Commission Charbonneau – Vincent Auclair, persona non grata à Laval… et au PLQ

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Le PLQ: encore pris la main dans le sac

Quand il a dévoilé en 2010 que Gilles Vaillancourt lui avait offert une enveloppe d'argent lors d'une élection partielle en 2002, Vincent Auclair a vu tout son quotidien de député s'effondrer. Le politicien est devenu «persona non grata à Laval», mais aussi au sein du Parti libéral du Québec, qui l'a «complètement abandonné», a-t-il dit jeudi devant la commission Charbonneau.
«Ça m'a coûté cher, ça a été extrêmement dur», a indiqué M. Auclair, député de Vimont entre 2003 et 2012. «Personne ne voulait me voir. Le message était clair: vous ne côtoyez plus le député de Vimont.» L'étude de notaire de son père a elle aussi payé le prix de ses aveux. «Mon père a perdu tous ses contrats à Laval. J'ai compris c'était quoi la capacité [de Gilles Vaillancourt] de détruire quelqu'un».
Vincent Auclair avait reconnu une partie des événements à Radio-Canada en novembre 2010. Il avait alors indiqué s'être fait offrir par l'ex-maire Vaillancourt une enveloppe d'argent lors de sa première campagne électorale en 2002. Mais il avait aussi soutenu avoir refusé l'enveloppe. «Il me remet ça. Puis là, moi, je suis très surpris. Donc, la première chose que je fais, c'est que je refuse. Puis ça a fini là», disait M. Auclair en point de presse à l'Assemblée nationale le 16 novembre 2010.
L'ex-député a reconnu jeudi avoir «joué avec les mots». Dans les faits, il a accepté l'enveloppe de M. Vaillancourt, parce qu'il «ne savait pas comment s'en sortir». L'ex-maire lui en imposait, a-t-il autrement reconnu jeudi. «J'étais plus qu'impressionné de le rencontrer», a-t-il dit. Car M. Vaillancourt, à Laval, «c'est quelque chose.»
Il a donc pris l'enveloppe, est sorti et a immédiatement raconté les événements à sa «nounou», une avocate dépêchée par le Parti libéral du Québec pour le guider dans sa campagne électorale. Les deux ont convenu de laisser le directeur de la campagne de M. Auclair régler le dossier.
Ce directeur de campagne n'était nul autre que Louis-Georges Boudreault, présenté par Vincent Auclair comme un «gourou», une «star» de l'organisation politique à la «feuille de route extraordinaire». M. Boudreault a été nommé par Jean Charest «bénévole de l'année» du PLQ en 2010. Il a été arrêté par l'UPQC en avril 2012 pour abus de confiance et participation à une infraction dans un autre dossier.
Vincent Auclair se serait fait dire par M. Boudreault qu'il allait «s'en occuper». Il n'en a plus entendu parler et n'a pas cherché à savoir comme l'organisateur s'était dans les faits occupé de l'affaire. Pour M. Auclair, le dossier était clos: il avait l'impression d'avoir refusé l'argent offert.
S'il n'a pas jugé bon de rendre publique cette tentative de corruption, c'est que Vincent Auclair pensait qu'il n'avait pas de preuve permettant d'accabler Gilles Vaillancourt. Et aussi parce qu'il savait que l'affaire aurait un immense impact sur lui. De fait.
En dévoilant l'histoire en 2010, «je savais que j'allais vivre ce que je n'avais pas voulu vivre en 2002», a-t-il confié devant la commission. «J'étais conscient que Gilles Vaillancourt allait utiliser tous les moyens pour m'écraser. Je savais que j'allais frapper un gros mur. Mais je ne pensais que ce serait aussi gros que ça.»
Non seulement a-t-il été mis au ban des événements tenus à Laval, mais son propre parti politique l'a renié, a dit Vincent Auclair. «Dans les discussions que j'ai eu avec le parti avant le reportage de 2010, j'ai réitéré que j'avais tout donné à M. Boudreault. Ils m'ont dit qu'ils avaient vérifié que M. Boudreault ne se souvenait de rien. Pour moi, c'est clair: le parti m'a totalement abandonné, il ne viendra pas me défendre.»
Le seul côté positif de tout ça, a-t-il ajouté, c'est qu'il a «recommencé à avoir des week-ends libres».


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