Commerce interprovincial: James Moore veut abattre les barrières

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Une consolidation politique cachée sous des apparences économiques

(Ottawa) L'ère du protectionnisme à l'intérieur même des frontières canadiennes tire à sa fin, estime le ministre fédéral de l'Industrie James Moore, qui évoque la possibilité d'une nouvelle entente sur le commerce intérieur au plus tard en 2016.
En quelques mois, M. Moore a réussi à donner un nouvel élan au mouvement prônant l'abolition des barrières au commerce interprovincial. Il a d'abord multiplié les rencontres avec ses homologues provinciaux pour les inciter à conclure une nouvelle entente. Il a ensuite prononcé une série de discours dans les principales villes canadiennes pour souligner l'importance d'éliminer les entraves intérieures au moment où le Canada multiplie les ententes de libre-échange avec d'autres blocs économiques. Enfin, il a réussi à convaincre les premiers ministres des provinces d'inscrire cette épineuse question à l'ordre du jour de la plus récente réunion du Conseil de la fédération, en août, à Charlottetown.
À l'issue de cette réunion, les premiers ministres ont décidé de créer un sous-comité chargé d'accoucher d'une nouvelle entente d'ici 2016. Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, et ses homologues de l'Ontario (Kathleen Wynne), de la Saskatchewan (Brad Wall) et de la Nouvelle-Écosse (Stephen McNeil) font partie de ce sous-comité.
Le groupe n'a pas encore eu l'occasion de se rencontrer depuis qu'il a été formé. Mais le ministre Moore croit que le mouvement en faveur de l'abolition des barrières est solide et irréversible.
«Je suis optimiste, même si de temps en temps, je trouve cela un petit peu frustrant parce que cela prend beaucoup de temps. Mais il faut admettre que c'est un débat qui existe depuis 150 ans. Ce n'est pas nouveau. Cela a toujours été difficile de trouver un terrain d'entente pancanadien qui va donner des bénéfices à chaque région du pays», a dit M. Moore dans une entrevue accordée à La Presse.
«Je n'ai aucun doute que les premiers ministres sont sincères d'avoir une entente de qualité et complète pour l'ensemble des 13 provinces et territoires en 2015. Nous avons maintenant un processus qui est clair, et c'est maintenant aux provinces d'avoir une nouvelle entente entre elles d'ici 2016. En tant que gouvernement fédéral, nous allons faire tout ce que nous pouvons pour ajouter du momentum à ce processus.», a-t-il ajouté.
En janvier, M. Moore compte rencontrer à nouveau ses homologues provinciaux pour faire le point sur cette question et déterminer les mesures de soutien qui pourraient être offertes au sous-comité de premiers ministres.
En outre, le gouvernement Harper compte profiter de son prochain budget, prévu en février, pour annoncer de nouvelles mesures qui favoriseraient l'abolition des barrières au commerce interprovincial.
Appel au privé
Enfin, M. Moore a confié à La Presse que son ministère retiendra les services d'une entreprise privée afin de créer un index du commerce intérieur qui détaillera, pour la première fois, les irritants au commerce intérieur pour la majorité des secteurs de l'économie dans chaque région du pays.
La conclusion d'une nouvelle entente constituerait, selon le ministre, «un vrai nouveau départ pour la confédération. Cela établirait un vrai lien économique est-ouest qui procurerait de nombreux avantages aux contribuables.»
On estime entre 40 milliards et 60 milliards de dollars les pertes économiques liées au protectionnisme interprovincial. Il existe plusieurs barrières au commerce intérieur, notamment sur le marché des contrats publics. Mais la barrière qui est le plus souvent citée en exemple touche le secteur des vins. Il est très difficile pour les producteurs de vin de la Colombie-Britannique de vendre leurs produits dans l'est du pays.
En entrevue, le ministre Moore a répété qu'il juge ridicule que les entreprises étrangères, en vertu des accords de libre-échange conclus avec le Canada, aient un meilleur accès aux marchés canadiens que les entreprises canadiennes elles-mêmes à cause des barrières au commerce interprovincial.
«On se tire dans le pied en ayant de telles barrières», a-t-il dit.


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