Andrew Scheer reconnaît être «pro-vie»

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Tempête dans un verre d'eau : comme Harper, Scheer bloquera tout projet de loi restreignant l'avortement


Après avoir refusé à de multiples reprises de préciser s’il était personnellement opposé à l’avortement — notamment durant le débat présenté à TVA mercredi —, Andrew Scheer a fini par dire explicitement jeudi matin qu’il était pro-vie.


« J’ai toujours été très clair sur cette question : je suis personnellement pro-vie, j’ai toujours répondu aux questions » à ce sujet, a soutenu le chef conservateur lors d’un arrêt au Nouveau-Brunswick.


M. Scheer a réitéré que, peu importe sa position personnelle sur cet enjeu, l’important est qu’il prend « l’engagement, comme premier ministre, de ne pas rouvrir ce débat ». « Je vais voter contre n’importe qui voudrait rouvrir le débat. »


Dans les faits, Andrew Scheer évite depuis le début de la campagne électorale de répondre directement à la question de savoir s’il est contre l’avortement. Le dossier l’a poussé dans les câbles lors du « Face-à-face » des chefs de mercredi, ses trois adversaires martelant qu’il était en porte-à-faux avec les Québécois sur ce point.


« Tu te caches à chaque réponse », lui a notamment lancé Justin Trudeau lors du débat. Le chef libéral lui avait demandé si, « en tant que chef, en tant que leader, en tant que père, en tant que mari, [il croyait] que les femmes ont le droit de choisir ».


En point de presse après le débat, Andrew Scheer avait là aussi refuser de préciser s’il était personnellement contre l’avortement. « Comme une grande majorité des Québécois, je suis catholique », a-t-il répondu aux nombreuses questions sur ce sujet.


Trudeau revient à la charge


Peu de temps avant la déclaration d’Andrew Scheer, Justin Trudeau avait profité d’un point de presse à Montréal pour mettre en lumière le flou artistique entretenu par le chef conservateur.


« Le débat qu’on est en train d’avoir [sur l’avortement], c’est parce qu’on a un chef qui refuse de répondre à une question simple : est-ce qu’il croit que les femmes ont le droit de choisir, oui ou non ? Cette idée de s’en remettre à la loi, comme il le fait, quand un gouvernement a le pouvoir de changer les lois, est tout simplement irresponsable. [...] Je pense que les femmes peuvent voir qu’Andrew Scheer ne sera pas là pour défendre leurs droits. »


Cela dit, Justin Trudeau n’entend pas encadrer plus précisément le droit à l’avortement — qui tient pour l’essentiel dans la décision de la Cour suprême en 1988 de déclarer inconstitutionnel un article du Code criminel qui criminalisait l’avortement. « On a un cadre criminel que la Cour suprême a clarifié [au fil des ans], a-t-il dit. On va toujours s’assurer qu’on défende le droit des femmes et le droit de choisir, et qu’on améliore l’accès aux services partout au pays. »


M. Trudeau reconnaît que « l’accès peut être inégal » d’une province à l’autre, et selon lui « particulièrement dans les provinces où les gouvernements sont plus conservateurs ».


Lors d’un point de presse à Toronto, Jagmeet Singh a remarqué qu’Andrew Scheer « a eu la chance de dire [qu’il était pro-vie], mais il ne l’a pas dit. Il le dit maintenant après les débats, après une question tellement directe, et ça montre qu’il manque de courage », estime le chef néodémocrate.


Environnement


Le chef libéral a par ailleurs dû défendre jeudi la décision des libéraux d’utiliser deux avions pour faire campagne à travers le Canada. Les libéraux ont fait la même chose en 2015, mais Andrew Scheer a profité du débat de mercredi pour demander à Justin Trudeau de justifier cette décision en apparence polluante. « Vous avez deux avions, un pour vos habits et un pour vos canots », a-t-il raillé.


« On a deux avions de campagne qui nous permettent de faire campagne dans tous les coins du pays, de faire plus d’événements, de rencontrer plus de Canadiens que n’importe quel autre parti politique », a dit M. Trudeau, sans toutefois expliquer en quoi un seul avion ne pourrait pas lui permettre d’aller partout au Canada — les deux avions se suivent.


« On a acheté des crédits carbone pour tout notre transport, ce que M. Scheer n’a pas fait parce qu’il ne croit pas qu’on doit lutter contre les changements climatiques, a-t-il soutenu. C’est ce que font les conservateurs, les gens de droite [en anglais, il a parlé de “l’extrême droite”], qui nient existence des changements climatiques : quand ils se sentent menacés, ils essaient de détourner la conversation. »


Le chef conservateur a déclaré qu’il « n’admet pas l’argument voulant qu’acheter des crédits donne la permission de brûler plus d’essence ». « Nous avons un seul avion qui utilise moins d’essence que l’avion principal de Justin Trudeau », a-t-il soutenu, sans toutefois répondre directement à la question qui lui demandait pourquoi les conservateurs n’achètent pas de crédits compensatoires.




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