Bienvenue aux immigrants

Accommodements - Commission Bouchard-Taylor


C'est bien connu que, depuis le Watergate, les journalistes s'ennuient. Chacun veut devenir enquêteur, trouver son scandale. Parfois, ils osent écrire et dire que les gens sont fatigués de tel sujet. Comme ils l'ont fait pendant longtemps pour le référendum ou la souveraineté du Québec. Ce ne sont pas les gens qui en ont marre, ce sont eux qui sont las d'écrire sur tel sujet.
Quand arrive un sujet comme Hérouxville, c'est du bonbon. Tout le monde y trouve son compte. Même les sceptiques et les "culturés" se gaussent de savoir que, désormais, on ne "dilapide" plus les femmes dans la région! On fera tout pour créer un "fou du roi". Ils ont réussi. Et de là à affirmer que c'est le "Québec profond" qui s'exprime, il n'y a qu'un pas qu'on a tôt fait de franchir.
Il faut se rappeler les racines confessionnelles du Québec, en conserver précieusement les "relents" culturels. La religion, ce lien privilégié envers un être suprême, si elle fournit des règles de vie à l'individu, elle se doit, en collectivité, d'être pratiquée par ses seuls adeptes. Il faut lutter contre l'impérialisme de certains tenants qui voudraient, prosélytisme oblige, que tout le monde adhère à leurs croyances. Caricaturer Mahomet? De quel droit, ai-je dit à un jeune Tunisien exalté de passage à Trois-Rivières l'été dernier, "de quel droit veux-tu m'obliger de pratiquer ta religion quand je ne pratique même pas la mienne?"
L'histoire retiendra à quel point Pierre Elliott-Machiavel-Trudeau nous a tirés dans le pied, lors de l'adoption de la Charte des droits et libertés. Pour ne pas reconnaître le principe des nations, dont celle du Québec, il a préféré reconnaître le principe des cultures. C'est connu, les religions font partie des cultures. Et le Québec est une terre d'accueil. Et il faut continuer qu'elle le soit.
Cependant, il faut admettre qu'il convient maintenant, devant la laïcité qui est la nôtre, de reconnaître dans la Charte "la primauté de notre culture sur toute autre". Je ne reçois pas à ma table quelqu'un qui s'y approche pour venir casser ma vaisselle.
La saga de Hérouxville aura permis de causer dans les chaumières. J'ai hâte de voir quel parti politique aura les couilles de vouloir réouvrir la Charte des droits et libertés. C'est à ce prix que l'on cessera d'y aller à la pièce avec des accommodements raisonnables qui créent des précédents malheureux.
Je suis triste quand je vois Me Julius Gray tenter de faire gagner, graine à graine, des situations d'exception. Comme société, avec la judiciarisation de tout, nous en venons à ressembler de plus en plus aux États-Unis où même les élections présidentielles deviennent des batailles d'avocats. Ce qui m'inquiète, avec les petits gains disséminés un peu partout, c'est l'avènement de l'intolérance. À tous les niveaux. Il ne faut pas oublier que nous sommes tous des immigrants. Il faut continuer à les accueillir. Ils vont nous aider à nous raffermir comme peuple, comme nation. Un jour, avec eux, nous partagerons un nouveau pays francophone, laïc et infiniment accueillant: le Québec.
L'auteur, Réjean Bonenfant, est un écrivain de Trois-Rivières.


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