Fusionner Option nationale et Québec solidaire? Les fréquentations entre les deux partis ont recommencé officiellement.
Le mariage s’annonce toutefois beaucoup plus difficile à conclure qu’on pourrait le croire. Presque aussi ardu que la simple alliance électorale que QS et le Parti québécois n’ont pas réussi à conclure.
Un texte décapant
Vous doutez du choc QS-ON à venir? Allez lire Denis Monière dans la dernière livraison de L’Action nationale (Juin-Septembre 2017), la vénérable revue centenaire.
Professeur de Sciences Po à l’UdM, Monière a été candidat ONiste dans Sainte-Marie–Saint-Jacques en 2012 et il est en plus président de la commission politique d’ON.
Dans son article, Monière décrypte le programme de QS quant à l’indépendance; à partir des écrits et non des déclarations de porte-parole ou d’élus. Le résultat est décapant. Il parle de «miroir aux alouettes», de «raccourcis intellectuels».
Sa principale critique : QS se dit indépendantiste, mais ne remet pratiquement jamais en question les politiques du fédéral! En tout cas, pas «dans les chapitres des programmes consacrés à l’économie, à l’environnement, aux politiques sociales, aux transports, etc.». Même en matière de logement social, QS n’a rien à dire sur Ottawa.
C’est comme si le «Canada n’existait pas comme décideur politique!» conclut Monière.
Tabou du statut politique
Comment expliquer cela? Tentons une hypothèse. Tous les partis du Québec, de 1867 à 1995 environ, ont critiqué le système fédéral canadien. Honoré Mercier a inventè l’interparlementarisme pour contrebalancer l’imperium d’Ottawa; Duplessis a mis sur pied, en 1953, la Commission Tremblay «sur les problèmes constitutionnels».
Les critiques se sont intensifiées dans les années 1960 en raison de la montée du souverainisme. Les fédéralistes québécois ont été contraints de proposer un Dominion renouvelé.
Mais tout a échoué : la souveraineté en 1980, en 1995. Le fédéralisme renouvelé entre autres en 1971, 1981, 1987, 1992.
Après 1995, ces questions sont déclarées taboues. Les décideurs promettent de se concentrer sur les « vrais » problèmes : déficits, dettes, économie.
Des souverainistes ont tenté de garder leur proposition vivante. Mais après deux échecs et pétris de mauvaise conscience (effet «votes ethniques»), ils tentent de développer un discours «positif». «On ne fait pas l’indépendance “contre”.»
Résultat : même un parti qui se prétend indépendantiste comme QS ne semble plus tellement voir le problème du statut politique actuel du Québec. Même lui, qui prétend par ailleurs voir clair dans les «systèmes» d’oppression (racisme, sexisme, etc.) ne s’intéresse pas aux rapports de force au sein du Dominion, lesquels rapports désavantagent la nation québécoise et son État.
Comme le souligne Monière, QS n’a d’ailleurs jamais appuyé le Bloc et est muet face aux commémorations grossières du 150e anniversaire du Dominion.
L’assemblée constituante proposée par QS pourrait «déboucher sur un référendum pour ratifier 1982», écrit Monière. Il ne faut pas «présumer de l’issue des débats», peut-on lire dans le programme de QS.
Il serait surprenant que les militants d’ON (ceux qui restent) adhèrent à une telle proposition.
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