Ce pays qui ne veut plus de nous

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La laïcité ravive le clivage avec le reste du Canada


Une union qui dure trop longtemps risque de s’envenimer...  




Ce pays qui ne veut plus de nous

Andy Donato, Toronto Sun




Le Canada en a marre du Québec  


On ne fait plus la manchette avec ça, les nombreuses manifestations d’intolérance envers le Québec en provenance du Rest of Canada. Finie l’époque où l’on s’indignait d’un groupe de citoyens de Brockville qui piétinait le drapeau de notre nation.     


La québécophobie est devenue, en quelque sorte, dans l’univers sociétal qui est le nôtre, le dernier rempart acceptable du mépris.     


Cette époque où des justiciers et inspecteurs bidon en tout genre surfent le web à coups de captures d’écran pour faire passer le peuple québécois pour ce qu’il n’est pas. Le tout repris en boucle par quelques antennes complaisantes, qui ne rechignent pas à l’occasion d’enfoncer le clou.    


Et pourtant, quiconque s’adonne à lire de manière assidue la nouvelle et le commentariat du Canada anglais trouverait matière à inonder nos écrans de captures d’écran affligeantes en matière de mépris envers le Québec, envers les Québécois.     


Les inspecteurs bidon ne s’occupent pas de ça. Leurs motivations sont ailleurs.     


  



Ce pays qui ne veut plus de nous

Daniel Mallard / Le Journal de Quebec




Une «distinction» qui ne passe pas  


Qu’on soit d’accord ou pas avec la loi 21, avec le principe d’interdiction des signes religieux en certaines circonstances, très limitées, on ne peut nier le droit du Québec de légiférer en la matière.     


Ce qu’il a fait.     


De manière imparfaite, j’en conviens. La loi 21 devrait être peaufinée afin de la rendre plus équitable, plus universelle: fiscalité religieuse, écoles privées confessionnelles qui reçoivent des subsides de l’État, etc.    


Comprenons-nous bien, si le gouvernement Couillard avait légiféré dans le sens de Bouchard-Taylor quand l’occasion s’est présentée à la suite du funeste attentat de Québec – rare unanimité des partis qui l’enjoignaient à le faire – les intégristes religieux et les défenseurs du multiculturalisme auraient QUAND MÊME rué dans les brancards.     


Ces gens-là combattent le principe, et non une version de la loi fut-elle plus ou moins contraignante ou inclut-elle le poste d’enseignant ou pas. C’est le principe qu’un seul emploi soit hors de portée du religieux qui les agace. C’est le fait que le Québec rompe d’avec le multiculturalisme que ces intégristes combattront avec la dernière énergie (et le concours de gens et groupes qui ont les moyens de le faire).     


Dénoncer les choix du Québec: l’exception nationale  


Un citoyen francophone de Calgary a vécu l’enfer (j'en ai parlé ici) pour le simple fait d’avoir demandé que l’on accepte son titre de transport en commun même si celui-ci était imprimé en français.     


C’est devenu un énorme scandale là-bas. Comble de malheur, ce citoyen était de gauche et homosexuel. Je ne vous dis pas l’ampleur de l’intimidation et de la haine dont celui-ci a été victime pour avoir osé dénoncer une situation pourtant banale: rappeler à l’ordre les chauffeurs de bus de Calgary afin que ceux-ci sachent que les titres de transport peuvent être imprimés en français et que cela est valide.    


Déjà, cela en dit beaucoup sur la situation du français chez nos voisins.     


Toute proportion gardée, imagine-t-on des villes du Québec, mettons Montréal, Saguenay, Matane et Sorel qui adoptent, en série, des motions pour dénoncer la Ville de Calgary, voire même la province de l’Alberta, pour dénoncer le traitement réservé à ce citoyen francophone, mais aussi l’état des services en français dans cette province?     


S’il fallait que les villes et provinces du Canada se mettent à critiquer les choix des autres parties de la fédération, celle-ci deviendrait rapidement ingouvernable, et encore plus divisée qu’elle ne l’est actuellement.     


Sauf s’il s’agit des choix du Québec. Alors là, c’est permis.     


Après tout, le mouton noir de la fédération n’a pas signé le contrat qui lie les provinces entre elles au sein de la fédération, t'sé cette chose insignifiante qu’est la «Constitution».      


Donc on s’en donne à cœur joie. On tape, on fesse. On méprise, sans conséquence.     


Calgary adopte une motion pour dénoncer la loi 21... Allez consulter les textes dans les médias du ROC, allez lire les commentaires. Toronto fait la même chose... Ouf, c’est pas joli.     




Ce pays qui ne veut plus de nous

Guy Martel/Agence QMI




François Legault (ou à l’époque où il était maire de Montréal, Denis Coderre) ose affirmer que le Québec ne veut pas de pipeline et insiste sur le fait que la population est contre le passage d’Énergie est...     


Certains politiciens du Canada anglais iront jusqu’à tenter de lancer un mouvement de boycottage de tout ce qui vient du Québec afin de faire mal, de nuire à l’économie de notre province (une situation similaire s’est aussi produite entre l’Alberta et la Colombie-Britannique, à propos d’un pipeline, encore!).     


On mentira à propos de la provenance du pétrole qu’achète le Québec en soutenant que celui-ci préfère le pétrole de l’Arabie saoudite même si cela est faux.     


On faussera la réalité à propos de la péréquation afin d’attiser le sentiment de ressentiment envers le Québec. Jeu dangereux qui se traduit, chaque fois, par encore plus de mépris envers le Québec dans certaines chroniques et surtout, de manière plus étendue, les commentaires...    


À l’intérieur du Canada, le Québec ne sera jamais libre de ses choix.   


Le Québec a le droit de préférer un modèle laïc plutôt qu’un multiculturalisme auquel il n’a JAMAIS adhéré. Il a le droit de refuser que son territoire soit un passage pour le pétrole des sables bitumineux (on apprenait hier un autre déversement, de l’oléoduc Keystone cette fois), le plus toxique qui soit.     


Le Québec a le droit de préférer un autre modèle en matière d’immigration, un qui soit en phase avec le fait que cette nation francophone très minorisée en Amérique du Nord juge que l’intégration soit le vecteur principal de cette politique, bien avant les doléances du Conseil du patronat ou encore celles, nauséabondes, des militants du «Open borders».     


Le Québec a le droit de tenir mordicus à ce que sa préséance francophone soit inaliénable.     


  



Ce pays qui ne veut plus de nous
 



Mais tant que le Québec sera lié au Canada, ces choix seront tous combattus, avec véhémence, car tous sont en contradiction avec la façon dont se développe, se construit le Canada.     





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