Dans le combat qu’il mène pour obtenir le retrait de la « motion scélérate » qui l’a accablé le 14 décembre 2000, Yves Michaud s’accroche à la possibilité de porter sa cause devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies.
« Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer », a affirmé au Devoir Yves Michaud, qui citait Guillaume le Taciturne.
C’est Solidarité Yves Michaud, un organisme à but non lucratif créé en 2001, qui se chargera de la procédure pour contrer la condamnation unanime de l’Assemblée nationale, condamnation dont c’est le 15e anniversaire jour pour jour pour ce lundi. Au début de décembre, une trentaine de membres de l’organisme et de sympathisants se sont réunis dans les locaux de la Saint-Jean-Baptiste de Montréal pour appuyer cette nouvelle démarche.
« Ça pourrait être très long. C’est possible que M. Michaud ne soit plus de ce monde [quand elle aboutira], mais ce n’est pas grave ça », a signalé François Gauthier, le président de Solidarité Yves Michaud.
Changer le règlement
Alors qu’il était le président de Québecor, Pierre Karl Péladeau, avait dénoncé l’injustice qu’avait subie, selon lui, Yves Michaud. Dans la préface qu’il a signée du livre de Jacques Lanctôt, intitulé Yves Michaud Un diable d’homme ! et publié en 2013 chez vlb éditeur, Pierre Karl Péladeau écrivait : « Dans toute sa vie politique, il y a des blessures, et la plus douloureuse qu’a reçue Yves Michaud lui a été infligée par la plus haute institution démocratique de son pays. La motion de blâme votée contre lui par l’Assemblée nationale, au mépris des règles élémentaires de la justice, l’a meurtri dans son honneur, et il n’aura pas de repos tant que l’on n’aura pas pleinement restauré son intégrité. Ceux qui connaissent sa ténacité ne douteront pas qu’il arrivera à ses fins. »
Aujourd’hui, Pierre Karl Péladeau juge qu’il faut apporter une modification aux règlements de l’Assemblée nationale « afin que toutes les motions ad hominem soient purement et simplement dorénavant irrecevables », a-t-il indiqué au Devoir dimanche. En 2010, Pauline Marois avait adopté pareille position.
Solidarité Yves Michaud souhaite que le chef de l’opposition officielle se charge de présenter une pétition en faveur de l’ancien député, journaliste et diplomate, suivie d’une motion sans préavis qui lui offrirait des excuses. Pierre Karl Péladeau n’a pris aucune décision à ce sujet, a-t-on confirmé à son cabinet.
Afin d’invalider la motion de blâme de l’Assemblée nationale, Yves Michaud s’est adressé à la Cour supérieure qui l’a débouté en 2005 ; elle avait conclu que les parlementaires avaient le droit de condamner quiconque pour ses idées, bonnes ou mauvaises. Dans un jugement de 2006, la Cour d’appel avait été du même avis. La Cour suprême a refusé par la suite d’entendre la cause.
Banaliser l’Holocauste
Il y a 15 ans, l’Assemblée nationale, sous l’impulsion du premier ministre Lucien Bouchard, avait adopté une motion dénonçant « sans nuances, de façon claire et unanime les propos inacceptables » tenus par Yves Michaud à l’endroit de la communauté juive à l’occasion des audiences des États généraux sur le français à Montréal.
Or les propos qui avaient soulevé l’ire de Lucien Bouchard n’avaient pas été proférés lors de ces audiences : on accusait Yves Michaud d’avoir banalisé l’Holocauste. C’est sur les ondes de la radio qu’il avait prononcé les paroles qui lui ont valu l’opprobre : il soutenait en substance que le peuple juif n’était pas le seul à avoir souffert, que les Arméniens, les Palestiniens et les Rwandais avaient également souffert. Yves Michaud, qui avait nié avoir banalisé l’Holocauste ou tenu des propos antisémites, n’a jamais pu se défendre devant les parlementaires.
> Lire l'article sur Le Devoir
L’ONU, dernier espoir d’Yves Michaud
Quinze ans après l’adoption de la «motion scélérate», l’ex-député vise désormais le Conseil des droits de l’homme
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé