Cessons de chialer

Élection Québec - 8 décembre 2008



(Québec) Fatigués des campagnes électorales? Cessons avec ce discours minant!
Le gouvernement de Jean Charest n'avait aucune raison sérieuse de déclencher des élections générales. L'Assemblée nationale n'était pas dysfonctionnelle. Les menaces économiques n'ont été qu'un prétexte.
Nous l'avons écrit trois fois plutôt qu'une dans cette colonne.
Mais il ne faut pas être naïf non plus. Personne ne doit croire que le PQ et l'ADQ seraient restés assis sur leurs mains si les sondages leur avaient été favorables.
Chaque fois que nous élirons des gouvernements minoritaires, nous nous rendrons aux urnes prématurément. C'est une loi naturelle.
On ne peut pas, d'une part, apprécier les gouvernements minoritaires et, d'autre part, déplorer leur corollaire obligé. C'est absurde.
Mais il n'y a pas seulement l'argument selon lequel nous irions voter trop souvent qui expliquerait le peu d'intérêt suscité par cette campagne. Il y a aussi le fait qu'elle serait ennuyante, paraît-il.
Il est vrai que nous n'avons pas de grands leaders inspirants. Pas de personnalité comme Nicolas Sarkozy ou Barack Obama. Mais il faut se faire une raison. Les Obama ne sont pas légion. Il y en a un par génération.
Il est vrai que la mise en veilleuse du projet souverainiste enlève du piquant à cette campagne. Mais ce n'est pas parce que les médias répéteront cette évidence jusqu'au 8 décembre que ces élections sont sans enjeux.
Les apparences sont trompeuses. Même s'ils se ressemblent sur plusieurs points, les programmes du PQ et du PLQ sont différents sur de nombreux autres. Celui de l'ADQ l'est encore plus.
La vérité est que les citoyens ont des choix. Il n'y a d'ailleurs pas que les trois partis représentés à l'Assemblée nationale qui tentent d'obtenir leur faveur. Il y a aussi Québec solidaire, les verts. Songeons aussi au nouveau Parti
indépendantiste.
Fatigués des débats politiques? Il y en aurait même si nous n'étions pas en élections! L'Assemblée nationale siégerait. La Chambre des communes a aussi repris ses activités.
À force d'interroger les citoyens sur l'intérêt qu'ils ont ou pas pour la campagne électorale, les firmes de sondage finissent par faire croire qu'un réel engouement existait pour les élections précédentes. C'est faux.
Nous sommes dans un cercle vicieux. Les sondeurs insistant sur l'humeur générale, les médias se tournent vers les citoyens mécontents plutôt que vers les intéressés... Ce qui incite d'autres électeurs à se déclarer «pas intéressés du tout» au sondage suivant...
La perception devient vérité.
L'idée que ces élections sont ennuyantes nous fait perdre de vue l'essentiel. Le soi-disant désintérêt a moins à voir avec la présente campagne qu'avec les relations entre le monde politique et les citoyens en général.
Quelque chose ne marche plus depuis longtemps déjà.
Premier problème : la multiplication des affirmations gratuites et grossières de certains leaders. Au fil du temps, leur accumulation a durablement miné la crédibilité de l'ensemble du groupe.
Deuxième problème : l'«opinion publique». Elle est incohérente. Avec raison, les engagements des formations politiques lui paraissent irréalistes. Mais gare à celles qui ne promettraient rien!
Troisième problème : la mondialisation. Elle a réduit les marges de manoeuvre de nos États. Les gouvernements peuvent de moins en moins peser sur le cours des événements. Leur pouvoir réel a fondu.
Accuser ces élections-ci ne sert à rien. Le mal est plus profond.
Voilà pourquoi, pour l'heure, il vaudrait mieux cesser de chialer contre cette campagne pour ainsi permettre au plus grand nombre d'entre nous de s'y intéresser et de déterminer quelle équipe pourrait le mieux parvenir à exploiter les potentiels de notre État.


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