De la poudre aux yeux et passons vite à autre chose

En réponse à un article de Bernard Amyot: De grâce, passons à autre chose!

Tribune libre



Tout d'abord, il faudrait remarquer que Me Amyot n'est pas un avocat ordinaire. Il travaille aux bureaux montréalais de cette mégafirme Heenan Blaikie, qui est associée au PLC. Feu PET a déjà travaillé pour eux. Jean Chrétien "oeuvre" actuellement dans leurs bureaux d'Ottawa.

Me Chrétien conteste actuellement le jugement de la commission Gomery, sûrement avec l'assistance de ce même cabinet. Ça coûte cher de l'heure, ce genre de ressources-là. Et ce sont les contribuables, même les Québecois, qui auront à payer pour ça.

[Pour revenir à Me Amyot->3118], il a été le gouverneur du conseil pour l'unité canadian à partir de 2002, aux beaux temps des coffres libéraux bien gonflés aux frais des contribuables.

Cette subordination à ces employeurs explique son idéologie et sa perception du nationalisme québécois, qu'il résume ainsi: "leur projet ethnique." Du trudeauisme pur. Ça fait écho à ce qu'un pseudo historien torontois, [Michael Bliss, écrivait dans le National Post récemment->3105].

Il reprend à peu près les mêmes arguments que Bliss quand il nous met en garde sur les dangers du nationalisme ethnique. Il qualifie de paravent, qui prête à la confusion, le concept de nation civile et conclut, avec un de ces sophismes propres aux fédéralistes de son extraction, que c'est une démarche purement identitaire.

Il se dit perplexe devant la myriade de sens contradictoires et de pièges dont trop peu de gens semblent se soucier en rapport avec ce simple concept de nation. Fascinant, venant de la part d'un avocat si impartial. Il dénonce un certain unanimisme de façade et il déplore qu'il n'y ait jamais eu de réel débat sur ça. Il s'est peut-être tenu trop longtemps avec Stéphane Dion, parce que le débat essentiel là-dessus, celui qui se fait entre québécoises et québécois, il se fait depuis fort longtemps et, maintenant, proche de 50% des québécois n'acceptent plus ce statut de province.

Je ne voudrais pas rendre Me Amyot davantage perplexe, mais, regardons ensemble la définition du mot province, qui vient du latin provincia: pour les vaincus. S'il se sent confortable avec ce statut, soit, mais, ça ne lui confère pas le droit de dire n'importe quelle ânerie au sujet des nationalistes québécois.
Je me demande dans quelle province il habite quand il nous explique que les indépendantistes n'ont pas démontré la nécessité objective de leur démarche.

Attendez, laissez-moi penser un peu: la déportation de nos frères et de nos soeurs de l'Acadie, la sanglante conquête de 1760, les rébellions de 1837-1839, l'incendie de la chambre de l'assemblée du Bas-Canada en 1849 orchestrée par les loyalistes auteurs et lecteurs de la Gazette, la pendaison de Louis Riel et la mort d'une grande partie du Canada-Français en dehors du Québec après 1885, les crises et impositions de conscription de la guerre des Boers, de la 1re et de la 2e guerre mondiale, la loi des mesures de guerre de 1970, la nuit des longs couteaux, le coup de force constitutionnel de 1982, Meech, Charlottetown, entente de Calgary, le sacrifice d'une plus grande proportion de québécois francophones que ceux du reste du Canada pour la guerre en Afghanistan, etc.

Quoi? Il ne faut pas évoquer ça. Ça fait trop ethnique?

Un peu plus loin dans son texte, il nous livre la fourberie suivante que Serge Joyal a répété ad nauseam: les pères de la confédération avaient déjà reconnu le fait que le Québec représente le foyer principal de la nation canadienne-française et que ses pouvoirs en matière de droits civils, de santé et d'éducation devaient relever exclusivement de la souveraineté provinciale. Le Canada moderne a fait de notre pays l'une des fédérations les plus décentralisées au monde.

La réalité historique, Me Amyot, c'est que les gouvernements libéraux, avant même l'époque de votre mythique Trudeau, cherchaient à centraliser davantage le pouvoir à Ottawa et à empiéter dans des juridictions provinciales telles que: municipalités, éducation, santé, etc. Le gouvernement militariste de Harper ne semble pas disposé à inverser cet état de fait.

Pour conclure, j'ose espérer que vous avez fait ça bénévolement. Parce que, si Heenan Blaikie vous a payé pour écrire ça, ils n'en ont pas eu pour leur argent...

Daniel Sénéchal
Montréal


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé