La société des Québécois et les Sociétés d’immigrants !?
Depuis quelques mois, les discussions vont bon train pour un Québec indépendant. Elles sont par moment déconcertantes et parfois surprenantes. Pourtant, selon bien des observateurs, les auteurs de ces échanges, notamment parmi les indépendantistes tenaces et les communautés ethnoculturelles, rares sont ceux qui abordent le type d’institutions du futur Québec ; il n’est jamais question des personnes qui seront concernées par les textes législatifs ; d’aucun ne parle point de la question du syndrome Parizeau[1]. Par ailleurs au sein du Parti Québécois il existe selon les publications accessibles au public deux co-porte-paroles issus de la diversité, alors une question de bon sens se pose : pourquoi deux et pas un ou trois ou encore un par communauté ? Et, pourquoi un porte-parole de la diversité ? Ci-après, une opinion succincte et des questionnements pour un Québec intégrateur et pluriethnique et un projet de société. Quelques pistes de réflexion aideraient à aborder les différentes questions.
Déconcertant et surprenant
Lorsque le 4 septembre 2012, La Première du Québec a été ciblée par un attentat politique terroriste au Métropolis, la tendance était à la banalisation du crime et à la censure de l’information afin que cela ne fasse pas tache d’huile et cela se passait au Canada, plus précisément au Québec. Ce silence imposé pourrait avoir encouragé l’auteur de la menace qui a visée Paul St Pierre Plamondon, élu à l’Assemblée nationale du Québec et chef du parti Québécois. Cependant, signe des temps, plus personne n’en parle!
Comme tout le monde, souvent interpelé par les attentats terroristes il m’arrive de réfléchir et d’analyser apostériori ces évènements. Je sais que des attentats arrivent tous les jours aux USA et ailleurs dans des pays ciblés par les manipulateurs de l’ombre, mais jamais en cette terre d’accueil de milliers d’immigrants constitués de résidents permanents, de réfugiés et de demandeurs d’asile ayant fui leurs pays d’origine traversés par des coups d’État, des guerres, les corruptions multiformes, etc... Quand je chemine le long de mes examens de conscience et que j’estime être en désaccord avec une personne donnée c’est dans un cadre de références bien structurées que nous mettons à plat nos divergences avec un objectif, celui de trouver des axes de convergences.
Durant mes réflexions j’imagine que la menace pour dissuader une personne de ne plus s’exprimer n’existe pas au Québec, un pays démocratique avec un État de droit et les libertés consacrées, malgré quelques insuffisances, par la charte des droits et des libertés... Il est vrai que parmi nous il en existe qui savent qu’une charte des droits et des libertés avec une constitution qui n’a pas été signée par les élus du peuple Québécois n’est pas en adéquation avec les aspirations du peuple, même si elle reste la loi.
Parfois, je me demande ce que vaudraient cette charte et les autres textes de lois que le Fédéral peut remettre en question par ses juges et des textes d’applications qui changent au gré du temps et des gouvernements successifs depuis les années ‘’80’’, si cela se passait dans notre pays devenu indépendant ?
Quelles institutions voudrions-nous avoir ?
Et si, le citoyen Québécois, convient de son avenir en optant pour un Québec indépendant ? Le droit lui appartiendrait aussi d’opter pour une fédération comme les autres pays d’Amérique du Nord ou pour une République pour se différencier des deux autres voisins continentaux.
Dans sa plateforme de projet national le Parti Québécois évoque une seule fois l’option républicaine. Il n’est nulle part question du projet de société qui la sous-tend. Il n’y a aucune mention du découpage territorial et de l’organisation institutionnelle d’un Québec indépendant. À mon avis ce projet ne saurait être le point d’initiation d’un projet de société qui convient aux ambitions des Québécois et à celles de ses communautés aussi diversifiées qu’elles le sont en ce moment. Il y a certes les grandes lignes de ce qui sera fait en matière de langue, d’éducation, d’écologie, etc. … mais les grands axes d’un vrai projet de société sont absents comme le sont les textes fondateurs du Québec indépendant. Je tiens à souligner que les autres organisations qui se qualifient d’indépendantistes ne font pas mieux.
Qui sont concernés par ces textes
En ce qui concerne la future citoyenneté, dont personne ne parle, malgré une entité en charge au Parti Québécois, tous les textes conçus et publiés n’évoquent que très peu les immigrants. Parfois, il est question de ceux qui sont au Québec depuis plusieurs décennies mais ce sont surtout ceux venus d’Europe dont il est question. Presque jamais ceux qui viennent d’Afrique, d‘Asie, des Caraïbes, du Moyen Orient ou d’Afrique du Nord. Les textes et la documentation politiques s’adressent tous aux Québécois de souche…
Le Syndrome Parizeau
De ma culture d’origine, j’ai appris à ne jamais évoquer ceux qui sont partis. Mais leurs idées, bonnes ou mauvaises, leurs pensées, leur appartenance et leur posture politique peuvent faire l’objet d’avis, de commentaires, de discussions et des éclaircissements afin d’éviter les interprétations souvent tendancieuses.
À titre indicatif, j’ai vu, par exemple, le Bloc Québécois (je sais ce n’est pas le PQ) réunir des nouveaux arrivants de quelques communautés ethniques, j’ai applaudi. Toutefois, parmi ces personnes présentes quelques-unes m’ont dit, explicitement : c’est toujours la même chose, ils réunissent quelques personnes. Ça dure quelques minutes et ils en font une tartine… ce sont des images qui frappent mais elles sont vites oubliées.
C’est là, que le fameux énoncé de Parizeau intervient. Il a dit vrai en ciblant ‘’… des communautés …’’. Or, les communautés en 1995 ne sont pas celles de 2020 ; à cette époque, elles étaient presque toutes d’origine européenne et venaient parfois des États-Unis, exception faite des boat people Vietnamiens ou ceux venus du Chili. mais dans l'esprit de tous ce sont toutes les communautés d’immigrants y compris celles arrivées depuis les années ‘’00’’ qui étaient concernées et les adversaires jouent sur la nuance. C'est pour cela que je parle du Syndrome Parizeau. Aujourd'hui presque tous les immigrants pensent que le PQ ne veut pas d’eux, entre autres à cause de cette tirade et la manière dont elle avait été traitée par les adversaires et certains influenceurs, y compris au sein du PQ. À cela vient s’ajouter la période des accommodements raisonnables qui a mis de l’avant les partisans et a cacher les pourfendeurs de l’ombre. Alors, je me suis demandé, depuis sa désignation à la chefferie du Parti Québécois, Paul Saint Pierre Plamondon, a-t-il une seule fois accueilli des nouveaux arrivants ? A-t-il une seule fois réuni des immigrants, même choisis pour échanger avec eux ?
Dans les faits, si hier le Parti Québécois s’est concerté avec quelques communautés, l’a-t-il fait depuis la dernière décennie ? De nos jours il y a quelques groupes avec lesquels des membres s’affichent mais ce n'est pas généralisé et mis à part quelques personnes qui apparaissent plus comme des ''alibis'', elles sont ainsi perçues de l'extérieur de l’organisation alors que la diversité est représentée par deux Co-porte-paroles très loin des autres.
Et pourquoi deux porte-paroles issus de la diversité au PQ ?
Comme au Parti Québécois (il existe les Québécois et les autres, les immigrants), il existe aussi pour la diversité deux Co-porte-paroles. A Montréal, je croise tous les jours le chemin de deux sociétés éloignées l’une de l’autre : La société Québécoise et la Société des immigrants. En raison du multiculturalisme qui non seulement ostracise ces derniers mais les éloigne de la société d’accueil et sépare les communautés les unes des autres. Le pire c’est lorsque des bien-pensants, individus et partisans, évoquent l’inclusion, ignorant que l’étymologie du concept est latine - inclusio (enfermement) - s’agissant de compromission, d’emprisonnement, de réclusion … et le pire, c’est que tous ceux qui s’occupent de la diversité sont des immigrants, à qui aucune chance n’est donnée pour s’impliquer autrement.
Pour un Québec intégrateur et pluriethnique :
Pour ma part, c’est dans la perspective d’une intégration intensive que :
J’applaudirais si une Déclaration ayant pour Objectifs l’Indépendance du Québec et pour disposition la concrétisation d’une République Sociale-Démocrate venait à être conçue et vulgarisée;
J'applaudirais le jour ou je verrai un Projet de Société regroupant tous les grands agrégats d’un rassemblement des Québécois de quelques origines que ce soit;
J’applaudirais le jour où je verrai une véritable définition de ce que sera le citoyen Québécois dans une république Québécoise.
J’applaudirais le jour où je verrai la mise en œuvre d’un Plan de Communication s’adressant à toute la population (comprenant celle qui est d’une autre obédience politique, etc…).
Projet de société du Québec
En fait la question à laquelle nous revenons systématiquement est la suivante : Veut-on faire du Québec une fédération ou veut-on en faire une république ? Une république de citoyens qui parle plus aux immigrants ou une fédération de sujets qui les laissera de pierre. Pourquoi une république et pas une fédération ? Parce que pour motiver, sensibiliser et mobiliser les immigrants à faire partie du projet de société à venir, les concepts politiques doivent leur parler. Les mots ont leur importance disent les anthropologues, les linguistes, les sociologues, etc… Alors, tant que le parti Québécois, tant que ses membres, tant que les indépendantistes n’ajustent pas leur langage pour parler aux immigrants … j’imagine l’éloignement de ces derniers du projet indépendantiste.
