Le premier ministre Justin Trudeau, moins flamboyant intellectuellement que son père, a aussi du panache et un sens aigu de l’efficacité politique médiatisée.
Cette capacité de séduire est d’autant plus aiguisée qu’il est à la tête du Canada, un pays qui fait rêver la terre entière. Et particulièrement les exploités, les victimes de toutes les guerres et de toutes les dictatures, et les pauvres qui ont eu la malchance de naître dans des pays en sous-développement chronique.
Justin Trudeau est un champion de la politique émotionnelle. Il pratique la langue du cœur. C’est ainsi qu’il s’emporte en s’émouvant de ses propres émotions lorsqu’il invite les persécutés de la planète à se réfugier au Canada, le pays de la porte ouverte.
Mesures d’urgence
C’est peu dire qu’il ne s’embarrasse pas des détails. Par exemple, il ne tient pas compte des pressions qu’exercent les mouvements migratoires comme celui que nous connaissons actuellement obligeant le Québec à organiser des mesures d’urgence afin que ces demandeurs d’asile illégaux soient traités selon les règles humanitaires qui prévalent.
Si Justin Trudeau veut faire un appel à tous ceux qui désirent venir vivre dans la paix, l’amour du prochain, l’aisance matérielle et l’égalité de tous dans notre beau pays, le Canada, il lui faudra réorganiser les services et organismes qui gèrent les flux migratoires. Et non plus couper dans les budgets et le personnel, mais les augmenter.
Or l’intendance ne l’intéresse guère. Est-il seulement au fait que la Commission de l’immigration et du statut des réfugiés, qui détermine si les demandeurs d’asile ont droit ou pas de demeurer temporairement au Canada, ne fournit plus à la tâche depuis des mois ? Encore une fois, ce sont les provinces où arrivent les demandeurs d’asile, le Québec au premier rang, qui doivent payer pour la générosité verbale du premier ministre.
L’accueil des autorités politiques cette semaine sur le site du Stade olympique pose aussi problème. Ne peut-on pas s’interroger sur la pertinence de la présence du représentant du ministre de l’Immigration du Canada, de la ministre de l’Immigration du Québec et sa collègue Lucie Charlebois et du maire Coderre au garde-à-vous pour recevoir des demandeurs d’asile ayant sciemment traversé illégalement nos frontières ?
« Illégal »
Plusieurs médias n’utilisent pas le mot « illégal », mais « irrégulier » pour définir cette violation de la frontière. Car la démocratie émotionnelle impose ses règles à toutes les âmes délicates et bien pensantes.
Or la politique d’immigration du Canada n’est pas plus vertueuse que celle des autres démocraties, en réalité. Elle est faite des mêmes contraintes, de refus et souvent de rejet ou d’expulsion. Car l’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, comme l’a déclaré un jour l’ancien premier ministre français Michel Rocard, un progressiste lucide, mais peu sensible à l’angélisme.
Laissons les autorités de l’immigration canadienne accueillir ces personnes. Laissons-les travailler hors de la présence des vedettes politiques qui, par leur visibilité électoraliste, n’ont pas que des pensées pures, pures, pures.
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