Rien ne sert de gaspiller l'argent des contribuables et le temps des avocats: la commission Bastarache est terminée. La population a tranché: Marc Bellemare dit la vérité, Jean Charest ment. Même si l'ancien ministre de la Justice s'effondrait en contre-interrogatoire aujourd'hui, même si le rapport final de la commission ne retenait pas sa version des faits, l'électorat ne changera pas d'idée: on accusera la commission d'être biaisée, un terrain qu'a habilement labouré M. Bellemare au cours des dernières semaines.
Voilà pourquoi les gouvernements ont une sainte horreur des commissions d'enquête. Non seulement ont-ils souvent des choses à cacher, mais même lorsque ce n'est pas le cas, il se trouvera bien quelques témoignages embarrassants, auxquels une majorité de journalistes et d'électeurs accorderont inévitablement plus de crédibilité qu'à ceux qui sont favorables au gouvernement en place.
Voici que Marc Bellemare étaye quelque peu ses accusations contre les collecteurs de fonds libéraux et le premier ministre. Dit-il toute la vérité? On n'en sait pour l'instant absolument rien. Certains ont des doutes sur la véracité de ses dires lorsqu'il cite des propos particulièrement troublants de Jean Charest. Peu importe, tout le monde s'attarde au ton calme de M. Bellemare, comme si témoigner avec aplomb signifiait qu'on le fait avec franchise.
La mémoire de Marc Bellemare est très précise sur certains points, en particulier sur ses entretiens avec le premier ministre. Sur d'autres questions, cependant, elle est extraordinairement floue. Par exemple, il est incapable de se souvenir si ses principaux adjoints étaient présents lors de ses repas avec Franco Fava. Curieusement, personne ne retient cette faille dans le témoignage de l'ancien ministre, alors que pendant la commission Gomery, tout témoin qui avait le malheur de ne pas se rappeler la date et l'heure où il avait rencontré telle personne était cloué au pilori.
Par ailleurs, il y a quelques paradoxes auxquels on devrait accorder davantage d'importance. Si M. Charest avait des choses à se reprocher relativement à la nomination des juges, pourquoi a-t-il sans hésitation aucune mis sur pied cette commission d'enquête? S'il craignait que M. Bellemare révèle les propos incriminants qu'il lui aurait tenus, pourquoi le premier ministre a-t-il de sa propre initiative levé son serment de confidentialité? Enfin, comment expliquer que M. Bellemare, à ce point dégoûté des manigances du monde politique qu'il a claqué la porte du gouvernement Charest, retrouve soudainement sa belle naïveté pour se lancer, moins d'un an plus tard, dans la course à la mairie de Québec?
Les prochains premiers ministres du Québec se souviendront des dégâts causés au gouvernement libéral par la commission Bastarache dès ses premières heures. Dans l'esprit des politiciens, les mots «commission d'enquête» rimeront désormais avec «suicide politique». Résultat: la tenue d'une enquête publique dans les cas où l'intérêt général l'exige, par exemple dans celui de l'industrie de la construction, deviendra de plus en plus improbable.
Bastarache, la fin
Tuons Bastarache pour sauver Charest. Évitons à Charest l'occasion de se parjurer, lui qui ne fait pas la différence entre vérité et mensonge. Évitons-lui la prison en l'écartant du jeu...
André Pratte878 articles
[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8a...
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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]
[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.
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