chose que l’on doit se rappeler de cette époque… c’est qu’un black out total fut exercé par les libéraux envers tous ce qui c’est fait de bon au Canada français avant leurs arrivés au pouvoir en 1960… et que la période 66-70 sous le gouvernement de l’Union National ne ralentit en rien cette mise en valeur de l’État québécois.
Par contre, je serai désolé de ne pas suivre votre conseil «de laisser reposer les morts en paix». À ce titre, il faudrait taire les atrocités commises par les Hitler, Staline et Colborne de ce monde. Il faudrait également taire les saloperies exécuté sous Trudeau. Bref, ce serait la fin de l’étude historique.
Donc, pour revenir à ce lugubre personnage que fut Godin… ce qu’il fit de différent par rapport à ses successeurs au postes de ministre de l’immigration et des communautés culturelles, c’est qu’il ne se cachait même pas pour affirmer haut et fort qu’il était multiculturaliste… et que son «nationalisme» n’était qu’un piège à con électoraliste… Le tout, avec la bénédiction de son chef René Lévesque, qui reçu d’ailleurs sa fameuse médaille maçonnique la même journée que lui en Mai 85…
Comment alors se prétendre nationaliste, de se vanter de sauver le Québec et sa spécificité culturelle, puis de singer le multiculturalisme comme le fit Trudeau (en dévaluant le statut des deux peuples fondateurs, dont évidemment le canadien-français) ???
Et lorsque vous affirmez; «En ce qui concerne la venue au Québec et à Montréal du Général de Gaule lors de l’Expo 1967, qui invita sans succès Johnson à rien de moins que de déclarer l’indépendance du Québec avec l’appui de la France, alors que celui-ci refusa la perche du rendez-vous historique que lui tendait De Gaule»… et bien, j’aimerais bien que vous me référeriez vos sources… car à l’évidence, elles diverges des miennes qui m’informes que le Général fut invité à l’initiative de Johnson et qu’ils avaient concluent des ententes commerciales et politiques qu’ils gardaient dans leurs poches advenant l’échec des négociations constitutionnelle qui elles, étaient déjà en cours entre les émissaires provinciaux québécois et fédéraux. Le décès tragique (ce sont les mots de radio-canada) nous empêchera à jamais de savoir jusqu’où auraient aboutis ces accords… Sans même parler de la situation politique et social qui s’est d’ailleurs dégradé en France à la même époque…
Donc, revenez-moi donc avec vos thèses après avoir prit connaissance de ça…
http://www.evolutionquebec.com/site/nom/levesque.html
http://archives.radio-canada.ca/emissions/504/
Tant qu’à votre point de vue qui dirait que ; «c’est le droit du sol qui prévaut et non celui du sang : quiconque habite le Québec ou a décidé de s’y établir et d’y vivre en permanence a après avoir reçu la citoyenneté (il y a des conditions pour cela dans tous les pays du monde) aura le statut de citoyen québécois quel que soit son origine ethnique.»
Et bien, voyez donc ce que ça donne en d’autres lieux… «plus avancés» que le notre en matière de «droit du sol»…
http://fr.gloria.tv/?media=132442
Amicalement,
Sylvain Marcoux
Gérald McNichols Tétreault Répondre
28 août 2011@ Sylvain Marcoux. Je comprends mal cotre courroux à l'égard de mon texte.
La première coulée de béton du barrage Manic V dont je n'avais même pas parlée dans mon article, a bel et bien eu lieu en 1962 et la construction du barrage s'est terminé en 1964, le tout, sous le Gouvernement libéral de Jean Lesage. Pierre Laporte avait essayé de convaincre Hergé de s'y intéresser pour en faire une aventure de Tintin. Terreur à la Manicouagan, une aventure de Bob Morane de Henri Verne que nous avons tous lu étant petits, se déroulant sur le chantier de Manic V a été publié en 1965. Vous pouvez n'être pas d'accord avec mes interprétations et je peux aussi m'être trompé sur quelques détails mais de là à discréditer mon essai par une affirmation erronée, cela me semble exagéré.
Au plan des interprétations, comprenez que j'inclus dans le terme "fédéralistes" les adeptes du beau risque et ceux des programmes de gouvernance provinciale souverainistes. C'est mon opinion.
En ce qui a trait aux intéressantes entrevues de Gérald Godin que vous avez eu la gentillesse de me soumettre, dont l'une date de 1981 et l'autre de 1982, je vous conseille de laisser reposer les morts en paix. Un discours politique émis dans le contexte de 1982 ne peut être présenté comme une opinion actuelle. Le monde et la société ont changé de visage depuis cette époque. Personne ne peut prédire ce que Gérald Godin dirait aujourd'hui à ce sujet. La seconde entrevue démontre d'ailleurs l'évolution de sa pensée dans le temps. Ceci dit, l'intégration des communautés culturelles a été un échec dans bon nombre de pays. Un denturologue égyptien a lavé ma voiture pendant plusieurs années. J'en avais honte pour mon pays. Depuis ce temps le Québec a développé la notion d'interculturalisme. Il y a un travail qui se fait avec les associations professionnelles dans le but d'en arriver un jour à une reconnaissance des compétences acquises dans d'autres pays. Le multiculturalisme continue d'avoir ses partisans ici-même et d'être appliqué au Canada alors qu'il est remis en question dans de nombreux pays dont la Grande Bretagne qui sert si souvent de modèle aux élites canadiennes.
Vous avez raison de dire que l'Université du Québec a été fondée en 1968. Je n'ai jamais affirmé le contraire. Dans le cas des CEGEP, vous omettez de dire que le projet de loi de 1967 fut porté sous le Gouvernement de l'Union nationale par nul autre que l'ancien vice premier-ministre et ministre libéral de l'éducation de 1964 à 1966, alors député de l'opposition, Paul-Gérin Lajoie qui continua de siéger à l'Assemblée Nationale jusqu'en 1969. Il s'agit donc d'une persistance de la révolution tranquille.
En ce qui concerne la venue au Québec et à Montréal du Général de Gaule lors de l'Expo 1967, qui invita sans succès Johnson à rien de moins que de déclarer l'indépendance du Québec avec l'appui de la France, alors que celui-ci refusa la perche du rendez-vous historique que lui tendait De Gaule, oui, je qualifie cette page de l'histoire de l'Union Nationale et du Québec comme le point de rupture avec la révolution tranquille. DeGaule qualifia d'ailleurs Johnson de "petit homme" après le rejet de cette offre. J'affirme de plus que nous avons été gouvernés de façon provinciale par beaucoup de ces "petits hommes" éternels quémandeurs auprès d'Ottawa et absents de la scène mondiale, depuis ce temps et que cela semble vouloir se poursuivre. J'affirme que la "gouvernance souverainiste" et la Coalition Sirois-Legault sont destinés à poursuivre cette politique qui se renouvelle sous de nouveaux prétextes de mandat en mandat. Il en va ainsi de la mentalité coloniale.
Relisez la question référendaire de 1980 : cela ne dit pas "voulez-vous que le Québec devienne un pays libre et démocratique" ou rien d'aussi clair. Donc ce jeu de demi-mesures, de peur de faire peur, s'est poursuivi jusqu'à nous. C'est l'absence d'affirmation. La notion de souveraineté est un artifice de langage qui ne correspond à rien de concret dans la tradition québécoise. Alors que les mots de DeGaule étaient clairs, nets, simples et précis : VIVE LE QUÉBEC LIBRE.
Je ne comprend pas votre avant-dernier paragraphe mais je vais vous dire qu'à mon point de vue c'est le droit du sol qui prévaut et non celui du sang : quiconque habite le Québec ou a décidé de s'y établir et d'y vivre en permanence a après avoir reçu la citoyenneté (il y a des conditions pour cela dans tous les pays du monde) aura le statut de citoyen québécois quel que soit son origine ethnique. Le français sera cependant la langue officielle et la langue d'usage. L'état sera laïque. La religion est une affaire privée et il faut cesser d'identifier nos concitoyens par leur appartenance religieuse. C'est l'identité individuelle qu'il faut atteindre lorsqu'on cherche à briser l'isolement qui nous sépare de l'autre. Sans cette rencontre, l'intégration est impossible. Dans les années 1970, Radio-Canada avait une merveilleuse émission qui s'appelait "ILS SONT DES NÔTRES" et qui permettait à des nouveaux arrivants de se présenter, de parler en tant qu'individus de leurs origines et de leurs projets.
Outre la nation québécoise inclusive, les nations autochtones (inuits et amérindiennes) devront être reconnues en tant que nation avec des droits particuliers sur leurs territoires.
Concernant Jean-Martin Aussant je soutiens qu'il possède les compétences nécessaires pour contrer la propagande économique fédéraliste qui a servi à effrayer les Québécois depuis le début de la lutte pour l'indépendance nationale. C'est la seule chose que j'ai dite sur lui parce que je ne connais rien d'autre de lui. Il représente une ressource essentielle pour le mouvement indépendantiste. Cela n'a rien à voir avec le nationalisme et le multiculturalisme. Je n'ai pas analysé non plus ses positions sur d'autres sujets parce que je ne vois pas en lui un sauveur qui devrait répondre à toutes les questions. Je suis certain qu'il ne m'en voudra pas de cela. Jean-Martin Aussant est le seul à avoir dénoncé le plan Drainville qui ne propose aucune mesure satisfaisante en faveur de l'indépendance.
Mon texte mentionne justement que les politiciens pris isolément, véhiculent le meilleur et le pire (c'est normal, ils sont des humains comme nous). Les sauveurs sont en général capable du meilleur et du pire et en général vont nous offrir les deux. C'est seulement en formant des équipes de personnes qualifiées, compétentes et connectées sur la société et capables de comprendre la notion de bien-public, comme Jean Lesage l'avait fait avec son équipe du tonnerre pour l'élection du 22 juin 1960 qu'on arrive à permettre à chacun de ces représentants de donner le meilleur de lui-même sur des tâches précises et adaptées à leurs habiletés et que par le même processus de travail en équipe on atténue le pire de chacun par les échanges et les discussions que l'existence de ces équipes favorisent. Or que voit-on aujourd'hui ? Des individus isolés: chefs de partis plus seuls que jamais, des démissionnaires en quête de projet, des députés abandonnés à eux-mêmes et des militants désabusés.
