Bénévolat schistique au PLQ

Le mythe de création de richesse versus un immobilisme hypothétique

Gaz de schiste

En date du dimanche le 29 août, le ministre du Développement du profit durable aux initiés, Pierre Arcand et la ministre des Ressources naturelles aliénées, Nathalie Normandeau, se présentaient à Mont-Saint-Bruno pour annoncer que des audiences publiques auront lieu dans les régions touchées par les expropriations, l'exploration et l'exploitation des gaz de schiste, soit : Chaudière-Appalaches; le Centre-du-Québec et la Montérégie. Ils ont été hués à plusieurs reprises par des citoyens de la Montérégie qui manifestaient leur opposition à leur campagne de promotion caractérisée par un préjugé favorable envers ce blitzkrieg de l’industrie gazière majoritairement étrangère venus nous sonder et nous forer les schistes qu'ils se sont appropriés en secret.
Ces deux promoteurs gaziers se sont présentés sur beaucoup de tribunes au cours de la semaine dernière pour nous mettre devant un fait accompli: cessions de territoires pour 20 ans et plus, assorties d’expropriations pour ces intérêts gaziers venus sonder explosivement et forer sauvagement nos terres. En date de vendredi passé, M. Arcand nous promettait que la «lumière» serait faite sur cette industrie majoritairement étrangère qui se positionne très agressivement, s’étant invitée chez nous par le biais d’un lobby dirigé par le très médiatisé et bien graissé André Caillé. Ce dernier veille depuis des mois, voire des années, à faire dérouler le tapis rouge proverbial à cette industrie épaulée avec tous les égard$ par la soumission béate et sans scrupules des apparatchiks de JJ Charest.
Les très empressés ministres Normandeau et Arcand se veulent rassurants en confiant un mandat superficiel au BAPE qui disposera de quatre petits mois pour «étudier» cette industrie au pouvoir d’attraction considérable sur les anciens conseillers et attachés politiques associés au régime de JJ Charest qui se sont mutés avec précipitation en lobbyistes au service de cette industrie autant envahissante que polluante. On en a eu de nombreux exemples rapportés lors de la dernière semaine.
Le BAPE, présenté effrontément comme une instance impartiale, est mandaté d’accoucher en toute vitesse d’une «politique» gazière et pétrolière que le régime veut des plus accommodantes à ces intérêts majoritairement étrangers. Cette «politique» sera vraisemblablement calquée sur ce qui se fait avec le pillage de nos ressources minières et forestières par des intérêts semblables.
André Caillé, ce vieux routier du secteur de l’énergie n’en manquait jamais une pour faire la promotion de l’industrie gazière albertaine et russe, même lorsqu’il présidait Hydro Québec. Récemment, il s’est trouvé une vocation encore plus lucrative d’entremetteur en tant que conseiller stratégique chez Junex et président de l’Association pétrolière et gazière du Québec. En parallèle avec la tournée de promotion de Mme Normandeau et de M. Arcand, M. Caillé animait de son côté des conférences et accordait des entrevues mettant en scène et en vedette son soutien indéfectible et son apologie souriante et invariable face à ce qu’il représente comme étant une occasion en or, qui est plutôt perçue comme un assaut sur les communautés de la rive sud du Saint-Laurent et de la Montérégie mises en branle par ces compagnies privées qui se croient tout permis, auxquelles des cessions de propriété, des droits de sondage et de forage ont été accordés en catimini par le très gazeux Thierry Vandal suivant le décret de JJ et de ses ministres de la démission nationale, sans aucun débat public préalable.
N’ayant absolument rien à voir avec la démocratie et mettant en relief tous les signes d'un autre abus de pouvoir, cette mise en scène du PLQ consiste à placer la population du Québec devant des faits accomplis, des petites surprises une après l’autre, en débutant en 2004 avec le projet du Suroît piloté par le même André Caillé; l’énergie éolienne cédée par H-Q à des intérêts privés qui acheminent les profits hors du Québec; la proposition d’achat d’Énergie Nouveau-Brunswick et sa centrale nucléaire vétuste; Rabaska; le gaspillage de milliards de dollars prévus pour la réfection de la centrale Gentilly 2, des travaux qui seront menés par une autre société très proche du régime libéral et qui a décroché de nombreux contrats gouvernementaux dont le casino de Montréal et les deux méga hôpitaux montréalais, SNC Lavallin.