Le Québec que j'ai en tête
En fait, un Québec moderne devrait être édifier autour de quelques paramètres qui ne sauraient occulter les suivants : ainsi le Québec que j’ai en tête
- C’est celui des héritiers des révolutionnaires tranquilles qui ont tracé le chemin vers l’indépendance, malgré une adversité significative et persistante depuis plus d’un demi-siècle;
- C’est celui des agriculteurs qui produisent de quoi alimenter non seulement les Québécois mais aussi une partie de l'Amérique du Nord;
- C’est celui des bâtisseurs qui ont édifié l’industrie et le commerce du Québec moderne;
- C’est celui des chercheurs des universités et des intellectuels qui accompagnent le citoyen dans sa quête d’un bien être toujours renouvelé;
- C’est celui des femmes qui ont rejoint le monde du travail et qui ont transformé une société religieuse en une autre moderne, de développement et de progrès...!
- C’est celui de ces enfants de deuxième, troisième, quatrième générations et leurs héritiers intégrés à une société ouverte pour faire une place à tous.
Le Parti Québécois doit sortir de sa bulle
Mon questionnement vient de ce que j'entends et vois sur le terrain avec les communautés ethniques et je n'en reviens pas de l'éloignement du Parti Québécois de ces ‘’sociétés immigrantes’’. Je dis bien sociétés immigrantes parce qu’elles sont coupées de la société d'accueil. À mon avis le Parti Québécois pourrait créer l'évènement à condition qu'il se départisse du syndrome de Jacques Parizeau, qu’il sorte de sa bulle et qu'il initie une véritable politique d'intégration des immigrants. Il doit changer la donne pour que les immigrants se rapprochent de lui et éviter que même s'ils sont indépendantistes dans l'âme beaucoup d’entre eux se soient éloignés de lui.
Ferid Racim Chikhi
[1] Le 30 octobre 1995, 23 h 09, Jacques Parizeau dépité déclare : ‘’C’est vrai, c’est vrai qu’on a été battus, au fond par quoi ? Par l’argent puis des votes ethniques, essentiellement’’ : phrase choc juste après la défaite du OUI.
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8 commentaires
Sylvio Le Blanc Répondre
11 avril 2024M. Chikhi, vos arguments ne tiennent pas la route. Êtes-vous de bonne foi ?
Vigile.Quebec vous donne un délai pour corriger votre texte une fois envoyé. Malgré cela, des fautes grosses comme le bras sont demeurées dans le titre et le surtitre du vôtre.
À l'avenir, prenez le temps de corriger votre texte avant de l'envoyer, si, bien entendu, vous connaissez assez bien le français. À vous de voir. L'autre option est d'écrire en arabe, puis d'employer Google traduction.
Ferid Chikhi Répondre
14 avril 2024J’ai répondu à ce commentaire tout a fait déplacé mais il n’a pas été pris en considération par le modérateur. Alors je vous le redis : Ni le français ni l’arabe ne sont mes langues premières. Le reste se passe de commentaires supplémentaires.
Ferid Chikhi Répondre
12 avril 2024Effectivement, l'option existe pour la correction avant la publication mais le système de correction automatique ... Parilleurs, NON ! M. Le Blanc, le français n'est pas ma première langue et encore moins l'arabe.
À bon entendeur salut !
Sylvio Le Blanc Répondre
14 avril 2024Je ne sais pas ce que ce passage veut dire, M. Ferid Chikhi : « Effectivement, l'option existe pour la correction avant la publication mais le système de correction automatique... » Un autre passage obscur. Il faudrait nous expliquer.
« Parilleurs », c'est un mot que je ne connais pas.
Peu importe quelle est votre langue maternelle, M. Chikhi, servez-vous de Google traduction si nécessaire.
Sylvio Le Blanc Répondre
10 avril 2024Autrement dit, M. Chikhi, ces fautes n'ont pas d'importance pour vous. Est-ce cela ?
Sylvio Le Blanc
Ferid Chikhi Répondre
11 avril 2024M. Le Blanc,
Tout simplement comme je l'ai signalé à la rédaction, une fois le texte publié, il n'y a pas de fonction ''modifier'' pour le faire moi même. J'ai donc demandé à la rédaction si un modérateur peut le faire ...
Merci de votre intérêt.
Sylvio Le Blanc Répondre
8 avril 2024M. Chikhi,
Quatre fautes d'orthographe dans le titre et le surtitre, c'est beaucoup:
« POUR UN QUÉBEC ÉMANIPÉ ET INDÉPENDANT !
Pour un Quebec Émancipé et independant ! »
Sylvio Le Blanc
Ferid Chikhi Répondre
9 avril 2024M. Le Blanc, Vous avez raison... En journalisme on dit : Le lecteur aura corrigé de lui même. Ce qu'à l'évidence vous faites très bien.