Avortement : L'aveu

Les valeurs de ce gouvernement le portent vers là. Sa situation l'oblige à agir par la porte d'en arrière, mais il ne trompe personne.

Droits et Démocratie - KAIROS - Développement et Paix


Les choses sont maintenant claires. Le gouvernement Harper refusera que la contribution canadienne au programme projeté du G8 pour la santé maternelle et infantile dans les pays du Sud serve à promouvoir l'avortement. La ministre de la Coopération internationale, Bev Oda, l'a confirmé lundi à ses homologues venus à Halifax discuter de ce programme qui devrait être mis en place lors du sommet du G8 cet été.
Cet aveu de la ministre Oda — c'est bien de cela qu'il s'agit, un aveu qui survient après plusieurs semaines de démentis et faux-fuyants — est troublant. On a le net sentiment que le gouvernement a cherché à tromper le public sur ses intentions réelles.
Les besoins en matière de santé maternelle et infantile sont immenses. Hier, UNICEF Canada et cinq autres ONG rappelaient que chaque année neuf millions de femmes dans le monde voient leurs enfants mourir de maladies évitables. C'est le premier ministre Harper qui, dès le mois de janvier, annonçait sa volonté de rallier ses homologues du G8 à la création d'un fonds spécial. Puis, lui et ses ministres devaient peu à peu instiller l'idée d'exclure de ce programme toute forme de soutien à l'avortement.
Les pays partenaires du Canada ont joué de diplomatie à Halifax pour éviter que ces considérations idéologiques ne fassent dérailler ce projet. Ainsi, on ne retrouverait pas le mot «avortement» dans la définition de la planification familiale qui constituera une large part du programme projeté. Chaque pays pourra ainsi qualifier sa participation.
De jouer sur les mots comme l'ont fait les ministres conservateurs ne peut que créer la méfiance. L'inquiétude des ONG est grande. Sur le terrain, ce sont elles qui sont confrontées aux besoins. Il arrivera que l'avortement sera le seul recours possible pour assurer la santé des femmes sous leurs soins. Quels seront les exigences et les contrôles que le gouvernement canadien leur imposera dans l'octroi de fonds? On est dans le flou le plus total, la ministre Oda donnant encore une fois des indications contradictoires. Elle assure que les exigences du gouvernement à l'égard de l'avortement ne s'appliquent qu'au programme en voie de préparation. Mais elle ajoute que de toute façon, les programmes financés par l'ACDI ne soutenaient pas la pratique d'avortements. Il n'y aurait donc pas de changements de politiques. Pourtant, une ONG financée par l'ACDI qui fournissait un service d'avortement est en attente de son financement depuis déjà quatre mois. Pourquoi?
Le Bloc québécois dit craindre que si le gouvernement Harper refuse de financer les avortements à l'étranger, il veuille le faire aussi au Canada un jour. Tant qu'il est minoritaire, et c'est pour ça que les Canadiens ne veulent pas lui donner une majorité, il n'y a pas de réel danger à cet égard. Mais, ne nous surprenons pas si dans quelques semaines ou quelques mois, la ministre Oda annonce le retrait de tout financement aux organismes oeuvrant à l'étranger qui font la promotion de l'avortement. Les valeurs de ce gouvernement le portent vers là. Sa situation l'oblige à agir par la porte d'en arrière, mais il ne trompe personne.


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