Cultiver la fierté de notre langue auprès des jeunes

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La grammaire et la syntaxe sont « indispensables à la formation d’un jugement critique articulé »


Photo : Stevens LeBlanc/Le Journal de Québec


Comme je me plais à le répéter toutes les fois où j’en ai l’occasion, j’ai eu l’extrême privilège, au cours de ma carrière, d’exercer le plus beau métier du monde, à savoir l’enseignement du français qui m’a ouvert les portes toutes grandes sur la transmission de la fierté de notre langue à mes élèves.


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EXPÉRIENCES PÉDAGOGIQUES ENRICHISSANTES


D’entrée de jeu, assez tôt au début de l’année scolaire, j’amenais mes élèves dans une incursion dans une petite histoire du franco-québécois dans le but de leur faire réaliser toutes les embûches que notre langue a dû surmonter avant de devenir ce qu’elle est aujourd’hui, une langue fière et belle. Mon objectif était simple: on ne défend bien que ce que l’on connaît bien. 








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Sporadiquement, il m’arrivait aussi de prendre une période de cours pour leur faire entendre des chansons d’auteurs québécois. À cet effet, je demeurais toujours bouche bée d’entendre plusieurs de mes élèves fredonner les paroles de la chanson Le p’tit bonheur de Félix Leclerc, comme quoi la culture québécoise était bien vivante dans certains foyers québécois. 


Durant l’année scolaire, mes élèves devaient lire quatre romans, dont au moins un écrit par un auteur québécois. Curieusement, le choix des élèves ne s’arrêtait pas sur des auteurs modernes, mais plutôt sur des auteurs de la première heure de la littérature québécoise, notamment Roger Lemelin, Germaine Guèvremont ou Anne Hébert. 


AUTRES TEMPS, AUTRES MŒURS


Aujourd’hui, j’ai pris ma retraite depuis quelque 20 ans, et je ne crois pas que je pourrais faire les mêmes expériences pédagogiques avec des élèves du 21e siècle. Les temps ont changé. Les téléphones intelligents et les réseaux sociaux sont devenus les canaux de communication courants, au grand dam de la communication orale. 


Le français est devenu un cafouillage incompréhensible pour le profane que je suis. La lecture et l’écriture, qui étaient de mon temps mon cheval de bataille, sont pratiquement disparus des outils pédagogiques d’un bon nombre d’enseignants. 


La grammaire et la syntaxe, si indispensables à la formation d’un jugement critique articulé, ont perdu leurs lettres de noblesse au profit d’un code «linguistique» désarticulé. 


INSTAURER UN COURS D’HISTOIRE DU FRANCO-QUÉBÉCOIS AU SECONDAIRE


Toutefois, la fierté de notre langue constitue, à mon sens, le moteur indispensable pour en assurer sa défense et sa promotion, et c’est auprès des jeunes, en amont, que doit prendre racine cette fierté nationale. Dans cette foulée, il est impératif que tous les enseignants, quelle que soit la matière qu’ils enseignent, insistent auprès des jeunes sur l’importance primordiale de bien parler et de bien écrire leur langue maternelle. 


En terminant, je propose que le cursus des cours de français en troisième secondaire intègre quelques cours d’histoire du franco-québécois dans le but de faire connaître aux élèves le parcours tortueux que notre langue a dû sillonner au cours des siècles et, de la sorte, leur inculquer un sentiment de fierté envers leur langue maternelle. C’est une question de responsabilité nationale.


Henri Marineau

ex-enseignant de français au secondaire



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Henri Marineau2093 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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