Comme chaque année à Toronto, le 12 juillet, les Orangistes fêtent “leur” victoire à la bataille de la Boyne en Irlande. C’était le 12 juillet 1690, soit 48 ans après la fondation de Montréal par Maisonneuve.



Cette victoire a vu l’armée protestante de Guillaume d’Orange battre l’armée catholique de Jacques ll, suivie d’une prise de possession de l’Irlande, suivie par d’atroces massacres. Un demi siècle plus
tard, les Anglais l’emportaient contre les Écossais à la bataille de Culloden en Écosse, le 28 avril 1746. Nouveaux massacres. Treize ans plus tard, le 13 septembre 1759, les Anglais “gagnent” la bataille des plaines
d’Abraham à Québec. Destruction de 1400 fermes mais pas de massacre ni déportation cette fois. les Anglais n’étant pas en position de force dans le Saint Laurent, pour des raisons géographiques et reliées
au Saint Laurent et pour des raisons géopolitiques, à cause de la révolte des deux millions de Yankees au sud de la frontière du Québec.


Dans les trois cas, les fanatiques Orangistes fêtent ces batailles comme autant de victoires de la vertu contre le vice, aussi simpliste que cela puisse paraître.

En réalité, Guillaume d’Orange, qui est aux débuts de toute cette histoire et qui n’avait pas le sou, n’aurait rien gagné sans l’appui financier du clan italien des Odescalchi, qui contrôlait la banque du même
nom.

Ce qui est encore plus étrange, curieux et incroyable, c’est que l’homme qui autorisa ces emprunts magistraux, Benedetto Odescalchi, était nul autre que le pape Innocent Xl, réputé comme étant mort en
odeur de sainteté.

Selon plusieurs historiens dont les Italiens Rita Monaldi et Francesco Sorti, dans un ouvrage paru en 2007, Innocent Xl a bel et bien prêté de grosses sommes d’argent au prince protestant Guillaume d’Orange
pour qu’il chasse le catholique Jacques ll du trône d’Angleterre. Sans cet argent, Guillaume d’Orange n’aurait jamais pris le trône de l’Angleterre ni battu le roi Jacques ll à la bataille de la Boyne en Irlande,
le 12 juillet 1690.

Le pape trouvait que Jacques ll manquait de jugement pour occuper le trône d’Angleterre et il ne voulait que le faire abdiquer pour le remplacer par Guillaume, plus doué comme chef d’État.

Et alors, de quoi se vantent les Orangistes d’aujourd’hui lorsqu’ils célèbrent la bataille de la Boyne comme une de leurs “grandes victoires”, la deuxième étant celle de Culloden en Écosse, le
28 avril 1746, suivie d’un horrible massacre des habitants des Highlands. La troisième grande “victoire” des Orangistes serait celle des plaines d’Abraham à Québec le 13 septembre 1759.


Il est évident que Benedetto Odescalchi a lui aussi manqué de jugement et de sens stratégique puisqu’il ne connaissait évidemment pas les principes universels qui doivent gouverner toute
stratégie d’État. Remarquez que, catholique pratiquant, cette erreur de jugement m’affecte peu, car le manque de jugement n’est pas péché en soi. C’est humain de se tromper mais ce qui est
répréhensible, c’est de ne pas s’être suffisamment instruit afin d’éviter l’erreur. À ce point de vue, j’approuve la position des rabbins juifs, qui exigent de chacun de leurs sujets qu’ils étudient toute
leur vie, afin de faire acte de présence dans le monde.


Les Orangistes n’ont rien qui justifie leurs vantardises. Pas plus que nous serions justifiés parce que nos lointains ancêtres ont gagné la bataille de Hastings le 14 octobre 1066 en Angleterre, suivie
d’une occupation de ce pays qui dura jusqu’à l’arrivée d’Henri Vlll (Tudor) sur le trône d’Angleterre. D’ailleurs, Henri Vlll n’a pas manqué d’envoyer les derniers seigneurs Normands
frire sur le bûcher.


Toute cette histoire doit nous servir de leçon, afin que, entrant à notre tour dans l’histoire, nous évitions les erreurs regrettables qui se paient pendant des siècles par la suite.

Cette année à Toronto, la parade des Orangistes n’avait aucun poids politique. Une parade de “Miss Orange” aurait obtenu plus de succès.


JRMS