Coalition avenir Québec

De tout pour tous

Élection Québec 2012



La Coalition avenir Québec (CAQ) publiait dimanche son programme. En 94 engagements, on y trace la feuille de route d’un éventuel gouvernement caquiste. Ses 111 pages d’explication soulèvent toutefois plus de questions qu’elles n’apportent de réponses.
La rédaction de ce « Plan de relance pour le Québec » était un passage obligé pour la CAQ. Contrairement aux libéraux et aux péquistes, qui ont l’avantage d’années de présence au gouvernement, elle devait montrer qu’elle saurait faire aussi bien qu’eux, voire mieux.
Ce document donnera l’impression qu’elle a bien fait ses devoirs. On y trouve tous les grands enjeux de l’heure : dette, financement des programmes, accès aux soins de santé, décrochage scolaire, financement des universités, exploitation des richesses naturelles, création d’emplois, renforcement de la langue française. Bref, il y a de tout pour tous.
Généreux d’esprit, le chef caquiste, François Legault, promet beaucoup. Selon ses adversaires, déjà 4 milliards de dollars, ce qui comprend une réduction d’impôt de 1000 $. Dépenses qu’il financera par une vaste réingénierie de l’État : abolition des commissions scolaires, réduction de quelques milliers de postes à Hydro-Québec, « dégraissage de la bureaucratie », allégement des structures, tout particulièrement dans les secteurs de la santé.
Comment un gouvernement caquiste réalisera-t-il tout cela ? Les réponses sont brèves et incomplètes, surtout quand il s’agit des comptes. M. Legault, qui s’est déjà livré à l’exercice d’un budget de l’an un lorsqu’il était député péquiste, se garde bien de nous en proposer un, mais nous met en garde.
Dans une note liminaire, écrite en tout petits caractères, comme dans les contrats d’assurance, il prévient : « Les engagements qui seront mis en oeuvre par un gouvernement de la CAQ [le seront] dans le respect de la loi sur l’équilibre budgétaire. » Bref, une seule chose est certaine. Avec un gouvernement Legault, il n’y aura pas de déficit. Le reste n’est que promesses.
Tout ne tient toutefois pas à l’argent dans ce programme où se trouvent tout de même de bonnes idées. Comme la modification de la Loi sur les normes du travail pour donner cinq jours de congé pour obligations familiales. Ou encore l’interdiction d’exporter l’amiante. En fait, il serait souvent plus juste de parler de bonnes intentions, dont certaines sont de l’ordre du fantasme.
Difficile de croire que François Legault, qui a tout de même quelques années de participation à un gouvernement derrière lui, puisse vraiment penser obtenir du gouvernement fédéral des transferts de pouvoirs en matière de culture, de télécommunications, d’environnement et d’énergie. Après avoir dit samedi qu’il voulait rapatrier tous les pouvoirs en environnement, il s’est d’ailleurs vite repris pour faire savoir que ce ne serait pas pour tous les pouvoirs et pas dans le premier mandat.
De telles promesses relèvent de l’esbroufe pour racoler un électorat nationaliste. Il serait plus convaincant si, sur la question des écoles passerelles, il ne cherchait pas à embrouiller les cartes en demandant un impossible amendement constitutionnel plutôt que d’avoir recours à la clause dérogatoire, qu’il a mise de côté dans un gros clin d’oeil à la communauté anglophone.
Le problème de M. Legault est qu’il court plusieurs lièvres à la fois dans un ballet improvisé, comme le montre bien la publication, hier dans The Gazette, d’un appel au vote des anglophones de Montréal, tout de suite après avoir promis une grande réforme de la gouvernance de Montréal. La chose dont ces électeurs veulent le moins, eux qui se sont tant opposés aux fusions, c’est bien que l’on touche aux pouvoirs de leurs arrondissements. Peut-être a-t-il besoin d’une boussole pour ne pas se perdre ainsi sur des terrains où il s’aventure sans les connaître.


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