Je vous remercie finalement de m'avoir donné l'occasion de préciser ma pensée.
Gérald McNichols Tétreault
Archives de Vigile Répondre
27 août 2011Mr Tétreault
Vous dites par ce paragraphe ;
«Les fédéralistes d’aujourd’hui ne portent plus dans leur imaginaire le paradigme du Canada-français d’un océan à l’autre et ne rêvent même plus d’un Canada bilingue ou d’un French Power à Ottawa. Leur paradigme est économique, multiculturel, mondialiste. C’est ce qui fait l’intérêt et la pertinence du député indépendant Jean-Martin Aussant qui a la compétence et l’éloquence pour démonter les raisonnements économiques faussés qui enferment une majorité de Québécois dans le paradigme fédéraliste canadien.»
Dois-je vous rappeler que le «paradigme multiculturel et mondialiste» n’est pas le seul apanage des «fédéralistes»… Les «péquistes» pseudo-souverainiste en ont également fait largement l’illustration au cours de leurs pitoyables histoires d’impostures…
À titre d’exemple… prenez donc connaissance de cette entrevue accordée par l’un de ses plus illustres ministres de l’immigration et des communautés culturelles…
http://rc-archives.cbc.ca/emissions/217-973/page/1/ http://www.victorteboul.com/Article.aspx?ID=67&L=fr
Un peu plus loin, vous dites…
«Et, parlant de l’arrivé du Lévesque dont la défection du parti libéral contribua à la fin du mouvement de la révolution tranquille»
C’est donc que vous affirmez que ce mandat de l’Union National qui crée
le réseau de l’Université du Québec, Radio-Québec, les cégeps, la Commission d’études Dorion sur les frontières du Labrador, la Société d’habitation du Québec et bien sûr, lance le chantier de Manic 5. Il pave également la voie au futur régime d’assurance-santé (créée officiellement en 1970). Son acharnement à défendre les intérêts québécois rend les relations fédérales-provinciales tumultueuses. »
Ajoutons l’initiative de la venue du Général Charles De Gaulle en juillet 1967 où il déclara, sur le balcon de l’Hôtel de Vile de Montréal son « Vive le Québec libre ! »…
serait donc à considérer comme ayant été l’arrêt de ce mouvement dit «révolution tranquille» ???
Et vous, de poursuive…
«Ce gouvernement reprit l’idée d’indépendance non pas en tant que projet collectif mais en tant qu’instrument de marchandage envers le gouvernement canadien pas si éloignée de la gouvernance souverainiste qui se situe dans l’héritage de duplessisme. L’indépendance brandie comme menace et non comme notre destin. Le dragon de papier mâché enchaîné dans la tour de l’édifice du parlement de Québec qui sortit ses nasaux lors de l’échec du Lac Meech...»
Mais alors selon-vous, que fut donc «Option-Québec», le «Mouvement souveraineté-association», la question référendaire de 1980 portant précisément sur un mandat de NÉGOCIER (lire mandat de négocier… on ne parle pas ici de négociation effective comme au temps de Daniel Johnson père… mais d’un référendum portant sur un mandat de négocier…) une nouvelle entente de souveraineté-association (mais au fait… n’es-ce pas là déjà ce qu’est la fédération canadienne… une association d’état… ?)
Sinon qu’un autre dragon de papier mâché… ???
Et pour terminer avec «l’intérêt et la pertinence du député indépendant Jean-Martin Aussant»…dites moi donc ce que c’est cette approche, ou du moins, vers quoi mène une attitude semblable sous l’angle nationaliste/multiculturaliste…
«Moi, la façon dont je vois la souveraineté, c'est quelque chose d'extrêmement inclusif qui inclut les gens qui ont choisi d'immigrer au Québec et de vivre avec nous, alors c'est clair que je ne suis pas d'accord avec cet aspect de leur programme»… en référence à la position du Parti indépendantiste sur l'immigration qui prône une baisse de l'immigration et une sélection des immigrants selon leur maîtrise du français.
Faudrait-il en conclure que contrairement aux apparences… notre ami Aussant possède assez de flair pour déceler de quels bois se chauffe ses potentiels sources de financements de «futur» parti… ??? Ce serait alors là un bon exemple de ce que vous décrivez comme étant de la «compétence et de l’éloquence pour démonter les raisonnements économiques faussés qui enferment une majorité de Québécois»…
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/politique/201108/07/01-4424167-jean-martin-aussant-dit-oui-au-pays-mais-non-au-parti-independantiste.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4424078_article_POS2
Sans rancune,
Sylvain Marcoux
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