Anglicisation des allophones : McCann mise sur le test de français

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Pitoyable : le front commun CAQ-PLQS contre l’imposition de la loi 101 aux cégeps


L’épreuve uniforme de français qui sera imposée après la réforme de la loi 101 permettra d’éviter que les cégeps anglophones ne soient des lieux d’anglicisation des allophones, selon la ministre Danielle McCann.


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Dans plusieurs cégeps de langue anglaise, la majorité des étudiants n’ont ni le français ni l’anglais comme langue maternelle, révélait notre Bureau parlementaire mercredi. Cette situation fait dire à un démographe que ceux-ci sont devenus des lieux d’anglicisation des nouveaux arrivants.  


«Quand on dit que les allophones vont devoir passer l’épreuve uniforme de français, ce n’est pas mince. Il faut avoir une très bonne connaissance du français pour la passer», a commenté la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann.  


Son gouvernement étudie présentement une réforme de la loi 101, qui prévoit de contingenter le nombre d’inscriptions dans les cégeps anglophones, en plus d’imposer un test de français à tous les étudiants, sauf ceux admissibles à l’école primaire et secondaire en anglais.   





«Et on va s’assurer, en leur donnant les cours nécessaires dans les cégeps anglophones, que les allophones maintiennent et même bonifient leur français. Il faut se rappeler qu’ils vont au primaire et au secondaire en français», ajoute la ministre McCann.  


Québec pourrait-il aller jusqu’à imposer la loi 101 aux cégeps, comme le réclament certains députés caquistes? «Écoutez, on n’est pas rendus là du tout», dit Mme McCann.  


Débats sur la loi 101


Au Parti québécois, on s’inquiète de voir les allophones se rendre «massivement» dans des collèges anglophones, une fois leur parcours primaire et secondaire terminé. 


Son porte-parole en matière de langue française, Pascal Bérubé, a rappelé que son parti réclamait l’imposition de la loi 101 au niveau collégial anglais, afin d’en limiter la fréquentation à la minorité historique anglophone. Le libre choix, dit-il, fait en sorte que l’État finance présentement l’anglicisation des allophones. 


À l’opposé, le Parti libéral du Québec est contre l’application de la loi 101 aux cégeps. «On estime qu'arrivés à un âge adulte les gens ont le droit de choisir où ils vont étudier», estime sa cheffe, Dominique Anglade.  


Même son de cloche du côté de Québec solidaire. «Est-ce que la solution, c'est [...] d'interdire aux francophones de fréquenter les cégeps en anglais? Je pense que ce n'est pas la solution, dit son chef parlementaire, Gabriel Nadeau-Dubois. La solution, c'est bien davantage de rendre les cégeps francophones plus attractifs, de bonifier énormément leur financement pour lutter contre ce phénomène-là.» 


«Un raccourci», selon un DG


Pour le directeur général du Collège Marianopolis, il est faux d’affirmer que les cégeps anglophones participent à l’anglicisation des allophones. «C’est dur pour nous d’accepter ce concept-là d’anglicisation, que les étudiants en deux ans vont perdre le français qu’ils avaient à l’entrée, dit Christian Corno. Pour nous, ça demeure toujours un raccourci. Il n’y a pas d’études crédibles qui ont démontré ça.» 


Celui qui est également président de l'Association des collèges privés du Québec souligne que la moitié des allophones qui fréquentent son collège viennent du réseau public francophone. «Ici, environ la moitié des étudiants allophones sont placés dans le plus haut niveau de français. Ils prennent les mêmes cours, ces allophones-là, que les francophones de souche», explique-t-il.  


M. Corno refuse toutefois de se prononcer sur l’idée du gouvernement caquiste d’imposer une épreuve uniforme de français aux étudiants qui sortent de son collège. Tout dépendra du contenu de ces examens et des cours qui seront offerts pour s’y préparer, explique-t-il.