Avis de décès: le rêve de Pierre Trudeau

Canada bilingue - misères d'une illusion


75% - Proportion de Canadiens hors-Québec qui jugent qu’il n’est “pas important” de parler personnellement l’autre langue officielle, donc le français.
Le quotidien La Presse annonce ce matin, en filigrane, (mais nous sommes là pour surligner en rouge), le décès du rêve trudeauiste d’un pays bilingue. Pendant les années 70, les Canadiens de la “génération Trudeau” trouvaient important que leurs enfants parlent les deux langues officielles. Ensuite, l’appui de principe à l’idée du bilinguisme a continué à surnager.
Mais la question posée par Angus Reid pour La Presse prend la véritable température de l’eau, en demandant aux Québécois et aux Canadiens s’il est important “pour vous personnellement” de parler à la fois le français et l’anglais.
Le chiffre qui tue est celui ci: des 75% des Canadiens hors Québec qui jugent qu’il n’est “pas important” de parler l’autre langue officielle, 41% décrètent que ce n’est “pas important du tout”. (Mes calculs pour isoler les résultats du ROC.)
Le contrepoint se trouve évidemment au Québec, ou seulement 15% trouvent “pas important” de parler les deux langues du Canada — et seulement 5 % “pas important du tout”. 84% estiment, au contraire, qu’il faut maîtriser les deux langues. (Ce qui est très dur pour notre réputation de nombrilistes repliés sur soi.)
Le décès du rêve trudeauiste est particulièrement observable dans l’ouest: 75% en Colombie-Britannique, autour de 90% en Alberta et dans les Prairies. Dans le coeur du pays, l’Ontario, c’est encore 69% et 67% dans les Maritimes.
La mort du rêve trudeauiste laisse dans le deuil une grande partie de la famille fédéraliste québécoise et les membres bilingues restants du Parti libéral du Canada. Toutes nos condoléances à la famille Trudeau et aux proches du rêve trudeauiste. Les dons doivent être acheminés à la Fondation Trudeau qui, au vu de ces résultats, en aura bien besoin.

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Jean-François Lisée296 articles

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Ministre des relations internationales, de la francophonie et du commerce extérieur.

Il fut pendant 5 ans conseiller des premiers ministres québécois Jacques Parizeau et Lucien Bouchard et un des architectes de la stratégie référendaire qui mena le Québec à moins de 1% de la souveraineté en 1995. Il a écrit plusieurs livres sur la politique québécoise, dont Le Tricheur, sur Robert Bourassa et Dans l’œil de l’aigle, sur la politique américaine face au mouvement indépendantiste, qui lui valut la plus haute distinction littéraire canadienne. En 2000, il publiait Sortie de secours – comment échapper au déclin du Québec qui provoqua un important débat sur la situation et l’avenir politique du Québec. Pendant près de 20 ans il fut journaliste, correspondant à Paris et à Washington pour des médias québécois et français.





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