« Après la 6e journée, c’est devenu difficile de respirer… »

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Récit d'un infecté par le Covid-19


Isabelle (prénom fictif) décrit son conjoint comme un homme au début de la cinquantaine, en assez bonne santé. Ce dernier est revenu d’un voyage à l’étranger le 1er mars dernier. Une région où, à cette date, aucune infection par le coronavirus n’avait encore été recensée.




Après son retour, il a toutefois commencé à se sentir malade, souffrant de symptômes s’apparentant à ceux de la grippe. On a appelé le 811 à quelques reprises au cours de la semaine. Comme à ce moment-là le protocole n’identifiait pas la région [d’où il revenait] comme étant à risque, on a éliminé la possibilité que ce soit le COVID-19.


On lui a dit de se reposer, de boire beaucoup d’eau, de ne pas se déshydrater, et de contrôler la fièvre, ce qui était quand même relativement possible. Mais après la sixième journée, c’est devenu difficile de respirer.


Inquiète, Isabelle a pris un rendez-vous dans une clinique. Dès l’arrivée du patient, le personnel a décidé de mesurer le taux d’oxygène dans son sang. Ils ont tout de suite décidé de l’envoyer en ambulance à l’urgence.


L'homme a alors été mis en isolement, le temps de déterminer s’il souffrait d’influenza. Quand les résultats sont revenus négatifs, ils l’ont brièvement sorti de l’isolement parce qu’ils pensaient qu’ils avaient éliminé les risques de contagion possible, explique Isabelle.


L’état de l’homme s’est toutefois rapidement dégradé au cours de sa première nuit à l’hôpital. Il a dû être transféré à l’unité de soins intensifs, afin de recevoir l’important apport en oxygène dont il avait besoin.


Devant la situation, les médecins ont décidé de procéder au test pour dépister la COVID-19. À ce moment, on m’a dit que c’était pour éliminer définitivement cette possibilité, raconte Isabelle. Personne ne pensait qu’il était infecté par le coronavirus parce que le protocole ne mettait pas en garde contre la région d'où il arrivait.


Puis, le résultat est revenu positif.



J’ai senti que le médecin qui m’appelait était en état de choc autant que moi. Personne ne s’attendait à ça.


Isabelle


Pour le moment, son état est stable. Il est endormi, pour tolérer. Je ne suis pas médecin, mais de ce que je comprends, l’apport en oxygène dont il a besoin, c’est quand même désagréable, parce que c’est assez puissant, donc il faut que la personne soit maintenue inconsciente.



Aussi, s’il est un peu réveillé, ses signes vitaux se dégradent rapidement. Alors, quand il dort, c’est plus stable, explique Isabelle, précisant au passage que, selon les médecins, c’est la bonne forme de son conjoint qui lui permet actuellement de maintenir lui-même une pression artérielle et un pouls normaux.


Seulement ses poumons sont affectés, ses autres organes fonctionnent bien, souligne-t-elle.


Les prochains jours demeurent toutefois très incertains.



Les médecins ne posent pas d’hypothèses. Ils apprennent. Je sais qu’ils sont constamment en train de lire des choses qui ont été écrites en Chine, de parler avec des médecins de l’Italie et d’autres pays. Ils essaient tout, dans la mesure où ça ne peut pas nuire, ils essaient tout ce qu’ils peuvent.


Isabelle


On le sait, il n’y a pas de médicaments, dit-elle. Il faut que son système immunitaire trouve la voie de sortie.


Isabelle est en isolement à la maison de manière préventive, avec ses enfants, depuis déjà une semaine. Son fils a contracté lui aussi la maladie. Son état est pour l’instant bénin. Il ne présente pas de difficulté respiratoire. C’est surtout là-dessus qu’il faut se concentrer. Au moindre signe, il faut appeler le 911.



Il est beaucoup plus jeune, dit Isabelle.


Mais son conjoint, précise-t-elle, c’est quelqu’un qui, autrement, est en bonne santé, au début de la cinquantaine, ce n’est pas quelqu’un qui a le profil dont on imagine qu’il y aura des complications de cette nature.


La femme espère que son témoignage permettra à la population de prendre conscience que la pandémie de coronavirus est bien réelle. Pour les gens qui ne sont pas encore convaincus, c’est un bon exemple qui démontre pourquoi il faut écouter les directives du gouvernement et de la santé publique, espère-t-elle.



Si ça peut convaincre quelques personnes qu’on n’est pas à l’abri, même si on n’a pas 70 ans et qu’on est en santé, ça aura valu la peine de témoigner.


Isabelle


C’est tout à fait justifié, les fermetures qui ont été décidées, ajoute-t-elle, en référence aux actions prises par le gouvernement québécois pour limiter la propagation. Je pense qu’on a une conscience collective, peut-être plus développée que la moyenne des pays, et on est peut-être en train de montrer qu’on va sauver des vies avec ça.


Au Québec, on dénombre 1000 lits en soins intensifs. Le gouvernement affirme qu’il a la capacité de libérer jusqu'à 10 000 lits supplémentaires pour des patients atteints de la COVID-19, si nécessaire. De plus, on compte environ 3000 respirateurs artificiels au total.


Mardi, la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, s’est faite rassurante en conférence de presse, affirmant qu’on est capable de donner les soins à notre population… à condition qu’elle fasse le maximum au niveau de la distanciation sociale afin d’aplatir la fameuse courbe et d'éviter de surcharger le système de santé au-delà de sa limite.


Avec les informations de Davide Gentile


GIF montrant des conseils pour prévenir la propagation du coronavirus.Agrandir l’image (Nouvelle fenêtre)

Des conseils pour réduire les risques de propagation de la COVID-19.


Photo : Radio-Canada






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