Tommy Chouinard et Malorie Beauchemin - La ville de Québec souffle ses 400 bougies aujourd'hui. Les cérémonies officielles se bousculeront toute la journée, mais elles ne font pas l'unanimité.
En marge des célébrations se tiendra un spectacle «off-400e», organisé par le collectif Commémoration 1608-2008 et animé par Luck Mervil, pour dénoncer l'évacuation de tout caractère historique des festivités. Musiciens, historiens, cinéastes, comédiens souligneront à leur façon les 400 ans de présence française en Amérique.
Le premier ministre Jean Charest n'est pas froissé par la tenue de cet événement «off-400e». De son côté, le chef de l'ADQ, Mario Dumont, condamne ce spectacle organisé par des «casseux de party» et auquel la leader péquiste Pauline Marois entend participer.
«Tous les Québécois vont avoir un sentiment de fierté (aujourd'hui). S'il y en a qui veulent exprimer une opinion politique, il y a de la place pour ça. Mais je suis convaincu que la tête des Québécois sera ailleurs que là, mais pour ceux qui veulent le faire, tant mieux, on vit dans une société qui permet ça», a affirmé Jean Charest hier, après avoir accueilli l'équipage du majestueux Belem. Le plus ancien trois-mâts français a traversé l'Atlantique pour souligner le 400e anniversaire de Québec.
Pour Mario Dumont, les contestataires auraient dû «baisser la garde et célébrer» aujourd'hui même si les fêtes du 400e ne correspondent pas exactement à leurs attentes.
«Il me paraît que pour Québec et le Québec, prendre un moment pour faire une fête où il n'y a pas une contre-fête, une fête de protestation, il me semble que ça aurait eu sa place. Les gens qui font ça au Québec, on appelle ça des casseux de party ou des chiqueux de guenille. Voir Pauline Marois se retrouver avec eux, je trouve ça un peu bizarre», a lancé le chef de l'opposition officielle.
En plus du «off-400e», un autre mouvement de contestation est né, cette fois en raison de la tenue d'un défilé militaire dans les rues de Québec aujourd'hui. L'organisation pacifiste Guerre à la guerre, qui réclame le retrait des troupes canadiennes en Afghanistan, a promis de perturber le déroulement de la marche au pas. «Québec est transformée en ville occupée'' pendant les fêtes du 400e. Plus d'une vingtaine d'activités de propagande militaire sont au programme», expliquait hier le Collectif Échec à la guerre, qui s'est rallié au mouvement de contestation.
Le programme officiel est plutôt bien rempli. Après un petit-déjeuner offert à l'Hôtel de ville et une messe présidée par l'évêque de Québec, Mgr Marc Ouellet, les politiciens de tous les ordres de gouvernement et les dignitaires étrangers convergeront vers la statue de Samuel de Champlain pour une cérémonie commémorative.
Chacun ira d'une petite allocution: le premier ministre Jean Charest, son homologue français, François Fillon, la gouverneure-générale Michaëlle Jean, puis le chef du gouvernement canadien, Stephen Harper.
À 11h, l'heure approximative à laquelle, le 3 juillet 1608, Samuel de Champlain a foulé le sol de ce qui allait devenir Québec, les cloches des églises retentiront dans 500 villes canadiennes.
La France, pour l'occasion, a dépêché dans la Vieille Capitale quelques-uns de ses ténors politiques, notamment les ex-premiers ministres Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin, ainsi que la candidate défaite à l'élection présidentielle française et leader socialiste, Ségolène Royal.
Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, prendra part aux festivités, notamment le dîner offert par le maire de Québec, Régis Labeaume. Avant d'accueillir le Belem hier, Jean Charest a participé au dévoilement de trois stèles offertes à Québec par les États-Unis, l'État du Vermont et la communauté francophone de la Nouvelle-Angleterre.
Selon le premier ministre, les célébrations du 400e vont renforcer la fierté identitaire des Québécois. «Dans le grand livre de l'humanité, c'est quand même exceptionnel ce qu'on a réalisé au Québec. On a su préserver notre langue et notre culture.»
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