Copenhague: Alain Dubuc craint pour l'unité du pays

Si Jean Charest est â Copenhague, c'est pour augmenter la crédibilité du Canada

Tribune libre 2009

Si Jean Charest est â Copenhague, c'est pour augmenter la crédibilité du Canada, qui n'en a plus aucune en matière de développement durable et d'environnement. Les délégués des autres pays fuient lorsque le représentant du Canada se présente sur la tribune.

C'est comme, il y a 90 ans, lorsqu' Ottawa avait été invité à la conférence impériale qui a suivi la première Guerre mondiale.

Les "Canadians" avaient pour fonction d'augmenter la crédibilité de l'Angleterre. Plus réalistes, les Anglais ont fini par adopter les Statuts Refondus de Westminster qui débutaient le démantélement de l'Empire britannique.

Jean Charest pourrait profiter de son séjour au Danemark pour se faire conter l'histoire de l'Union Kalmar, qui a débuté en 1397 (c'était 1867 pour la Scandinavie) avec l'annexion de la Suède-Finlande et de la Norvège et leur inféodation définitive à le Couronne danoise. Ce fut un dol très habile de la part de la reine Marghrete du Danemark, qui a fait de toute la Scandinavie un seul royaume sous sa gouverne.

En 1523. sous la conduite de Gustave Vasa, (dont le père avait été décapité devant son fils pour "rébellion" contre Sa Majesté danoise ) les Suédois, (les Svers) ont réalisé une première indépendance par rapport au Danemark, mais les Danois ont partitionné le territoire de la Suède en gardant sous leur contrôle le Blekinge, le Halland et la Scanie cette dernière immortalisée par les romans policiers qui racontent l'histoire de l'inspecteur Wallender.

Sans s'énerver, les Suédois ont pris le temps qu'il fallait pour organiser l'armée la plus moderne du temps (parce que la dernière) et 150 ans plus tard, sous Gustave Adolphe, l'armée suédoise a repris les territoires partitionnés par le Danemark et qui sont demeurés suédois depuis.

Les Danois n'ont pas compris que décapiter un homme devant son propre fils pouvait porter à conséquence, lorsque petit garçon deviendra grand...

Jean Charest pourrait se donner la peine d'étudier les facteurs géopolitiques dont les continuités ont abouti à de tels résultats, à long terme, tout comme pour nous.

Dans le cas qui nous préoccupe, le message envoyé par Ottawa est simple: le gouvernement fédéral ne représente plus ce qu'il représentait. Il a donc besoin d'un représentant de "province" sur place pour augmenter sa crédibilité devant les 192 délégués réunis à Copenhague. [Le Québec est déjà le 193e État de cette réunion.->24295]

J'ai écrit la même chose au prince Charles et il n'a pas répondu. Cette constatation de STATUT perdu n'est pas l'expression du mépris, ni du rejet, ni de lèse majesté, seulement une constatation géopolitique, une loi naturelle qui se confirme.

Le jeu d'intérêts et des rapports de forces se déplace à l'intérieur de l'espace continental canadien. car le Canada est un continent distinct au nord des États Unis, un continent dans lequel subsiste un État post impérial, centralisateur et unitaire , maintenant confronté à de nouveaux États qui demandent à naître. Ce n'est pas une révolution mais un processus de nature.

Le temps efface les préjugés et confirme les lois naturelles, dit un proverbe arabe. Cela se confirme maintenant.

À suivre...

JRMS

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René Marcel Sauvé217 articles

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J. René Marcel Sauvé, géographe spécialisé en géopolitique et en polémologie, a fait ses études de base à l’institut de géographie de l’Université de Montréal. En même temps, il entreprit dans l’armée canadienne une carrière de 28 ans qui le conduisit en Europe, en Afrique occidentale et au Moyen-Orient. Poursuivant études et carrière, il s’inscrivit au département d’histoire de l’Université de Londres et fit des études au Collège Métropolitain de Saint-Albans. Il fréquenta aussi l’Université de Vienne et le Geschwitzer Scholl Institut Für Politische Wissenschaft à Munich. Il est l'auteur de [{Géopolitique et avenir du Québec et Québec, carrefour des empires}->http://www.quebeclibre.net/spip.php?article248].





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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    11 décembre 2009

    Désintégrationn canadienne et accomodements:
    « Ottawa empiète sans vergogne sur les compétences des États de la fédération. «Peu chaut aux tenants du multiculturalisme que les fondements mêmes du fédéralisme canadien s'effondrent, que les provinces soient reléguées au rang d'administrations régionales, que le Canada devienne un agglomérat d'individus disparates et sans racines. Les démocrates de service du Canada anglais, si prompts à crier au scandale devant la moindre expression du sentiment national québécois, restent motus et bouche cousue devant la désintégration de leur propre pays, pourvu que le Québec écope et que l'on fasse échec à ses revendications traditionnelles. Il en résulte que même le sentiment national canadien s'effrite dangereusement. On dirait qu'il n'y a que deux fondements à la «canadianité»: la Charte des droits et les subventions aux groupes culturels »
    MICHAUD, Yves (1930-)

  • Archives de Vigile Répondre

    11 décembre 2009

    Je ramène en contexte un texte de M Sauvé: L'implosion du Canada
    http://www.quebeclibre.net/sauvetexte.html
    C'est ce texte et quelques principes de géopolitique 101 qui m'ont guidé pour écrire ceci:
    http://www.vigile.net/La-fin-du-Canada-de-Trudeau
    JCPomerleau

  • Gilles Bousquet Répondre

    11 décembre 2009

    M. Dubuc, un fédéraliste qui écrit dans un journal fédéraliste, s'inquiète de l'unité du Canada sans placer le Québec au centre du danger de séparation appréhendée.
    Nouveau et intéressant. Est-ce que la peur fédéraliste se serait déplacée vers la séparation qui viendrait de l'Ouest canadien ?