Derrière l'insulte de Duceppe

Dur, dur de réconcilier "guerre juste" et "pratiques condamnables". La propagande se tortille les méninges pendant que les harpériens déclinent la logique impériale. "Qui bono?"...

Jeudi, en pleine Chambre des communes, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a traité le ministre des Affaires étrangères, Maxime Bernier, de «petit con». Un propos déplacé pour lequel M. Duceppe aurait dû s'excuser.

Si l'insulte est condamnable, c'est aussi le cas de l'attitude cavalière dont a fait preuve M. Bernier et qui a fait sortir le chef bloquiste de ses gonds. Alors qu'on l'interrogeait au sujet des allégations de mauvais traitements infligés aux talibans transférés par l'armée canadienne aux autorités afghanes, M. Bernier a répondu par un commentaire partisan, se moquant du départ pour le PQ du bloquiste Maka Kotto.
C'est à se demander si ce ministre, si ce gouvernement saisissent bien ce qui est en jeu dans cette controverse. Il ne s'agit pas seulement d'une affaire potentiellement nuisible pour les perspectives électorales du Parti conservateur. Les droits fondamentaux de dizaines d'Afghans auraient été violés. La légitimité de la mission occidentale est fragilisée. La réputation internationale du Canada est ternie.
Le gouvernement Harper s'efforce depuis huit mois de minimiser les allégations de torture, soulignant chaque fois qu'elles proviennent de talibans. Il faut, en effet rester prudent. Mais les informations sont corroborées par des sources diverses et prises au sérieux par des organisations internationales crédibles. Elle sont aussi trop nombreuses pour qu'on les écarte du revers de la main.
Le gouvernement s'appuie sur les ententes qu'il a conclues avec le gouvernement afghan, ententes qui lui permettraient de superviser le sort fait aux détenus transférés. Un rapport publié la semaine dernière par Amnistie internationale (AI), de même que les documents déposés en Cour fédérale, soulèvent toutefois beaucoup de doutes sur les possibilités qu'ont les représentants canadiens de suivre le parcours des prisonniers dans le dédale carcéral afghan. Ni la commission afghane des droits de la personne ni l'ONU ni la Comité international de la Croix-Rouge n'ont pu obtenir libre accès aux centres de détention des services secrets du pays.
M. Bernier ne méritait pas l'insulte que lui a lancée Gilles Duceppe. Toutefois, force est d'admettre qu'il ne semble pas gérer ce dossier avec toute la compétence et la détermination qui s'imposent. Les démarches faites jusqu'à maintenant par Ottawa auprès de Kaboul pour améliorer le traitement des détenus ne semblent pas porter fruit. Au lieu de faire le cabotin, le ministre des Affaires étrangères devrait informer correctement les Canadiens sur la situation. Il devrait, notamment, leur faire part des solutions envisagées. Faut-il imposer un moratoire sur les transferts des détenus, comme le recommande AI? Pourquoi pas?
La semaine dernière aux Communes, M. Bernier s'est livré à de la petite politique. Or, l'heure est à la grande politique.
- source

Featured e9ce29e1df8a56a11b26e68ffd733781

André Pratte878 articles

  • 307 530

[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé