Aux urnes le 17 décembre ?

Chronique de Patrice Boileau

Le dépôt d’une motion de blâme hier, à l’Assemblée nationale, par le chef de l’opposition officielle, pourrait faire tomber le gouvernement libéral et déclencher une élection générale huit mois après celle qui lui a donné un second mandat.
Mario Dumont veut visiblement freiner la baisse de popularité dont son parti est l’objet, selon le dernier sondage de la firme Crop. L’enquête révélait en effet que l’Action démocratique occupait dorénavant la troisième place dans les intentions de vote.
Le chef adéquiste pense avoir trouvé une bonne raison de retirer la confiance à l’administration Charest, elle qui refuse d’admettre que le piètre taux de participation cette fin de semaine aux élections scolaires constitue un motif valable pour abolir les commissions scolaires qui régissent les écoles primaires et secondaires du Québec.
La motion de censure devrait être inscrite au feuilleton et débattue le 13 novembre prochain. Le vote pourrait cependant n’avoir lieu que le 14. Le député de la circonscription de Rivière-du-Loup doit néanmoins compter sur l’appui du Parti québécois pour espérer occuper le siège de premier ministre.
Il n’est pas certain que les troupes de Pauline Marois, en proie à de sérieuses difficultés financières, appuient la démarche adéquiste. Le second parti d’opposition s’oppose à l’abolition des commissions scolaires, au contraire de l’ADQ. Comme il est impossible de savoir clairement par quoi les adéquistes les remplaceraient, le Parti québécois peut difficilement se faire complice de la manigance de Mario Dumont.
La formation souverainiste peut néanmoins troquer son appui en retour d’un débat sur son projet de loi sur la citoyenneté québécoise. Chose certaine, s’il participe à la chute du gouvernement minoritaire de Jean Charest, le PQ pourra en faire son principal cheval de bataille durant la campagne électorale. Il devra surtout interpeller les Québécois afin de savoir ce qu’ils veulent comme mesure pour mieux réussir à intégrer les nouveaux arrivants, dans la foulée de la commission Bouchard-Taylor. Mario Dumont n’aura alors d’autres choix que de clarifier la position de son parti dans ce dossier.
Si le gouvernement Charest doit réellement tomber, c’est parce qu’il a démontré sa grande incompétence dans le dossier du déséquilibre fiscal. Comme le relatait l’éditorialiste [Jean-Robert Sansfaçon dans l’édition du Devoir du 1er novembre dernier->10008], le PLQ a raté deux occasions d’occuper l’espace fiscal laissé vacant par le gouvernement canadien. Québec aurait pu effectivement rapatrier les deux points que le gouvernement conservateur a retranchés à la TPS, depuis son élection en 2006. Les contribuables québécois n’y auraient vu aucune différence. Québec de son côté aurait ajouté 2.2 milliards de dollars annuellement à son budget. Ce qui n’est pas rien.
L’ennui, c’est que le Parti libéral de Jean Charest s’est totalement discrédité l’année dernière en allégeant le fardeau fiscal des Québécois de 700 millions de dollars, somme qu’il a détournée de « l’entente financière » conclue avec Ottawa. Ce geste lui a fait perdre tout rapport de force face l’État canadien, car il montre que le combat des dernières années afin de récupérer les sommes qu’Ottawa lui confisque depuis 1995 ne visait pas finalement à mieux financer certains services comme la santé et l’éducation. Le gouvernement du Québec devait injecter la totalité de l’argent obtenu de l’État fédéral là où il y avait des besoins criants. Ainsi, il aurait pu poursuivre son combat fiscal amorcé il y a plus de dix ans, tout en augmentant la TVQ de 2% pour mieux financer ses activités. Pour des raisons bassement électoralistes, le PLQ a ruiné des années de lutte tout en précarisant davantage les finances publiques québécoises. Un désastre.
Il ne fait aucun doute que ceux qui dirigent le Québec présentement sont indignes de cette fonction. L’idée de les voir encore en place au moment de célébrer le 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec fait frémir. Comment confier en effet à des complexés le soin d’accueillir des dignitaires de tous horizons, lors d’un événement historique où la fibre nationaliste québécoise sera à l’honneur?
Le chef de l’Action démocratique, Mario Dumont, ne veut pas renverser le gouvernement Charest pour cette raison. Le dirigeant adéquiste n’a que faire de ces rendez-vous avec l’histoire! Purement opportunistes sont les actions qu'il pose, dont la dernière en lice. Il est à souhaiter que les résultats des prochains sondages s’inspirent du dernier. Cela démontrera que les Québécois refusent de donner le pouvoir à des gens qui n’ont pas l’intention de faire d’eux une véritable nation capable de s’affirmer, sans le quémander.
Patrice Boileau




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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    7 novembre 2007

    Votre raisonnement est bon sauf que vous avez de la difficulté à vous retenir quand il s'agit de l'ADQ. Exemple : le Parti québécois peut difficilement se faire complice de la manigance de Mario Dumont. Et, ensuite, vous suggérer une entente entre Pauline Marois et Mario Dumont. Quand on veut s,entendre, on doit commencer par se respecter. On peut critiquer l'adversaire tout en le respectant. "Une manigance et une manoeuvre secrète qui a pour but de tromper".
    Pour le reste, vous avez raison ; Faudrait que le PQ et l'ADQ collaborent pour présenter, en même temps, des projets pour une constitution et une citoyenneté du Québec plus l'abolition des commissions scolaires. Comme ces 2 partis sont majoritaires, soit que ça passe ou qu'on ait des élections.