Gouvernement Charest

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Plan NORD du PLQ


On le sait maintenant, le plan Nord dont le premier ministre
Jean Charest aime émailler ses discours n'existe pas. C'est
d'abord un slogan publicitaire conçu à l'automne 2008 pour
attirer le vote des électeurs des régions nordiques du Québec.
Néanmoins, l'idée d'un tel plan est bonne... à la condition que
l'on ait une vision bien structurée du développement du Nord
québécois. Bref, que l'on se donne un vrai plan.
La ministre Nathalie Normandeau, à qui le premier ministre a confié la responsabilité (on ne
peut parler de mise en oeuvre d'une chose qui
n'existe pas), a admis cette semaine que ce
«plan» n'était pour l'instant rien de plus
qu'une «démarche». Que dire d'autre puisqu'elle n'a même pas de politique du Nord à
proposer aux participants à la première rencontre là «Table des partenaires du Nord» qui
aura lieu à Québec au début de novembre.
Une façon de dire qu'on amorce un processus de concertation
qui, un jour, débouchera sur un plan.
S'il était amusant de voir la ministre Normandeau s'enferrer
dans un débat sémantique autour du mot «plan», il faut constater au moins une chose positive. Il existe bel et bien de la part du premier ministre Charest et de son gouvernement une volonté d'accentuer le développement des régions nordiques. Il faut s'en
réjouir. Il suffit de regarder une carte des ressources naturelles du Québec pour constater
que le Nord peut être une véritable «mine
d'or» ces prochaines décennies.
L'actuel premier ministre n'est pas le premier à avoir cette intuition. Dans les années
1920 et 1930, Alexandre Taschereau a fait de
la colonisation de l'Abitibi «le grand oeuvre»
de son régime. Maurice Duplessis ouvrait
pour sa part la porte au développement minier de la Côte-Nord avec la construction de Schefferville à la
fin des années 1940. Pour Jean Lesage, ce fut le développement
hydroélectrique avec la Manic, voie suivie à son tour par Robert
Bourassa avec le développement de la baie James. L'entente de
la baie James conclue avec les Cris et les Inuits mit en place
pour la première fois une approche structurée du développement des territoires nordiques, que vint compléter sous Bernard Landry l'accord dit de la «Paix des braves».
Lé gouvernement Charest ne part pas de zéro dans l'élaboration d'un véritable plan Nord. Le défi qui l'attend est de rassembler ce qui est pour l'instant des morceaux épars et d'élaborer
une vision d'ensemble à laquelle pourront adhérer les ministères du gouvernement, des sociétés d'Etat comme Hydro-Québec et la SGF, les grandes entreprises privées présentes sur ce
territoire, des minières essentiellement, puis les municipalités
et les communautés autochtones.
Vaste programme que celui-là puisque mettre au même diapason tous ces intervenants prendra des années. Entre la signature de l'entente de la baie James et celle de la Paix des braves, il y
aura eu 25 ans de heurts juridiques entre les Cris et Hydro-Québec. Sur la Côte-Nord, des Innus ont déjà forgé une alliance stratégique contre le plan Nord. On peut entrevoir des années de
contestation avant d'en venir à une «Paix des braves 2».
La «démarche» qu'entreprend aujourd'hui la ministre Normandeau est la bonne. Elle nécessitera de la patience. Il s'agit là
du projet d'une génération. En fait, de plusieurs générations qui
trouveront là les ressources pour assurer le développement du
sud du Québec. Tant mieux si, comme elle dit, les sceptiques
sont un jour confondus.
bdescoteaux@ledevoiy com


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