Cette corruption tentaculaire... suite ou fin?

IDÉES - la polis


Détenir la majorité parlementaire ne signifie pas toujours qu'on ait ipso facto raison? La raison ne serait-elle qu'un chiffre, sans plus? Que faire lorsque les électeurs demandent «majoritairement» de créer une commission d'enquête pour nettoyer les placards qui dégagent des odeurs de corruption et qui viennent ébranler la confiance des électeurs dans cette société dite «de droit» et de supposée «justice égale pour tous»?
La principale raison pour laquelle les scandales font si peur à la représentation politique n'est pas tant l'aspect «médiatique» ou «judiciaire» du scandale, mais bien plutôt son effet de délégitimation, d'étalage inopiné et brutal de la réalité «antidémocratique» des faits qu'il provoque au sein même de l'opinion publique. Que les délinquants soient mafieux ou faussement pudiques, cela importe peu.
De toute évidence, la population n'est pas dupe, et si elle déserte de plus en plus les urnes, c'est qu'elle comprend que la vraie nature de cette apparence démocratique n'est déterminée que par les «forces matérielles immenses» dont disposent les élites et dont elle ne fait vraisemblablement pas partie.
En quoi le monde a-t-il profondément changé depuis, disons, Socrate? Dans sa quête (ou sa volonté) toujours plus grande de la «nécessité de l'égalité». Le propre de l'homme est de ne jamais accepter, ni même tolérer, qu'une inégalité institutionnalisée par les armes ou par les religions l'avilisse. Plus personne ne veut payer le prix de cette corruption systémique, car c'est elle qui inflige à l'humanité toute entière les crises économiques les plus graves. Elle bâillonne les individus tout en mondialisant les inégalités et les exclusions.
Certains philosophes ont imaginé une égalité constitutionnelle (un droit acquis, dès la naissance). Peu importe. Qu'il s'agisse d'une égalité réservée aux mieux «préparés» (l'élite de Platon) ou d'une égalité «interchangeable» résultant d'un renversement (non moins élitique) des classes dans un monde industriel selon Marx, la réalité est toute autre chose.
La réalité est que tous les êtres humains le veulent, ce «préalable» sur l'égalité. Si le chef politique n'est pas disposé à leur fournir la preuve qu'il existe une véritable égalité pour tous devant la justice, il n'obtiendra alors qu'une démotivation généralisée et un «désintérêt majoritaire» teinté de cynisme. Celui d'un peuple amputé de son préalable démocratique.
L'expérience du siècle dernier se résume à peu près ainsi: les oligarchies liées à la richesse triomphent, les «idéalistes» (à part les Chinois) se ravisent. À la pensée idéologique a succédé un nouvel âge démocratique se traduisant par un individualisme consumériste «postmoderne».
Depuis la déréglementation anarchique des «trente glorieuses», l'exploitation s'est exponentiellement gadgétisée, les cadences se sont accélérées, les syndiqués se sont actualisés et la brutalité patronale s'est autoréformée; non plus celle, physique, des seigneurs féodaux, mais celle, quotidienne, qui bannit les relations humaines parce qu'elles sont jugées nuisibles à la «productivité». Eh oui! La Terre tourne encore... et ses déchets avec elle. Mais si elle perd patience, ce sera peut-être parce que les boeufs seront allés trop vite...!
***
Louis-Ghile Dionne - Trois-Rivières


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->