Malorie Beauchemin - Le visage long, les traits tirés, c'est un André Boisclair anéanti qui est venu dire aux Québécois, hier soir, que malgré l'amère défaite, il restera à la tête du Parti québécois en vue d'un prochain scrutin.
«Bientôt, nous nous reverrons, a lancé le chef péquiste, devant quelques centaines de militants réunis au Club Soda à Montréal. Bientôt, nous aurons le grand plaisir de revoir les Québécois et de leur parler de nos rêves et de nos projets. Dans les prochaines semaines, dans les prochains mois, gardez nos rêves bien en vie. Je m'y engage. Nous sommes des millions à avoir ces rêves.»
Toute la soirée, les sympathisants et l'équipe péquiste réunis au centre-ville avaient vu leur rêve se transformer en cauchemar, voyant l'ADQ prendre rapidement une avance insurmontable, reléguant le PQ à la troisième place, le pire scénario envisagé au PQ.
Premier des trois chefs à prononcer son discours, M. Boisclair a mis tout de même quelque temps avant de faire son entrée. «Il est fait fort», a confié son attaché de presse, Joël Simard-Ménard, juste avant l'arrivée du chef.
«Ce qu'il faut réaliser, c'est que quelques sièges nous séparent du pouvoir, quelques milliers de voix, a souligné M. Boisclair d'entrée de jeu, la voix nouée par l'émotion. Mais ce soir, c'est la démocratie qui a parlé.»
Selon lui, les Québécois ont envoyé un message au gouvernement. «Les Québécois voulaient du changement, a-t-il dit. Ils ont parlé et humblement, il faut respecter cette décision. Il nous faut maintenant gouverner d'une autre façon «
Avec 36 députés à l'Assemblée nationale, le Parti québécois détiendra la balance du pouvoir d'un gouvernement minoritaire, qui sera «en toutes circonstances sous haute surveillance», a laissé entendre le chef, assurant par le fait même qu'il restait dans son poste de chef du deuxième parti d'opposition.
«Je veux dire à ceux qui nous ont fait confiance qu'ils peuvent compter sur nous, non seulement pour former une opposition solide, mais également, pour continuer à offrir une véritable alternative au gouvernement», a promis M. Boisclair. Sur la scène du Club Soda, seule une poignée des députés de la grande région de Montréal l'accompagnait : Diane Lemieux, Marie Malavoy, Louise Harel, Martin Lemay, Rita Dionne-Marsolais.
«J'ai la même passion pour le Québec. Mon goût de voir le Québec se développer demeure intact», a assuré le chef péquiste, soulevant les applaudissements de la foule.
Peu après 22 h, les péquistes avaient pourtant cru qu'ils auraient un prix de consolation, en battant le chef libéral Jean Charest dans sa circonscription de Sherbrooke. Pendant un instant, on aurait cru que le PQ venait d'avoir un second souffle. Mais quelques minutes plus tard, on apprenait que la circonscription demeurait libérale.
De toute son histoire, le Parti québécois n'avait jamais fait pire qu'une deuxième place. En 1970, la formation naissante avait terminé derrière les libéraux, avec 23,06 % des voix. En 1973, plus de 30 % des électeurs avaient appuyé le PQ de René Lévesque, qui avait pourtant fait élire seulement six députés. En 1985, Pierre-Marc Johnson avait réussi à rallier 38 % des voix pour faire élire 23 députés. Les derniers résultats disponibles hier soir indiquaient un pourcentage d'appuis autour de 28 %.
Boisclair reste, malgré la défaite
«Bientôt, nous nous reverrons»
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