Celui qui le dit, celui qui l'est

Le massacre des Franco-canadiens

Le grand cirque ordinaire des illusions « Canadian »


Le terme ethnocide, dérivé de la notion de génocide culturel, se définit comme la destruction des caractéristiques culturelles d’un groupe ethnique, par un autre groupe plus puissant. Il est indéniable que l’histoire du Canada anglais se caractérise par des mesures visant l’ethnocide des francophones.
Pendant plus d’un siècle et jusque dans les années soixante, toutes les provinces canadiennes à majorité anglophone ont adopté ou maintenu des lois interdisant l'enseignement en français dans les écoles publiques. En Ontario, par exemple, il faudra attendre jusqu'en 1968 pour assister à l'ouverture d'écoles secondaires publiques françaises, et jusqu’en 1998 pour que la gestion scolaire soit formellement accordée aux communautés francophones.
Succédant aux législations ethnocidaires canadiennes, les politiques de bilinguisme officiel instaurées par le gouvernement Trudeau n’ont en rien réparé les torts causés au peuple acadien et aux communautés francophones hors Québec. Partout à travers le monde, le bilinguisme institutionnel (et non pas individuel) favorise invariablement la disparition progressive des langues minoritaires. C’est pourquoi la Charte de la langue française visait à faire du français la seule langue officielle du Québec, tout en maintenant des services en anglais et le financement des institutions généralement disproportionnées de la minorité historique anglophone.
Malgré que la Loi 101 ne visait qu’à établir ce qui constitue la normalité dans la plupart des états modernes, le Canada anglais ne l’a jamais accepté. Le gouvernement fédéral n’a jamais cessé d’intervenir de toutes sortes de façon pour favoriser la langue anglaise. Certaines clauses de la constitution de 1982 ont été conçues spécifiquement pour affaiblir les mesures scolaires de la Loi 101. Le fédéral a commandité à coup de millions les groupes de pression comme Alliance Québec et son successeur : le Quebec Community Group Network (QCGN). Dans ce contexte, la Loi 101 a subi plus de 200 modifications.
Il est proprement scandaleux qu’à l’heure actuelle, le gouvernement fédéral finance encore des groupes voués à l’anglicisation du Québec. En 2006, la ministre du Patrimoine Josée Verner a accordé une aide financière totalisant 13,5 millions de dollars au QCGN pour trois ans. En février 2008, Mme Verner a annoncé une nouvelle subvention d’un demi-million pour cet organisme. Dans son rapport annuel, le QCGN déclare ouvertement avoir reçu l’aide de Santé Canada pour faire élire des anglophones sur les conseils d’administration des hôpitaux au Québec!
Alors que les parents francophones doivent encore se battre pour avoir des écoles françaises dans le reste du Canada, le gouvernement fédéral finance largement l’enseignement de l’anglais langue seconde au Québec. De plus, les subventions fédérales à la recherche universitaire favorisent systématiquement les institutions anglophones au Québec. Environ 35 % de ces subventions sont accordées aux universités anglophones, alors que les citoyens de langue maternelle anglaise ne forment que 8,2 % de la population. Récemment, le Canadian Foundation for Innovation (CFI) a décidé d’accorder 100 millions de dollars au Research Institute du McGill University Health Center (MUHC), après avoir refusé toute aide au méga-hôpital universitaire francophone.
Et comme le Bloc Québécois l’a soulevé, plus de 200 000 employés ne sont pas assurés de pouvoir travailler en français au Québec parce que les entreprises de compétence fédérale n’ont pas à respecter la Loi 101. Le Bloc a tenté de mettre fin à cette aberration en déposant le projet de loi C-482, mais Stéphane Dion, qui se dit aussi nationaliste que Gilles Duceppe, s’est allié à Stephen Harper pour voter contre.
Le plus ironique, c’est qu’après l’ethnocide d’une large proportion des francophones du reste du Canada et l’assimilation croissante de ceux qui résistent courageusement, tout mouvement au Québec pour le renforcement de ce qui reste de la Loi 101 se fait taxé de xénophobie ou d’extrémisme. Les Québécois ne doivent plus se laisser culpabiliser et calomnier à travers le monde par la presse anglo-saxonne. Il est plus que temps de briser le silence sur le passé ethnocidaire du Canada anglais, et d’exiger réparation.

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Mario Beaulieu41 articles

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Député (fédéral) de La Pointe-de-l'Île, 9e et 13e Chef du Bloc québécois, ex-président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal et ex-président du Mouvement Québec français.





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