Pour revenir à mon propos, toutes ces initiatives parfois loufoques de «création de richesse» sont autant d’attaques au corps social et économique du Québec. Heureusement, certaines de ces agressions planifiées par ces élites bienveillantes ont échoué. Il n’en demeure pas moins que cette improvisation néolibérale galopante et à courte vue s’inscrit dans cet agenda anarchique que nous impose la dénationalisation débridée et la course aux profits des portefeuilles particuliers, ce qui définit assez adéquatement ce régime d’appropriation des ressources collectives par des intérêts privé$, introduits dans l’appareil gouvernemental sous le voile commandité de JJ Charest depuis de 2003.
André Caillé et, tiens tiens, André Boisclair, rejettent l’idée d’un moratoire. Les conscrits et les ralliés au «cashflow» potentiel qui fait baver même les albertains n’iront pas vous dire de fermer cet eldorado bruyant et toxique pour le nationaliser.
Devenu conseiller chez Dessau, [M. Boisclair a accordé une entrevue à Tommy Chouinard de La Presse->30226] qui l'a publiée dans son édition de samedi. M. Boisclair s'adonne à une comparaison claudiquante en y allant avec la filière controversée des méga porcheries et celle des gaz de schiste. L’ancien ministre de l’environnement et ex chef du PQ a déclaré que «Ça peut être très sympathique comme idée, le moratoire. Ça se défend bien sur la place publique (…) mais c’est quelque chose de très compliqué. Des gens se réfugient derrière l’idée du moratoire pour éviter de faire un débat de fond». M. Boisclair n’avait même pas pris connaissance du mandat très restreint du BAPE avant de faire cette déclaration autant hâtive qu’irréfléchie.
Par ailleurs, si ces compagnies ont investi quelques millions pour graisser l’appareil gouvernemental afin de sonder et de forer notre territoire que le gouvernement leur ont si gracieusement concédé à 40 cents l’hectare, ce n’est pas une raison pour leur donner carte blanche, encore moins de leur montrer patte blanche.
Les sociétés gazières disposent de beaucoup d’artisans pour mousser leur invasion et leur appropriation délétère de notre territoire avec l’assistance de médias complaisants et peu critiques. Leurs porte-parole sont toujours à pied d’œuvre pour esquisser les paramètres et les contours aliénants de notre démission nationale.
«Jobs» et $
Stéphane Bertrand est un autre type qui a travaillé chez Gaz Métropolitain plusieurs années. Chef de cabinet de Crapet Charest de 2003 à 2007, il a participé à la fondation de l’APGQ. La journaliste Jocelyne Richer rapportait dans l'édition du samedi le 4 septembre du journal Le Devoir qu’il tenait à dire qu’il avait agi de façon bénévole avec l’objectif de favoriser le regroupement de gens de l’industrie. M. Bertrand a été responsable des relations de presse au cabinet du ministre délégué aux Finances et à la Privatisation ainsi qu'au cabinet du ministre des Affaires culturelles du Québec. Sur le site du Congrès mondial de l’énergie, une courte biographie nous renseigne à l’effet qu’il aurait été «amené à participer étroitement à l'élaboration des politiques gouvernementales et du budget du Québec». Très utile comme pion ce monsieur.
Avec la boîte de communications National où d’autres pions de la clique à Charest sont déjà bien placés ou en voie de l’être, M. Caillé prépare une méga campagne promotionnelle visant à nous faire partager son enthousiasme intoxiquant pour cette industrie schistique qui s’est prouvée dommageable aux nappes phréatiques et à l’environnement ailleurs dans le monde. C’est particulièrement bien documenté aux États-Unis.
Pour revenir à M. Caillé, il participera au Congrès mondial de l’énergie qui se déroulera à Montréal entre le 12 et le 16 septembre. Évidemment, Mme Normandeau et M. Arcand y seront aussi.
La journaliste Jocelyne Richer rapportait également dans l’édition du samedi de son journal que Raymond Savoie, un ancien ministre libéral sous Robert Bourassa, figure parmi les membres du conseil exécutif de l’APGQ. Lors d’un entretien téléphonique avec Mme Richer, M. Savoie a estimé que «c’est un peu charrié» de prétendre que l’association fait copain-copain avec les libéraux. Il a également soutenu ne plus être actif au PLQ. Pas pire comme contorsions verbales quand plusieurs informations tendent à démontrer que l’APGQ est justement un nid de vipères visqueuses aux allégeances libérales indéniables.
Daniel Sénéchal
Montréal


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