Crise économique - Des rumeurs inquiétantes

À l'évidence, les prochains jours seront déterminants. Faute d'un plan de relance complet et prometteur, l'opposition n'aura d'autre choix que de renverser ce gouvernement.

Crise politique canadian

Plus nous nous rapprochons de la présentation du budget fédéral prévue pour la fin du mois, plus les déclarations des ministres fédéraux laissent entrevoir de quel bois se chauffe le gouvernement Harper. Et pour le moment, ça n'a rien de réconfortant.
Hier, Statistique Canada nous apprenait que le taux de chômage était passé de 6,3 % à 6,6 % de novembre à décembre dernier au Canada, et de 7,1 % à 7,3 % au Québec, où le nombre de chômeurs est maintenant de 307 000. En termes absolus, ces chiffres paraissent élevés, mais quand on les compare au passé, ils se situent encore dans une zone confortable: il y a dix ans, à la même date, le Québec comptait 30 000 chômeurs de plus pour une population en âge de travailler moins nombreuse de 200 000 têtes.
C'est d'ailleurs ce qui explique que les Canadiens commencent à peine à ressentir les effets concrets de cette crise qui touche surtout les États-Unis, où les dernières données nous apprennent que le taux de chômage atteint maintenant 7,2 %, un record des 16 dernières années.
Pas besoin d'être prophète pour prévoir que la récession américaine qui s'annonce longue et profonde aura des répercussions graves chez nous, et ce, dans un avenir très prochain.
Devant la menace d'une accélération de la glissade, tous les gouvernements provinciaux, et surtout Ottawa, sont à préparer des plans d'intervention que l'on souhaite musclés. La semaine prochaine, le premier ministre Harper rencontrera ses homologues des provinces, mais par la suite, il décidera seul du contenu du budget avec, en toile de fond, la menace d'être renversé en Chambre.
Or, depuis quelques jours, des indices laissent croire que ce plan Harper sera au moins aussi électoraliste qu'économique, et qu'il pourrait faire fi des leçons de la crise financière pour suivre une ligne des plus conservatrices en matière de fiscalité. Ainsi, alors qu'Ottawa devrait accorder la priorité à l'investissement et à l'emploi, le ministre des Finances, Jim Flaherty, a laissé miroiter l'idée de baisser les impôts des individus et des entreprises. Pourtant, ce ne sont pas les sociétés rentables qui ont besoin d'aide, mais celles qui sont menacées par le resserrement du crédit et par la chute des exportations et de la demande des consommateurs.
Ce ne sont pas non plus les particuliers du haut de l'échelle qui ont besoin d'un coup de main, mais ceux que la perte d'un emploi empêchera de payer leur loyer. En conséquence, s'il est un groupe auquel il faudra venir en aide, c'est celui des chômeurs de n'importe quelle région, et non seulement des régions les plus pauvres, qui choisissent de retourner aux études au lieu de prendre le chemin de l'aide sociale. C'est aussi celui des aînés qui ont vu leurs épargnes fondre à cause de la crise financière, puis celui des familles à revenus modestes qui ne manqueront pas de dépenser chaque dollar reçu au lieu de le mettre de côté.
Autre rumeur surréaliste: selon le Globe and Mail, Ottawa inclurait dans son plan une forme de soutien particulière pour encourager l'achat ou la location de voitures, sans doute celles qui sont construites par l'un des trois canards boiteux de l'industrie américaine. Qu'est-ce que cette folie? Pourquoi favoriser ainsi l'achat d'automobiles à crédit aux dépens des autres moyens de transport ou de vrais investissements, comme la rénovation immobilière? Pourquoi sinon pour plaire aux électeurs ontariens et albertains, deux groupes qui dépendent des industries de l'auto et du pétrole et dont M. Harper a besoin en cas d'élections générales précipitées?
À l'évidence, les prochains jours seront déterminants. Faute d'un plan de relance complet et prometteur, l'opposition n'aura d'autre choix que de renverser ce gouvernement.
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j-rsansfacon@ledevoir.ca


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