Accommodements raisonnables

Charest réitère sa confiance en Gérard Bouchard

L'affaire Gérard Bouchard - accusé d'élitisme et de "séparatisme"...


Québec - Le gouvernement Charest a dû réitérer sa confiance en l'historien Gérard Bouchard, hier, pour mener à bien les travaux de la Commission sur les accommodements raisonnables, qu'il copréside avec le philosophe Charles Taylor. Dans l'édition d'hier de The Gazette, le chroniqueur Don Macpherson avait suggéré à M. Bouchard de démissionner «en raison des torts qu'il avait causés à cette commission». À ses yeux, l'historien avait, dans une interview récente, montré qu'il avait tiré ses conclusions avant même d'avoir terminé son enquête. Aussi, dans la même interview, il avait, selon le chroniqueur, énoncé une position «partisane» puisqu'il avait présenté la souveraineté du Québec comme la seule solution au «défaitisme» québécois.
Le bureau de Jean Charest a fait savoir en fin de journée que le premier ministre était bien au fait, avant de le nommer à la tête de la commission, des «allégeances» de M. Bouchard, frère de l'ancien premier ministre Lucien Bouchard. «C'est pour ses compétentes que nous avons fait appel à lui», a-t-on fait savoir. La ministre de l'Immigration, Yolande James, au sortir de la période de questions, s'est dite pour sa part «certaine» qu'aucun des deux coprésidents «ne tirerait des conclusions avant d'arriver à la fin du processus qu'ils ont eux-mêmes mis en place».
Premier tome
Fin mars, M. Bouchard avait été interrogé par le journaliste Élias Lévy pour un hebdomadaire de Montréal à propos du livre La culture québécoise est-elle en crise? (Boréal), qu'il avait signé avec Alain Roy. M. Bouchard soutenait que «ce livre est quasiment le premier tome du rapport de la Commission d'étude sur les accommodements raisonnables». L'historien expliquait que «ce qui vient d'arriver à propos des accommodements raisonnables en dit long» sur le fait «qu'il y a une articulation qui ne s'est pas bien faite entre la diversité et l'ancienne tradition ou culture de la société d'accueil». Lorsque M. Lévy lui demanda comment on pourrait «accoupler ces deux cultures», M. Bouchard répondit: «C'est une des raisons pour lesquelles je pense que le Québec devrait absolument faire son indépendance. Le Québec a besoin d'accomplir un acte fondateur.» Celui-ci procurerait à terme «cette sécurité psychologique et symbolique auxquelles nous aspirons d'une façon quasiment maladive».
Joint hier à Montréal, M. Bouchard a affirmé qu'il était «un peu excessif» que des observateurs aient dressé un rapprochement entre ses positions politiques et son mandat à la commission. «Ça n'a rien à voir», a-t-il protesté. Mais n'a-t-il pas dit que son livre constituait «quasiment le premier tome» de la commission? «J'ai fait une blague! Je n'ai jamais voulu dire que l'indépendance politique était la solution à la crise des accommodements raisonnables.» Pour M. Bouchard, il ne faut pas oublier que M. Taylor et lui ont été embauchés pour faire un travail «scientifique, objectif, rigoureux». Il a assuré que ce travail sera «soumis à toutes sortes» d'épreuves critique à diverses étapes qui garantiront que les allégeances personnelles de chacun ne déteindront pas sur leurs analyses.
Début des travaux
L'ADQ a refusé de condamner les propos de M. Bouchard, même si elle estime qu'il a été «assurément très maladroit en livrant ainsi le fond de sa pensée avant le début des travaux», selon les mots du député Sébastien Proulx. M. Proulx a dit avoir «pleinement confiance» en M. Bouchard, mais ajoute qu'il «a hâte de voir la commission à l'oeuvre», reprenant ainsi des inquiétudes des adéquistes, exprimées en chambre récemment, quant au lent départ de l'opération.
La ministre James a assuré hier que la commission est pleinement au travail. Un «calendrier public» des travaux sera adopté à la fin mai, mais déjà les coprésidents ont commencé à rencontrer des gens à la Commission des droits de la personne et au ministère de l'Éducation. M. Bouchard a déclaré hier que la commission en était à sa pleine vitesse de croisière et que sept ou huit projets de recherche ont été lancés. Le fait que M. Taylor enseigne à Chicago jusqu'à la fin du mois n'a toutefois pas rendu le travail aisé.
Du reste, l'impartialité de ce dernier a aussi été remise en question, hier. Le chroniqueur Pierre Dubuc, de L'Aut'Journal, ancien candidat à la direction du Parti québécois, a diffusé un texte dans lequel il décrit M. Taylor comme un antisouverainiste virulent qui aurait déjà déclaré qu'il fallait «d'abord considérer les promoteurs de [l'indépendance] comme des ennemis».


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