L’ANNÉE POLITIQUE

Après l’austérité, la parcimonie

Le gouvernement Couillard mènera ses réformes tout en réinvestissant parcimonieusement

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C'est compter sans les effets de la crise imminente

L’équilibre budgétaire, et même un premier surplus, est bel et bien en vue. Les ententes avec les employés de l’État éloignent la menace d’une fronde populaire que les syndicats auraient pu alimenter. En 2016, le gouvernement Couillard amorce la deuxième étape de son plan avec une baisse d’impôt à la clef. Mais il lui faut aussi réparer les pots cassés par l’austérité avec des réinvestissements que l’on voudra précis, chirurgicaux.

En cette fin d’année, le mélange des négociations dans le secteur public et de la grogne des parents aux prises avec les compressions, niées autant comme autant par le premier ministre et ses ministres, mais pourtant bien réelles, aurait pu produire un cocktail explosif. Les conséquences de l’austérité, ou de la rigueur, pour employer le mot que préfère le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, ont bel et bien nourri l’insatisfaction envers le gouvernement. Mais si le vent a soufflé avec une certaine force, le bâtiment n’a pas subi d’avarie.

« Le grand bouleversement syndical, la grande mobilisation populaire contre les mesures du gouvernement n’ont jamais vraiment eu lieu », constate-t-on dans l’entourage du premier ministre. L’électorat est de plus en plus convaincu d’une chose : qu’au moins, le gouvernement libéral sait tenir les cordons de la bourse et qu’il est capable d’instaurer cette « nouvelle culture d’État » qui veut que le gouvernement dépense moins que ce qu’il encaisse comme revenus, avance-t-on. « Il n’y a personne dans la province de Québec qui va dire que les libéraux avec Coiteux sont dépensiers. » Évidemment, les 400 millions supplémentaires versés aux médecins ont quelque peu brouillé ce message, a-t-on cependant convenu.

L’entente avec les employés syndiqués de l’État est sans doute plus généreuse que ce qu’envisageait Martin Coiteux ; Jean-Louis Dufresne, le chef de cabinet du premier ministre, a pesé lourd dans les discussions ces dernières semaines. Philippe Couillard voulait une entente, pas une loi spéciale. C’est ce qu’il a obtenu. « Politiquement, la victoire est incontestable », résume-t-on.

Cette entente, même si elle permet aux chefs syndicaux de sauver la face, demeure bien en deçà de l’augmentation des revenus de l’État. Une part est versée sous forme de forfait et n’est donc pas intégrée aux échelles, une autre — la relativité salariale —, est déboursée en 2019, à la dernière année des conventions. En 2016, par exemple, les employés de l’État obtiennent une augmentation de 1,5 % alors que les revenus de l’État grimperont de 4 %, selon la dernière mise à jour économique et financière.

Un surplus

Tout indique que le gouvernement Couillard signera un surplus à la fin de l’exercice 2015-2016 : le déficit de l’année dernière, prévu à 2,35 milliards, a été ramené à 1,1 milliard. Pour atteindre l’équilibre budgétaire cette année, la barre est désormais moins haute. Après six mois d’ailleurs, le surplus est de 1,7 milliard (2,35 milliards avant le versement au Fonds des générations) malgré une croissance économique poussive. En cette année de négociations, les bonzes du ministère des Finances se sont sans doute évertués à présenter des chiffres « conservateurs ». L’an dernier, le vérificateur général avait d’ailleurs mis au jour des « marges de prudence » qui n’apparaissent nulle part ; il y en avait pour 2,3 milliards.

Le dernier budget Leitão prévoit l’abolition d’une partie de la taxe santé en janvier 2017, mais son élimination complète n’est programmée qu’en 2019. Or en campagne électorale, les libéraux ont promis sa suppression durant le premier mandat du gouvernement Couillard. Si les surplus sont au rendez-vous, la tentation sera grande d’aller plus vite.

Or le premier ministre ne souhaite pas que les baisses d’impôt soient perçues comme étant motivées par une idéologie, ou encore comme un appât électoral. « Il faut être capable de faire la démonstration qu’on n’abandonne pas les grandes missions de l’État pour une baisse d’impôt », soutient-on. Le déficit zéro ou les surplus ne sont pas une fin en soi, mais un moyen de faire des choix, répète le premier ministre.
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