André Boisclair s’accroche

PQ - leadership en jeu - la tourmente


Tommy Chouinard - À ceux qui contestent son leadership, André Boisclair répond qu’il entend réformer le programme du Parti québécois avant de se soumettre à un vote de confiance. Des députés refusent toutefois d’appuyer ouvertement leur chef.
«La question du leadership, en ce moment, elle est prématurée», a lancé André Boisclair à la suite de la cérémonie de prestation de serment des 36 députés du PQ à l’Assemblée nationale, hier.
Le chef péquiste entend «redresser la situation» au PQ, apporter d’importants changements aux orientations du parti et concevoir un «nouveau programme». Il balance déjà par-dessus bord l’idée de tenir un référendum le plus tôt possible dans le prochain mandat, un engagement contenu dans l’actuel programme du PQ.
«Les gens auront l’occasion de juger la qualité de mon leadership, non seulement en regardant ce qui s’est passé pendant la campagne, mais surtout en regardant ce qui va se passer dans les prochaines semaines, dans les prochains mois. Il y aura une proposition qui sera jugée par les membres du parti à l’occasion d’un congrès. C’est à travers cette proposition-là que les gens verront s’ils m’accordent encore leur confiance», a-t-il expliqué.
Même si des associations de circonscription souhaitent devancer la tenue du congrès, donc d’un vote de confiance, à l’automne 2007 ou au printemps 2008, André Boisclair envisage toujours un congrès en 2009 comme le prévoient les statuts du parti.
Le chef péquiste reconnaît qu’un «vrai conflit» l’oppose à des militants de son parti, en particulier dans la région de Québec, au sujet de son leadership. Mais il prévient que «ce n’est pas parce qu’on change d’entraîneur d’une équipe de hockey que, le lendemain, l’équipe va se mettre à mieux performer».
Les remises en question de son leadership au sein de la députation relèvent à ses yeux de la «science-fiction». Il dit être bien en selle. «Je me sens libre comme jamais» a-t-il lancé.
Les 36 députés du PQ ont prêté serment d’allégeance à la reine Élisabeth II et au peuple du Québec hier. Or, devant les journalistes, bien peu ont prononcé le même genre de serment à l’égard de leur chef.
Interrogés pour savoir s’ils appuient André Boisclair, plusieurs députés parmi les plus influents se sont enfermés dans le mutisme. «Je dis qu’il faut faire le débat dans les instances du parti», a martelé Louise Harel, refusant d’exprimer un appui à M. Boisclair.
«Je pense qu’on a des questions à se poser, et on va en discuter entre nous d’abord. Je réserve mes commentaires pour le caucus», a affirmé de son côté François Legault, nommé à nouveau hier critique en matière de finances. Une réunion du caucus a lieu aujourd’hui et demain.
Camil Bouchard, porte-parole du PQ dans le dossier de la famille, n’a pas voulu dire s’il souhaitait qu’André Boisclair mène les troupes péquistes à l’occasion des prochaines élections. L’ex-journaliste Bernard Drainville a exprimé un appui plutôt nuancé.
Pour la prochaine campagne électorale, «on verra, mais pourquoi pas… si André Boisclair a mené tout cet exercice-là (de réflexion) et qu’il l’a bien fait, pourquoi ce ne serait pas lui qui serait notre chef la prochaine fois. Mais on a beaucoup de travail à faire», a soutenu le nouveau député, un des 11 des 36 élus qui étaient assermentés pour la première fois.
Sur l’idée de devancer le congrès, Bernard Drainville estime que le caucus doit au préalable se prononcer sur la question. «J’aimerais y réfléchir. Je suis conscient que certains militants trouvent que c’est un peu trop tard.» Il est devenu porte-parole du PQ dans l’important dossier de la santé, un poste qui était occupé par Louise Harel.
Diane Lemieux, leader de son parti à l’Assemblée nationale et critique en matière d’éducation, souligne que la question du leadership pourrait être abordée lors de la réunion du caucus de deux jours.
André Boisclair «est là et je vais l’appuyer tant qu’il pourra travailler dans un contexte de sérénité. Il aurait pu sacrer son camp, serions-nous plus avancés? La réponse est non», a-t-elle lancé. La députée est irritée de voir que certains collègues députés ont fait un pointage des élus selon qu’ils appuient ou non André Boisclair.
Pour la présidente du caucus, Agnès Maltais, une des deux élus péquistes des 11 circonscriptions de Québec, la tenue rapide d’un congrès «ne permettrait pas d’avoir des débats sérieux». Deux nouveaux élus, Pascal Bérubé et Sylvain Gaudreault, ne remettent pas en question le leadership du chef.
L’ancien premier ministre Jacques Parizeau a assisté à la prestation de serment puisque sa conjointe, Lisette Lapointe, figure parmi les nouveaux élus du PQ. Il n’a pas voulu répondre aux questions des journalistes.
Avec Denis Lessard


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